PERSPECTIVES<> SUD-SUD

Ndeg. 2, Octobre 1995

Lettre d'information du Programme de Coopération Sud-Sud
pour un Développement Socio-Economique Sain et Respectueux
de l'Environnement dans les Tropiques Humides.

Edité par : UNESCO

Division des Sciences écologiques

Programme de Coopération Sud-Sud ISSN 1020-3109

7, place de Fontenoy

75700 PARIS (FRANCE)

Téléphone : 33 ~ (1) 45.68.41.46

Télécopie : 33 ~ (1) 40 .65.98.97

Télex : 20.44.61 Paris

E-mail : scmcl @ unesco.org

La Lettre d'information Perspectives Sud-Sud est une publication du Programme de coopération Sud-Sud pour un développement socio-économique respectueux de l'environnement dans les Tropiques humides. Elle a pour objectif d'entretenir des liens entre les participants du programme et de diffuser des informations concernant la recherche sur les Réserves de la biosphère sur des sujets comme (i) les modèles prédominants de conservation et d'utilisation des ressources et, (ii) les moyens d'améliorer les pratiques traditionnelles et les orientations de la recherche appliquée afin d'intensifier et d'utiliser de manière pérenne la biodiversité pour fournir de meilleures conditions de vie pour les populations locales des zones tampon et de transition.

La carte de première de couverture a été réalisée à l'aide d'un logiciel commercial. Le tracé des frontières n'implique ni approbation ni acceptation officielle de l'UNESCO ou des Nations Unies. Il en est de même pour les idées et opinions exprimées dans la Lettre d'information Perspectives Sud-Sud, lesquelles n'engagent uniquement que leurs auteurs.

La Lettre d'information Perspectives Sud-Sud est publiée en anglais, en français et en espagnol.

(c) La permission de reproduire articles et illustrations de Perspectives Sud-Sud sera accordée sans autorisation préalable, dans la mesure où les références complètes de la source (auteur, titre, ouvrage, date, institution éditrice, lieu de publication) sont citées.

Toute correspondance doit être adressée à l'éditeur administratif.

Édité par : UNESCO

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Programme de Coopération Sud-Sud Télécopie : 33 ~ (1) 40.65.98.97

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éditeur Scientifique         
Ignacy SACHS                 
École des Hautes études en   
sciences sociales (Ehess)    
Centre de Recherche sur le   
Brésil Contemporain (Crbs)   
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Ecologiques                  
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Sud-Sud                      
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Publication                
Michel LE BERRE            
Université Claude          
Bernard Lyon 1 (UCBL1)     
Institut d'Analyse des     
Systèmes Biologiques et    
Socio-Economiques          
(IASBSE)                   
Sociologie et              
Conservation               
43, Bd. du 11 novembre     
1918                       
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France                     
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INTRODUCTION

par

Pierre LASSERRE

Directeur de la

Division des Sciences Écologiques

Secrétaire du

Programme l'Homme et la Biosphère (MAB)

Le Programme l'Homme et la Biosphère (MAB) de l'UNESCO est un programme interdisciplinaire qui vise à harmoniser les interactions entre les êtres humains et la biosphère, suite à des conflits à propos de la conservation de la diversité biologique, du développement économique, de l'élévation des niveaux de vie et de la préservation de l'identité culturelle.

Je suis convaincu que les chercheurs en sciences naturelles, sociales et économiques, ainsi que les autorités nationales et locales peuvent travailler ensemble pour l'intérêt commun de l'utilisation durable des ressources renouvelables et que de tels efforts peuvent être associés à la conservation des diversités biologique et culturelle. Dans ce contexte, les réserves de la biosphère constituent un outil idéal pour la mise en oeuvre de ces objectifs au niveau national ou, dans le cas de réserves de la biosphère transfrontalières, au niveau international.

Les réserves de la biosphère comprennent généralement trois zones différentes : une ou plusieurs zones centrales dotées d'une protection légale ; une zone tampon à leur périphérie, avec des pratiques écologiquement saines ; et une zone de développement ou de transition, servant à démontrer le caractère viable de ces pratiques aux divers propriétaires fonciers et institutions concernés.

Le Programme commun UNESCO-UNU-TWAS de "Coopération Sud-Sud pour un Développement Socio-économique Respectueux de l'Environnement dans les Tropiques Humides" est fondé sur ces idées et concentre ses efforts sur les réserves de la biosphère et autres aires gérées de façon similaire, dans les mêmes régions biogéographiques d'Afrique, d'Asie et d'Amérique Latine.

Ce second numéro de la Lettre d'information du Programme contient le rapport final de la Seconde Réunion Annuelle du Programme de Coopération Sud-Sud, qui s'est déroulée dans la Réserve de la Biosphère de Mananara-Nord, Madagascar, du 19 au 24 juin 1995. Treize rapports de choix, du Brésil, de Chine, de Thaïlande, du Congo, de Côte d'Ivoire, de Madagascar, du Viet Nam, du Pérou, de Bolivie, de Cuba, du Nigeria, du Bénin et du Mexique, ont été présentés à ce meeting et des possibilités de coopération future ont été établies. Tous les participants ont pu apprécier, dans la réalité, les résultats obtenus par Madagascar dans la mise en oeuvre de la philosophie des réserves de la biosphère et comparer cette expérience avec les conditions existant dans leurs pays respectifs. La Lettre d'information présente les résumés de ces documents ainsi qu'un article de l'éditeur scientifique du Programme de Coopération Sud-Sud. J'espère que cette Lettre d'information contribuera à disséminer les informations précieuses obtenues dans différentes parties du monde et à améliorer la coopération à l'intérieur des Tropiques Humides.

DOCUMENTS DU PROGRAMME

RAPPORT FINAL DE LA II ème RÉUNION ANNUELLE
DU PROGRAMME DE COOPÉRATION SUD-SUD
DE L'ENVIRONNEMENT DANS LES TROPIQUES HUMIDES

Mananara Nord, Madagascar (19-24 Juin 1995)

(UNESCO-UNU-TWAS)

OBJECTIFS

Cette réunion avait pour but d'évaluer les rapports sur les 13 sites sélectionnés après la réunion de Chiang Mai en 1994. Les sites qui participent sont des réserves de biosphère intégrés au réseau international UNESCO/MAB, réserves ayant une reconnaissance nationale, réserves en cours de création ou zones de conservation et de développement avec des statuts semblables. Treize rapports ont été présentés à la réunion:

Ndeg. 1 : The Mata Atlàntica Biosphere Reserve (Brazil) : An Overview. Antonio Carlos DIEGUES

Ndeg. 2 : The Xishuangbanna Biosphere Reserve (China) : A Tropical Land of Natural and Cultural Diversity. WU Zhaolu, OU Xiaokun

Ndeg. 3 : The Mae Sa-Kog Ma Biosphere Reserve (Thailand). Benjavan RERKASEM, Kanok RERKASEM

Ndeg. 4 : La Réserve de la biosphère de Dimonika (Congo).

