LE LAMANTIN

Trichechus senegalensis (Link 1795)



Pour plus d'informations sur le LAMANTIN, prendre contact avec SANDRINE LOUIS, Laboratoire de Socioécologie et Conservation, IASBSE, UCBL



Synonymes :
Phoca manatus Brisson 1762 ; Manati trichechus Boddaert 1784 ; Trichechus manatus australis Gmelin 1788 ; Manatus australis Retzius 1794 ; Trichechus aequatorialis Lacépède 1799 ; Trichechus australis Shaw 1800 ; Manatus stroggylonurus Bechstein 1800 ; Trichechus senegalensis Daudin 1802 ; Manatus sphaerurus Illiger 1815 ; Trichechus, Manatus, africanus Oken 1817 ; Manatus senegalensis Desmaret 1817 ; Manatus atlanticus Oken 1838 ; Manatus nasutus Wyman 1848 ; Manatus vogelii Owen 1856 ; Manatus oweni Du Chaillu 1861.

Noms usuels :
Fr. : Lamantin - An. : Manatee ou Mermaids - Cameroun : Maiga ou Maga - Gabon : Manga - Niger : Manti, Mani ou Mande - Port. : Pesce-muller (poisson-femme) - All. : Afrikanischer Manati



Description :
Le lamantin d'Afrique appartient à l'ordre des Siréniens. Phylogénétiquement, les lamantins sont les parents des éléphants et des damans. Il est souvent confondu, à tort, avec les pinnipèdes (phoques).
Son corps est fusiforme, ses membres antérieurs sont transformés en nageoire et la queue en large gouvernail horizontal. Adaptés à la vie aquatique, il ne possède aucun appendice extérieur, sa tête est arrondie, sans oreille extérieure, les mamelles sont situées de chaque coté du corps, à l'arrière des membres antérieurs. Il peut plonger pendant de longues périodes, pour fuir un danger éventuel.
Sa peau est glabre, à l'exception de quelques poils sur le museau, elle est dure et fibreuse et peut atteindre 2,5 cm. Le foetus naît velu.



Habitat :
Il vit dans les fleuves et les rivières africaines, plus rarement dans les lagunes et les milieux saumâtres.



Comportement :

Mensuration :
Ce mammifère aquatique peut mesurer jusqu'à 2,5 m et peser jusqu'à 450 kg.

Distribution :
La localisation du lamantin est limitée aux fleuves et rivières de la côte Ouest de l'Afrique, du Sénégal à l'Angola. Il semble que le lamantin d'Afrique, contrairement à son homologue de Floride soit incapable de vivre dans l'eau salée, même si ses reins sont adaptés à cette salinité. Ils sont plus fréquents dans le Niger (Nigeria, Niger, Mali), le Sénégal (Sénégal), le Congo (Zaïre) et la Comoé (Côte d'Ivoire).

Ethnobiologie : :

La lamantin est un animal classé vulnérable par l'IUCN. Il fait partie des espèces protégées et est interdit de chasse.
Son principal prédateur reste l'homme, même si des anecdotes rapportent qu'il est consommé par les requins (dans les estuaires saumâtres) et les crocodiles. Actuellement, les préjudices sont causés par les hélices des bateaux à moteur. Les coupures qui en résultent peuvent entraîner la mort de l'animal après infection.
Cet animal est placide et se laisse approcher de près.

Selon les ethnies, le lamantin est considéré soit comme un gibier de grande valeur, soit vénéré. Il constitue un puissant totem pour les Mandé du Niger (Ma : lamantin et Ndé : fils de) : ils ne doivent pas mettre à mort ce parent aquatique et le contact de sa peau entraîne des maladies graves dont la plus bénigne est la lèpre. Pour les Ouolof du Sénégal, le lamantin est la victime d'un sombre drame. La fille du chef Peulh de Boundou Aeré fut contrainte par la magie de se marier à un vieux chef maure. Une nuit, elle réussit à s'enfuir, et se jette dans le fleuve. Le magicien la rattrapa et après lui avoir coupé les deux mains et lui avoir lié les pieds, la rejeta dans le fleuve. Dieu la pris en pitié et lui conserva la vie. Ainsi naquit la légende des lamantins.
Il est cependant chassé par les autres ethnies, car sa chair est succulente et ses os et certains autres de ces attributs sont considérés comme magiques. Ses os protègent de la gale, la possession de sa tête et de ses dents apporte le succès dans tous les domaines. Le cuir, la graisse, les os, tout peut être utilisé chez le lamantin.
Les méthodes de chasse restent inchangées : les Somono du Niger et les Diola de la Gambie utilisent des harpons avec un fer barbelé relié à une longue hampe de bambou par une cordelettes en fibre de palmier. Ils restent couchés sur leur barque ou sur une plate-forme, et lorsque le lamantin approche, ils lui assènent un coup de harpon. Si le coup ne le tue pas, ils le suivent et attendent que l'animal soit très affaiblis pour l'achever. Il est immédiatement partagé dans tout le village, mais les attributs magiques restent au chasseur.
Les chasseurs utilisent également des pièges fonctionnant selon le même principe. Un harpon est déclenché par le passage du lamantin, et un filet se referme sur lui. Le chasseur peut alors le tuer. Certaines ethnies préféraient le capturer vivant, et l'élevaient pour le tuer ensuite.

La protection de cet animal devrait tenir compte de son intérêt local et économique. Un animal peut en effet nourrir un village entier pendant plusieurs semaines.
En Floride, où le lamantin (Trichechus manatus) est lui aussi protégé, les circulations fluviales sont désormais contrôlées et réglementées. Il est même utilisé pour nettoyer les canaux des plantes envahissantes. En Afrique, les projets d'élevage et d'utilisation datent du début du siècle, mais n'ont jamais put être mis en oeuvre.



Bibliographie :

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Derscheid J.M., 1926. Les lamantins du Congo. Bull. Cercle Zool. Congolais, 3 : 23-31;

Dorst J., Daudelot P., 1972. Guide des grands mammifères d'Afrique. Guide du naturaliste, Delachaux et Niestlé (Eds). Neuchatel.

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Sikes S., 1974. How to save the mermaids. Oryx, 12 : 465-470.



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