Jean DIAMOUANGANA

Ndeg. 5 : Le Parc national de Taï (Côte d'Ivoire) : un maillon essentiel du programme de conservation de la nature. Yaya SANGARÉ

Ndeg. 6 : La Réserve de la biosphère de Mananara-Nord (Madagascar) 1988 l994 : bilan et perspectives. Noëline RAONDRY, Martha KLEIN, Victor Solo RAKOTONIRINA

Ndeg. 7 : A Study on the Homegarden Ecosystem in the Mekong River Delta and the Ho Chi Minh City (Viet Nam). Nguyen Thi Ngoc AN

Ndeg. 8 : The Manu Biosphere Reserve (Peru). Luis YALLICO, Gustavo SUAREZ DE FREITAS

Ndeg. 9 : The Beni Biosphere Reserve (Bolivia). Carmen MIRANDA L.

Ndeg. 10 : La Reserva de la Biosfera Sierra del Rosario (Cuba). Maria HERRERA Alvarez, Maritza GARCIA Garcia.

Ndeg. 11 : The Omo Biosphere Reserve (Nigeria). Augustine O. ISICHEI.

Ndeg. 12 : Environnement naturel et socio-économique de la forêt classée de la Lama (Bénin). Marcel A. BAGLO, Bonaventure GUEDEGBE.

Ndeg. 13 : The Calakmul Biosphere Reserve (Mexico). Eckart BOEGE.

A l'aide de ces rapports, ont été identifiés les problèmes clés qui deviendront des domaines d'application pour la coopération internationale.

Photo 1 : Les participants à l'entrée de la salle de conférences.

PROCéDURE

Les travaux de la réunion ont commencé avec la visite sur le terrain de la Réserve de la Biosphère de Mananara Nord où les participants ont eu l'occasion d'apprécier les activités entreprises par l'administration de la Réserve. Ils ont pu apprécier les efforts de l'équipe du projet dans plusieurs domaines tels que la conservation, l'agriculture, l'artisanat, l'éducation et l'organisation des femmes. Les discussions et échanges de vue qui ont eu lieu sur place sur les acquis et difficultés rencontrés sur la planification et mise en oeuvre des projets ont beaucoup aidé les participants dans les conclusions et recommandations des ateliers thématiques.

Les 21 thèmes choisis pour la coopération entre les représentants des onze Réserves de la Biosphère ont été retirés, à titre préliminaire, les études des cas de chaque pays (voir annexe 1). Ces thèmes ont été regroupés en neuf thèmes généraux à partir desquels les représentants ont établi les trois priorités sur lesquelles ils voudraient établir des actions de coopération (annexe 2 et 3).

Les participants ont retenu quatre thèmes prioritaires pour la coopération :

1. Stratégies de développement socialement et économiquement viables pour le développement des Réserves de Biosphère.

2. Les cadres institutionnels (la gestion participative, les lois et les pratiques coutumières, les réserves extractives, création et renforcement des institutions locales, interaction entre les institutions locales, régionales, nationales et les gestionnaires des Réserves de Biosphère).

3. Le savoir-faire local et traditionnel et les pratiques fondées sur les connaissances scientifiques dans le développement des Réserves de Biosphère.

4. Réhabilitation des zones dégradées, alternatives à l'agriculture sur brûlis, développement de produits forestiers autres que le bois, gestion des régions côtières (réhabilitation et gestion des mangroves).

Photo 2 : Les officiels à la tribune (à partir de la gauche : M. Henri RAFIDY, Maire de Mananara, M. Gualbert RAZANAJATOVO, M. Barthélémy VAOHITA, M. le Professeur Ignacy SACHS, Mme le Professeur Xianying ZHAO, présidente de la réunion).

Ces thèmes ont été l'objet de discussions approfondies dans quatre ateliers ayant pour objectif de proposer des actions de coopération sur des aspects considérés comme importants par les représentants des Réserves de Biosphère, dans le cadre du projet <>.

Les conclusions et recommandations de groupes de travail ont été discutées lors de l'assemblée générale de la réunion.

Photo 3 : Les participants au cours d'une séance de travail

CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS DE L'ATELIER 1 :

"STRATéGIES POUR UN DéVELOPPEMENT SOCIALEMENT ET éCONOMIQUEMENT
DURABLE DES RéSERVES DE LA BIOSPHèRE
"

1 - Participants :

Ignacy SACHS, Eckart BOEGE, Amélie FARAMALALA, Augustine O. ISICHEI, Jean-Pierre MAXIMIENNE, Zacharie RABELAHY.

2 - Contexte :

Le développement des Réserves de la Biosphère devrait suivre une stratégie dynamique et prêter une attention particulière à un développement socio-économique écologiquement acceptable des zones tampon et de transition. Ce qui est acceptable dans les zones tampon et de transition devrait l'être également dans la région.

Plus la stratégie de développement est réussie, moins forte est la pression sur la zone centrale, qui est la véritable Réserve naturelle. Une Réserve de la Biosphère devrait devenir un laboratoire du développement durable pour la région où elle est située. Par extension, un réseau de Réserves de la Biosphère sera un laboratoire pour tout un pays. Il devrait y avoir un système de suivi continu de la Réserve Naturelle intégrale pour s'assurer que le but de conservation est atteint.

Le risque existe qu'une Réserve de la Biosphère devienne une enclave dans une région. Pour éviter cela, il est nécessaire de lier le développement de la Réserve de la Biosphère à l'ambiance économique régionale et globale. Cela est particu-lièrement important pour les Réserves de la Biosphère dont les produits forestiers dérivés du bois et les autres produits issus de la forêt participent au marché mondial.

Le développement des Réserves de la Biosphère devrait profiter au maximum des situations de marché et assurer aux populations cibles une protection contre les impacts négatifs de la situation économique globale.

Enfin, une stratégie complète doit considérer aux points suivants : situation institutionnelle, instruments économiques, aspects éducatifs, scientifiques et technologiques, dimensions de planification spatiale, transformation des structures économiques.

Photo 4 : Le village de Mananara pendant la réunion.


3 - Stratégies :

(i) : Il doit y avoir une participation significative des populations locales qui sont les principaux acteurs sociaux et les cibles bénéficiaires. Dès le début, un dialogue doit s'installer entre les initiateurs du développement et la population locale ; les planificateurs doivent agir comme des avocats des opprimés c'est-à-dire, agir toujours au mieux de leurs intérêts. Pendant la planification avec la population locale, le planificateur devrait injecter dans le processus des informations scientifiques et techniques significatives et valables.

(ii) : Souvent, la recherche de déclencheurs et de catalyseurs permet d'entraîner la confiance et l'acceptation de la communauté. Un bon exemple est fourni par le cas de l'exploitation de l'acajou au Mexique.

La négociation de meilleurs prix du bois, par l'intervention d'une organisation non gouvernementale, constitua l'encouragement à la mise en place d'une chaîne d'événements qui rendirent possible la planification et la conservation. Des groupes de produits régionaux, en apiculture, construction de bateaux, culture d'épices, etc., furent formés, soulignant le fait que le développement des Réserves de la Biosphère pourrait être basé sur le déroulement, de processus d'apprentissage continu.

Le cas mexicain pourrait servir d'exemple pour la coopération par l'échange de personnel entre les Réserves de la Biosphère mexicaines concernées et les pays anglophones et hispanophones d'Afrique et d'Asie. De tels échanges permettront de mieux gérer le renforcement des capacités de formation. Les mêmes possibilités de formation existent également en Inde.

(iii) : Les gestionnaires des Réserves de la Biosphère devraient être à même de constituer une coalition d'institutions publiques et d'institutions privées sans but lucratif capables d'aider le processus de développement des Réserves de la Biosphère.

Cependant, le Groupe note qu'il existe des instructions générales pour les projets de conservation intégrée et de développement dont on pourrait évaluer l'à-propos, en vue de leur adoption.

RECOMMANDATIONS :

1. Une étude historique, en profondeur, de la planification participative de la zone tampon et de la zone de transition de la Réserve de la Biosphère de Calakmul (Mexique) et d'autres réserves, suivant les possibilités.

2. Fournir un protocole pour l'élaboration des stratégies de développement des Réserves de la Biosphère, sur la base d'une évaluation critique de la littérature disponible.

3. La Réserve de Calakmul pourrait organiser des visites de formation de deux mois pour les planificateurs du développement des Réserve de la Biosphère des pays intéressés (hispanophones et anglophones) et, si souhaité, fournir une expertise pour les autres Réserve de la Biosphère.

CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS DE L'ATELIER 2 :

"CADRE INSTITUTIONNEL"

1. Pays participants :

Pérou, Bénin, Brésil et Madagascar.

2. Contexte :

Pour le cadre institutionnel, le groupe a discuté des conditions de participation de la communauté à la planification et à la gestion des réserves.

Une des premières conditions est la mobilisation de la communauté à travers les institutions locales. Si les institutions n'existent pas, il faut les aider à en créer.

Il faut que les bailleurs de fonds comprennent que ce processus prend un peu de temps et ne pas exiger des réalisations physiques pendant cette phase. Il faut aussi éviter, pendant cette phase, de répartir la communauté en secteur ou groupe de productions. C'est une phase qui privilégie le processus et non le produit. En effet, les communautés ne sont pas homogènes et peuvent avoir des groupes d'intérêts qu'il faut laisser émerger à travers discussions et négociations.

Ce processus permet d'identifier les centres de décision qui devront être parties prenantes aux discussions.

Dans le pays présenté dans le groupe, on a noté une tendance récente à faire gérer les ressources, forestières et aquatiques (qui prennent des noms différents suivant les pays), par les populations locale.

Un des objectifs de ces actions est d'assurer aux populations locales un droit exclusif de gestion des ressources. En général, il s'agit de domaine de l'état qui fait des concessions d'usage à des communautés (réserve extractive, réserve communautaire, forêt des droits d'usage).

Pour éviter une utilisation non soutenable des ressources, il faut élaborer avec la communauté un plan de gestion avec l'appui des institutions de recherche et les ONG.

Il faut assurer la durabilité de cette forme de gestion par la diversification des sources de revenus communautaires.

Photo 5 : Visite sur le terrain : examen d'un ouvrage hydraulique.


3. Modalités de coopération

Le groupe a choisi la coopération sur les thèmes <>.

4. Processus:

Faire des échanges sur les expériences déjà acquises dans ce domaine dans chaque pays par :

* la préparation d'études de cas dans les réserves de la biosphère de chaque pays ;

* l'organisation d'un atelier de travail sur ce thème par des pays choisis avec la participation des représentants des communautés locales.

CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS DE L'ATELIER 3 :

"SAVOIR LOCAL ET RéSERVES DE LA BIOSPHèRE"

1. Pays participants :

Bolivie, Côte d'Ivoire, Chine (Weber).

2. Contexte :

Considérant qu'il n'y a pas de position a priori entre les nouvelles technologies et le savoir local, le groupe suggère que les nouvelles technologies puissent être utilisées pour renforcer le savoir local.

Le groupe considère qu'il serait nécessaire d'organiser des échanges d'information parmi les Réserves de la Biosphère sur les utilisations de plantes et les systèmes locaux de gestion.

Ensuite, le groupe insista sur l'importance de comprendre les PERCEPTIONS

* des Réserves de la Biosphère par les populations locales,

* des écosystèmes par les populations locales, (taxonomies, systèmes de valeur),

* des populations locales par les scientifiques,

* des marchés.

Photo 6 : Visite sur le terrain : rizière irriguée.

Le Groupe insista également sur l'importance de comprendre les systèmes de gestion locale et les schémas, du point de vue de leur durabilité, adaptabilité, et résistance.

L'un des buts recherchés est d'accroître la compatibilité et la communication entre savoir scientifique et savoir local.

Une autre question importante est comment aborder le paradoxe : d'une part, il est nécessaire de protéger légalement le savoir local ; d'autre part, ce savoir local doit devenir disponible pour les Réserves de la Biosphère du programme Sud-Sud.

3.- Priorités :

1. Organiser des cours de formation (i) pour les gestionnaires locaux et (ii) pour la population locale, sur des questions déterminées.

2. Construire un système réciproque d'information pour les Réserves de la Biosphère, utilisant Internet, et assurant également la traduction, la multiplication et l'échange de documents, en Anglais.

3. Organiser des visites en petits groupes réunissant gestionnaire local, populations locales et un représentant du gouvernement local.

4. Organiser des échanges de jeunes scientifiques issus des Réserves de la Biosphère.

5. Obtenir des bourses pour les jeunes scientifiques provenant des Réserves de la Biosphère

6. Aider les scientifiques locaux à publier.

4. Projets recommandés :

1. échanges d'informations, en anglais :

* reproduction de documents,

* traduction en anglais,

* systématiser les échanges,

* rendre Internet accessible dans les Réserves de la Biosphère.

2. Programme de matériel éducatif :

* en langue locale,

* Montrant à chacun le mode de vie dans les autres Réserves de la Biosphère.

3. Cours de formation :

* sur des thèmes spécifiques,

* pour les gestionnaires locaux et les populations locales.

4. Protection légale du savoir local et diffusion Sud-Sud de ce savoir local

Ceci comprend aussi bien les aspects légaux que des séminaires sur ce << paradoxe >>.

5. Un projet de recherche avec publication sur les perceptions :

* 2 ans de recherche,

* 1 an pour la préparation du livre,

* un atelier pour la diffusion.

6. Des bourses pour des jeunes scientifiques dans les domaines prioritaires :

* ethnoécologie,

* protection légale des ressources génétiques,

* connaissance des bases de données pour la gestion des Réserves de la Biosphère.

7. Visites réciproques en petits groupes.

Photo 7: Le panneau d'entrée de la Réserve de la Biosphère de Mananara-Nord.

CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS DE L'ATELIER 4 :

"RéHABILITATION DES ZONES DéGRADéES,
ALTERNATIVES à L'AGRICULTURE SUR BRûLIS,
DéVELOPPEMENT DE PRODUITS FORESTIERS AUTRES QUE BOIS,
GESTION DES RéGIONS CôTIèRES
(RéHABILITATION ET GESTION
DES MANGROVES
)
"

Les participants du groupe 4, Cuba, Congo, Madagascar et Viet Nam, ont décidé de se conformer à l'approche suivante:

1) Possibles contributions des Réserves de Biosphère au Programme de Coopération Sud-Sud :

i) Cuba : Utilisation des connaissances sur les mycorhizes dans la réhabilitation des zones dégradées forestières;

ii) Congo : Phytotechniques de reproduction végétative (marcottage) pour le développement d'arbres fruitiers;

iii) Madagascar : Mise en application des phytotechniques dans les laboratoires d'expérimentation, en milieu réel (13 pépinières villageoises) ;

iv) Viet Nam : Cultures des jardins de cases.

2) Attentes des Réserves de la Biosphère vis-à-vis du Programme :

i) Cuba: Collaboration dans la gestion des mangroves;

ii) Congo: Recherche sur la biologie et la physiologie des espèces des forêts denses pour le reboisement des zones dégradées et l'amélioration de la fertilité des sols des jachères en vue de la sédentarisation des populations ;

iii) Madagascar :

* Expériences sur la réduction de l'embroussaillement des parcelles cultivées ;

* Stratégies pour améliorer l'acceptation des innovations par les populations ;

* Étude sur la dynamique des mangroves de Mananara-Nord ;

iv) Viet Nam : Échange d'information sur les cultures de jardins en relation avec les ressources hydrauliques et les conditions édaphiques et sur les espèces utilisées.

3) Actions envisagées :

Échange d'experts et de savoir faire;

Production d'instruments didactiques conjoints (posters, films, exposition des échantillons);

Traduction d'ouvrages sur le sujet.

Photo 8: séance de travail, pendant la réunion du Projet de Mananara-Nord.

LISTE DES PARTICIPANTS à LA RéUNION DE MANANARA-NORD

PARTICIPANTS ÉTRANGERS

Dr. Nguyen Thi Ngoc AN

UNIVERSITE DE HOCHIMINH VILLE

Faculté de Biologie

Section d'Ecologie

227, rue Nguyen Van Co, 5 District

HÔ CHI MINH-VILLE

VIETNAM

FAX : 84.8.354.009

Dr. Eckart BOEGE

INAH - VERACRUZ

Calle Cuauhtemoc, 8, Antes Jesus Te Ampare

Zona Centro

91000 XALAPA - VERACRUZ

MEXIQUE

FAX : 52.28.177.148

Dr. Jean DIAMOUANGANA

PROJET MAYOMBE

c/o PNUD

B.P. : 465

BRAZZAVILLE

CONGO

FAX : 242.83.39.87

Dr. Antonio Carlos DIEGUES

CENTER FOR RESEARCH AND CONSERVATION OF WETLANDS

Rua do Anfiteatro, 181

Colméia - Favo 6

Universidade de Sao Paulo

05508 SAO PAULO

BRAZIL

FAX : 55.11.813.5819

M. Bonaventure GUEDEGBE

MAB

B.P. : 03-21 83

COTONOU - BENIN

FAX : 229.31.17.73

Ms. Maria HERRERA A.

MAB

Institute of Ecology and Systematics

Carretera de Varona, km3

Capdevlla, Municipio Boyeros

LA HABANA 8 - CUBA

Dr. Augustine ISICHEI

OBAFEMI AWOLOWO UNIVERSITY

Department of Botany

ILE IFE - NIGERIA

FAX : 234.36.232.975

234.36.232.401

Ms Carmen MIRANDA

RESERVA DE LA BIOSFERA DEL BENI

Av. 16 de Julio 1732

Caja Postal 5829

LA PAZ - BOLIVIA

FAX : 591.2.350.612

Prof. Ryutaro OHTSUKA

DEPARTMENT OF HUMAN

ECOLOGY - SCHOOL OF INTERNATIONAL HEALTH

Hongo, TOKYO 113 - JAPAN

FAX : 81.356.842739

Prof. Ignacy SACHS

CENTRE DE RECHERCHES SUR LE BRéSIL CONTEMPORAIN

Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales

54, Boulevard Raspail

75270 PARIS Cedex 06

FRANCE

FAX : 33.1.45.48.83.53

Mr. Yaya SANGARE

INSTITUT D'ECOLOGIE TROPICALE

Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la

Recherche Scientifique

B.P. : 299 Cidex-1

ABIDJAN 06

COTE D'IVOIRE

FAX : 225.21.13.67

Mr. Gustavo SUAREZ DE FREITAS

FPCN

Amador Merino Reyna 255 (Ex. Los Rosales)

Apartado 18-1393 - San Isidro

LIMA

PERU

FAX : 51.14.469.178

Dr. Jacques WEBER

CIRAD

42, rue Scheffer

75116 PARIS

FRANCE

FAX : 33.1.47.27.11.64

Prof. ZHAO Xianying

NATIONAL COMMITTEE OF THE PEOPLE'S REPUBLIC OF CHINA FOR MAB

52, Sanhile

BEIJING 100864 - CHINA

FAX : 86.1.85.11.095

Dr. Miguel CLÜSENER-GODT

Division of Ecological Sciences

UNESCO

1, rue Miollis

75732 PARIS Cedex 15

FRANCE

FAX : 33.1.40.65.98.97

PARTICIPANTS MALGACHES

M. RAZANAJATOVO Gualbert

Directeur de Cabinet

MINISTERE D'ETAT A

L'AGRICULTURE ET AU DEVELOPPEMENT RURAL

ANTANANARIVO 101 - MADAGASCAR

M. RAKOTOARIMANANA Constant

Directeur Administratif et Financier

MINISTERE DE L'ENVIRONNEMENT

ANTANANARIVO 101 - MADAGASCAR

M. VAOHITA Barthelemy

Conseiller Technique

MINISTERE DE L'EDUCATION NATIONALE

ANTANANARIVO 101 - MADAGASCAR

Mme RAKOTOVAO Lala

Directeur CNRE

MINISTERE DE LA RECHERCHE APPLIQUEE AU DEVELOPPEMENT

Cité Desportes B 60, Ankadivato

ANTANANARIVO 101 - MADAGASCAR

Mlle FARAMALALA Amélie

DIVB / ANGAP

Immeuble SANTA, 1 rue Naka RABEMANANTSOA - Antanimena

ANTANANARIVO 101 - MADAGASCAR

Mlle RAONDRY Noëline

C.N.P.

Projets ENVIR. UNESCO

B.P. : 8719

ANTANANARIVO 101 - MADAGASCAR

FAX : 261.2 353.70

M. RASOLOARISON Vonjisoa

Directeur National Projet

BEMARAHA

B.P. : 07

ANTSALOVA 406 - MADAGASCAR

M. RAKOTONIRINA Victor Solo

Directeur National

B.P. : 16

MANANARA NORD 511 - MADAGASCAR

M. RABE Charles

Responsable Socio-Economique

B.P. : 16

MANANARA NORD 511 - MADAGASCAR

M. TALATA Nestor

Responsable Agriculture

B.P. : 16

MANANARA NORD 511 - MADAGASCAR

Mme NIREIGNA Monique

Promotion féminine

B.P. : 16

MANANARA NORD 511 - MADAGASCAR

M. JOSEPH Clermont

Responsable Pêche

B.P. : 16

MANANARA NORD 511 - MADAGASCAR

M. RAKOTONJANAHARY Fortunat

Responsable Infrastructure Rural

B.P. : 16

MANANARA NORD 511 - MADAGASCAR

M. MAXIMIENNE Jean Baptiste

Responsable Education

B.P. : 16

MANANARA NORD 511 - MADAGASCAR

M. RABELAHY Zacharie

Responsable Elevage

B.P. : 16

MANANARA NORD 511 - MADAGASCAR.

M. JUSTIN

Responsable Conservation

B.P. : 16

MANANARA NORD 511 - MADAGASCAR

M. RAMANGALAHY Daniel

Etudiant Chercheur

B.P. : 16

MANANARA NORD 511 - MADAGASCAR

Photo 9 : Arrivée des participants à l'aéroport de Mananara.

LES LEçONS DE MANANARA-NORD

par

Ignacy SACHS

Selon la formule lapidaire de Thiago de Mello, chantre de l'Amazonie brésilienne, les humains constituent l'espèce la plus menacée dans les forêts tropicales, les premières victimes de l'exploitation prédatrice des ressources forestières. Ce sont les peuples qui y vivent depuis des siècles, voire des millénaires et dont les cultures se fondent sur une symbiose réussie avec la nature, rendue possible par de faibles densités démographiques et la frugalité des moeurs.

Mais, de plus en plus, les forêts servent aussi d'abri aux réfugiés des campagnes privés d'accès à la terre et aux ressources nécessaires à leur existence, poussés dans leurs derniers retranchements, s'efforçant de survivre en pratiquant une agriculture de subsistance sur brûlis ou en poursuivant le mirage de la richesse facile à travers l'exploitation sauvage des ressources minières -or, pierres précieuses et, à Mananara-Nord, le quartz.

Les fronts pionniers qui avancent dans la forêt le long des fleuves, des rivières et surtout des routes ouvertes pour exploiter le bois constituent un facteur puissant de sa destruction. Il est très difficile, voire impossible, de lutter efficacement contre ces phénomènes sans questionner les politiques foncières et agricoles pratiquées en dehors de la forêt proprement dite et la nature asymétrique des rapports économiques que les peuples de la forêt entretiennent avec le monde extérieur. Les marges de manoeuvre au niveau local sont donc limitées et dépendent, en tout état de cause, de la capacité d'intégrer les démarches destinées à conserver la biodiversité à une stratégie de développement socio-économique fondée sur l'étude et la mise à profit de la diversité culturelle[1].

Conservation et développement se conditionnent mutuellement. La conservation de la biodiversité constitue un volet essentiel de toute stratégie de développement durable, mais son succès passe par la mise en oeuvre des projets d'écodéveloppement des communautés rurales et forestières capables de leur assurer une existence raisonnable, sans recours à l'exploitation prédatrice de la forêt, voire sa destruction pure et simple. Les conservationnistes stricts qui se disputent pour savoir s'il faut privilégier dans la stratégie de conservation les "points chauds" où se trouvent les espèces en danger ou, au contraire, créer des réserves représentatives des différents écosystèmes[2], feraient bien de s'ouvrir à la dimension socio-économique des projets de conservation.

Une approche réaliste à la gestion des ressources renouvelables ne saurait se passer du concours actif des populations concernées. A la limite, l'enjeu est de transformer en jardiniers de la nature ceux-là même qui -victimes des conditions actuelles d'accès inéquitable aux ressources- fonctionnent comme ses prédateurs. Pour cela il faut s'engager dans une démarche contractuelle entre la population locale et l'administration en s'appuyant dans la mesure du possible sur les systèmes coutumiers de gestion des ressources communautaires[3].

Les réserves de biosphère constituent un cadre particulièrement approprié pour la mise en oeuvre de nouvelles approches à la conservation de la biodiversité par le truchement des stratégies d'écodéveloppement. Une protection efficace du noyau central de réserve stricte passe, en effet, par l'écodéveloppement des aires tampons et des aires de transition. Lancé en 1988, le projet MAB/UNESCO de réserve de biosphère à Mananara-Nord s'inspire de cette philosophie comme l'indique sa dénomination officielle -Ecodéveloppement des communautés rurales pour la conservation de la biodiversité. La Banque Mondiale vient d'approuver un projet de même nature de conservation de biodiversité par l'écodéveloppement pour sept aires protégées en Inde, engageant à cette fin 74 millions de dollars provenant du GEF[4].

La réunion de Mananara-Nord a permis de confronter avec l'expérience des autres terrains les résultats et les problèmes auxquels doit faire face l'équipe malgache. L'équipe dirigée par Noëline Raoundry a présenté en détail la démarche adoptée et répondu patiemment au jeu croisé des questionnements parfois vifs de la part des participants étrangers. Il s'ensuivit un dialogue mutuellement enrichissant. Les principaux enseignements qui en découlent me semblent être les suivants :

1) Le caractère central de la problématique socio-économique est apparue très clairement. Il faut approfondir la connaissance des logiques de comportement et des stratégies de survie des populations locales, étudier à fond les formes coutumières de gestion des ressources communautaires et le savoir-faire paysan, tout en s'efforçant de combiner les pratiques coutumières avec les apports de la science moderne, de dépasser l'opposition entre technos et episteme, en particulier pour ce qui est des applications de la biologie. La socio-économie d'inspiration chayanovienne offre des points de départ utiles. Il en est de même des analyses du bricolage et du braconnage faites par Michel de Certeau[5]. La division du travail entre les hommes et les femmes ainsi que les fonctions productives des enfants et des jeunes doivent être minutieusement analysées.

2) Les stratégies d'écodéveloppement des zones tampon, inspirées par le souci de justice sociale, de prudence écologique et d'efficacité économique mesurée à l'aune macro-sociale, doivent s'adresser simultanément aux questions suivantes :

- amélioration des pratiques culturelles en matière de subsistance visant à la fois la réduction des surfaces agricoles et du temps de travail nécessaire, en tenant compte des problèmes de saison ; dans ce contexte, développement des jardins de case et du petit élevage ainsi que modification des habitudes alimentaires ;

- valorisation des produits de la forêt sur une base écologiquement viable (choix des produits, leur transformation sur place, enrichissement de la forêt avec des espèces utiles, accès aux marchés) ;

- introduction d'activités économiques nouvelles compatibles avec les règles de gestion écologiquement prudentes du milieu.

Il est essentiel que ces stratégies offrent aux populations une perspective de progrès matériel assurant un niveau raisonnable d'existence plutôt que de les condamner pour toujours à une survie précaire. C'est pourquoi il ne suffit pas de proposer quelques innovations ponctuelles. En même temps il faut se rendre compte, comme l'écrit Michael R. Dove, que "les forêts ne sont pas dégradées parce que les peuples de la forêt sont appauvris ; plutôt les peuples de la forêt sont appauvris par la dégradation de leur forêt et d'autres ressources par des forces extérieures"[6].

3) Dans le cas de Mananara-Nord la portée des mesures prises localement restera très limitée aussi longtemps que persisteront les conditions actuelles d'enclavement de la région, privée de routes d'accès et de contacts directs avec les marchés extérieurs et, par conséquent, forcée à produire localement le principal produit de subsistance -le riz- et à écouler aussi ses produits d'exportation -clou de girofle, vanille, quartz- à un prix excessivement bas par le truchement d'une poignée de commerçants qui monopolisent le transport par voie maritime[7]. Les routes n'existent pas. La région est dépourvue de tout système de transport, même des bêtes de somme (le mulet ?), le relief rendant impraticable l'usage de la bicyclette.

4) La réforme du système scolaire représente un enjeu capital pour plusieurs raisons :

- la mise en oeuvre d'une stratégie d'écodéveloppement demandant plusieurs années, les écoliers d'aujourd'hui en seront les principaux acteurs ;

- au sein des populations paysannes les jeunes constituent le principal, sinon l'unique, vecteur des innovations, le comportement des adultes étant fortement marqué par la routine ;

- l'éducation des filles joue un rôle essentiel dans les politiques de réduction de natalité et de mortalité infantile.

L'UNESCO a une responsabilité toute particulière dans la transformation, à mon avis essentielle, des écoles rurales en "écoles pour la vie", véritables agences locales d'écodéveloppement où les enfants apprennent par la pratique quotidienne leurs futurs rôles de citoyens, de gardiens de la forêt et de producteurs. L'autosuffisance alimentaire des écoles offrant un repas complet aux élèves est un objectif tout à fait viable, l'engagement des écoliers dans le reboisement systématique en est un autre, pour ne citer que deux exemples,.

Quel rôle faut-il attribuer aux écoles dans la gestion des réserves de biosphère ? Comment recycler les enseignements, reformuler les programmes d'activités scolaires destinés aux enfants et aux adultes, modifier les contenus de l'enseignement en trouvant un nouvel équilibre entre le général et le particulier, l'universel et le local ? Un échange d'expériences dans ce domaine entre différentes réserves de biosphère pourrait s'avérer fructueux.

En conclusion, les quatre pistes de réflexion signalées ci-dessus trouveront certainement un prolongement dans la nouvelle phase du projet Mananara-Nord et dans les activités de notre programme Sud-Sud. Grand merci à Noëlle et à ses collaborateurs pour avoir si bien géré la logistique difficile de la réunion et accepté avec bonne grâce et candeur de procéder à un exercice d'auto-évaluation bien réussi.

RéSUMéS DES DOCUMENTS DE TRAVAIL
DE LA RéUNION DE MANANARA-NORD

NDEG. 1: LA RéSERVE DE LA BIOSPHèRE DE MATA ATLàNTICA (BRéSIL) : UN APERçU.

Antonio Carlos DIEGUES

L'auteur décrit la situation actuelle de la forêt atlantique brésilienne : variété des écosystèmes, dégâts portés à l'environnement, diversité des populations et des politiques de conservation. L'utilisation et les connaissances des ressources naturelles, par les populations traditionnelles (les caiçaras), sont mises en relief comme sont exposées les conditions de leurs rapides transformations socio-culturelles.

Une description de la première phase de la création de la Réserve de la biosphère Mata Atlàntica est effectuée. Ses principaux problèmes sont, pour l'auteur, le manque de participation locale, la concentration excessive sur des thèmes concernant la zone centrale en comparaison de la priorité des thèmes de gestion de la zone tampon, la grande étendue du territoire avec de nombreuses administrations étatiques rendant difficile l'implantation d'une politique de gestion cohérente, comme cela l'est aussi avec un nombre excessif de priorités considérées. Par conséquent, une région plus restreinte est proposée et étudiée où un nombre limité de projets sur l'utilisation pérenne des ressources naturelles pourrait être mis en oeuvre, avec une large participation des communautés locales, des institutions gouvernementales et non gouvernementales.

NDEG. 2: LA RéSERVE DE LA BIOSPHèRE DE XISHUANGBANNA (CHINE) : UN DOMAINE TROPICAL DE DIVERSITé NATURELLE ET CULTURELLE

WU Zhaolu, OU Xiaokun

La Réserve de la Biosphère du Xishuangbanna, située en Asie du Sud-Est tropicale et subtropicale, est la dernière région tropicale en Chine couverte d'une forêt vierge d'importance. Il y a approxi-mativement 4.000 espèces de plantes supérieures, 758 espèces de vertébrés et 8 types de végétation qui s'épanouissent dans la Réserve. Dans cette jungle, des phénomènes tropicaux comme des "étrangleurs de plantes", de vieux troncs arc-boutés et fleuris, des lianes massives, des orchidées très colorées et des fourmilières géantes peuvent être vus partout.

Les peuples indigènes du Xishuangbanna peuvent être décrits comme transnationaux. La plupart d'entre eux ont une culture, une religion et une langue similaires à celles des peuples du Laos, de la Birmanie, de la Thaïlande et du Viet Nam. Durant des centaines et des milliers d'années, les peuples indigènes du Xishuangbanna ont bien compris les avantages à vivre en harmonie avec la nature. II y a de nombreux modèles traditionnels fascinants d'utilisation de la terre et des ressources naturelles existant au Xishuangbanna, y compris les Collines Sacrées, Sangpabawai, les jardins de bois de chauffe, la riziculture et les écosystèmes en jardin.

L'instauration de la Chine nouvelle a fourni au Xishuangbanna plusieurs opportunités pour davantage se développer. Avec une série de politiques préférentielles, le gouvernement chinois a aidé le Xishuangbanna à développer l'éducation et la technologie, à construire des routes et des maisons, à défricher des champs, à introduire des installations économiques, à développer des plantations de caoutchouc et le tourisme.

En raison de facteurs tels que l'expansion de la population, un niveau d'éducation plus bas et des changements de l'économie régionale, le Xishuangbanna est à présent confronté à des menaces sérieuses d'un développement aveugle, de la déforestation, de la destruction de l'environnement et de la pauvreté humaine.

Des savants de diverses institutions et universités ont mené beaucoup de recherches dans les domaines de la conservation et de l'utilisation durable de la biodiversité de la Réserve. De ces études ont émergé quelques modèles de développement durable qui peuvent être appliqués à la Réserve et aux régions pertinentes. Pour résoudre les problèmes auxquels sont confrontés la Réserve, les auteurs ont proposé quelques suggestions de thèmes de recherche appliquée, comme d'enquêter sur le statut de la terre et l'utilisation des ressources naturelles et leurs modèles optima concomitants, lancer des recherches de contrôle de l'environnement et des transformations de la biodiversité, développer les fermes écologiques, promouvoir l'ethnoécologie, mettre en oeuvre des techniques nouvelles et développer les ressources humaines dans les régions de planification.

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NDEG. 3: LA RéSERVE DE LA BIOSPHèRE DE MAE SA-KOG MA (THAïLANDE).

Benjavan RERKASEM, Kanok RERKASEM

Cette Réserve de la Biosphère couvre une superficie totale d'environ 360 km2. Elle renferme la superficie d'un ancien projet du Projet de Développement Intégré du Bassin et des Terres Forestières de Mae Sa du Département Forestier Royal Thaïlandais, du Programme des Nations Unies pour le Développement et de la Station de Recherche du Bassin de Kog Ma de la Faculté Forestière de l'Université de Kasetsart. C'est l'une des régions montagneuses les plus densément peuplées de Thaïlande. La plupart de la Réserve de Mae Sa-Kog Ma recouvre aussi une part importante du Parc National de Suthep-Pui. En plus, et en dépit de cette revendication nationale pour la conservation, d'autres utilisations majeures de ce territoire incluent :

* la population locale qui appartient à divers groupes ethniques minoritaires, survie traditionnellement grâce à l'agriculture itinérante et la collecte de produits forestiers mais s'adapte de plus en plus à la commercialisation, à la fois dans les activités de collecte que par l'intensification de l'agriculture, souvent irriguée ;

* l'empiétement par les Thaïlandais des basses terres, à la fois les pauvres à la recherche de terre afin d'assurer leur existence et les riches urbains cherchant détente et lieu d'investissement dans des complexes montagneux ;

* la vallée de Chiang Mai qui dépend du système fluvial des montagnes environnantes pour ses 160 000 ha. d'agriculture intensive irriguée et la fourniture d'eau domestique pour la ville de Chiang Mai, d'une population de 250 000 habitants et une industrie touristique en pleine expansion qui enregistre 3 millions de visiteurs par an.

Ce travail passe en revue et évalue :

* les modes d'utilisation actuelle des ressources par tous les utilisateurs ;

* les impacts de ces utilisations sur le fonds des ressources (terre, forêt, bassin fluvial et biodiversité) et sur l'environnement ;

* les efforts de conservation, par le gouvernement et les communautés, incluant la recherche et l'évaluation en cours.

La Réserve de la Biosphère Mae Sa-Kog Ma sert d'exemple d'un problème majeur qui devient de plus en plus sévère dans les montagnes de Thaïlande, mais aussi dans d'autres pays de l'Asie du Sud-Est continentale montagneuse, i.e. l'équilibre entre le besoin de la population locale d'accéder à des conditions de vie décente et les objectifs nationaux de conservation. Ainsi, avec l'intention de prendre l'idée de réserve de la biosphère comme modèle pour l'utilisation de terres montagneuses, nous tentons aussi d'identifier :

* les manières d'améliorer Les pratiques d'utilisation des ressources qui augmentent la productivité de façon équitable et durable ;

* l'orientation de la recherche appliquée qui soutiendrait cela.

Les principales découvertes sont les suivantes :

i) L'utilisation agricole des terres s'est largement transformée en passant d'une agriculture itinérante à une agriculture intensive, souvent irriguée, récoltant des fruits et de légumes de grande valeur. Cela a effectivement réduit la pression sur la terre par la population locale existante, mais a ainsi débouché sur une pression créée par la migration des basses terres.

ii) La Réserve est confrontée à un nouveau genre de pression de la part de l'augmentation du nombre de touristes, à environ un million, dans certaines régions.

iii) Les indicateurs du problème de la pérennité comprennent :

* la liste des espèces en dangers (celles qui disparaissent localement et celles qui sont uniques à cette région) ;

* l'incidence croissante des feux forestiers ;

* l'empiétement croissant des terres de la Réserve, y compris la construction de barrages sur ses cours d'eau.

L'idée de réserve de la biosphère qui rende possible la conservation au côté d'une utilisation durable est très appropriée à Mae Sa-Kog Ma. En raison de différences majeures en termes de besoins fondamentaux, la Réserve devrait être gérée en deux zones distinctes :

i) Premièrement, il y a la zone qui entoure des attractions touristiques célèbres comme les temples de Doi Suthep, le palais, deux ou trois villages tribaux fréquemment visités et les chutes d'eau. En termes de superficie, cela est relativement petit, n'imputant qu'une fraction du total des 360 km2 de la Réserve de la biosphère de Mae Sa-Kog Ma ou des 262 km2 du Parc national de Doi Suthep-Pui. La gestion de cette zone devrait se concentrer sur la réponse à donner à la grande concentration de visiteurs.

ii) Deuxièmement, il y a le reste, couvrant la plupart de la Réserve. Dans cette zone, la gestion et le développement pourraient avoir comme objectif de fournir de l'aide à la population locale qui est encore dépendante pour son existence de l'agriculture, tout en maintenant l'équilibre avec l'objectif de conservation, de diversité biologique et l'environnement.

Est aussi mise en relief la nécessité de coordonner entre eux de nombreux objectifs, des politiques gouvernementales, l'implantation d'organismes et, non le moins important, le besoin d'une consultation publique sur les principaux plans de développement.

NDEG. 4: LA RéSERVE DE LA BIOSPHèRE DE DIMONIKA (CONGO).

Jean DIAMOUANGANA

La Réserve de la Biosphère de Dimonika est localisée dans la forêt du Mayombe. Le Mayombe est une forêt ombrophile guinéo-congolaise de type relativement sec. La Réserve de la biosphère de Dimonika est comprise entre les latitudes 3deg.3' et 4deg.26' sud et les longitudes l ldeg.30' et 13deg.12' est. Elle couvre une superficie de 136 000 hectares.

La Réserve de la biosphère de Dimonika est actuellement placée sous la tutelle du Ministère de la science et de la technologie, mais sa gestion courante va être cédée dans les prochains mois au Ministère des eaux et forêts.

En matière de conservation, tous les permis d'exploitation ont été supprimés, mais le braconnage reste assez actif. Aussi, les aspects de conservation et de surveillance devraient être renforcés dans les mois à venir grâce à un financement du Fonds mondial pour l'environnement.

Des recherches ont été menées sur : les échanges forêt - atmosphère ; la faune mammalienne et ichtyologique ; la biologie et le rôle des termites dans les processus d'humification des sols ; la flore et la perception de la Réserve par la population locale.

L'approfondissement des connaissances sur la diversité biologique, l'amélioration de la fertilité des sols des zones tampons, la réhabilitation des terrains dégradés restent les problèmes préoccupants sur lesquels la coopération internationale pourrait se mobiliser.

Grâce à ses infrastructures, la Réserve de la biosphère de Dimonika a accueilli et peut encore accueillir des ateliers de formation dans les domaines de la gestion et de la conservation des ressources naturelles.


NDEG. 5: LE PARC NATIONAL DE TAï (CôTE D'IVOIRE) : UN MAILLON ESSENTIEL DU PROGRAMME DE CONSERVATION DE LA NATURE.

Yaya SANGARÉ

L'auteur présente tout d'abord le système de conservation de la nature en Côte d'Ivoire avec ses différents niveaux de protection et donne la liste des aires protégées.

Le Parc national de Taï, Réserve de la biosphère et site du Patrimoine mondial, fut créé en 1972. Son origine remonte à 1926. Il est situé dans le sud-ouest de la Côte d'Ivoire, d'une étendue de 454 000 hectares dont l'espace aux alentours du Parc dispose d'une population autochtone de 10 000 habitants qui ne représentent plus que 10 à 20 % de la population totale. Le Parc a une grande diversité biologique et représente l'un des derniers échantillons représentatifs de la faune forestière d'Afrique de l'Ouest. L'essentiel de la végétation du Parc est une forêt primaire dense, dont le noyau central est intact.

Les principales menaces à la protection du Parc viennent d'une part de la pression agricole en périphérie. en raison de la pression démographique et, d'autre part, du braconnage et de l'orpaillage, alors que l'exploitation forestière reste marginale. Une politique publique active de protection de la nature et de sensibilisation des populations, ainsi qu'une coopération internationale intense mettent en place, depuis 1993, un Plan d'aménagement du Parc comprenant des volets de développement durable, d'éco-tourisme et de recherche scientifique.

NDEG. 6: LA RéSERVE DE LA BIOSPHèRE DE MANANARA-NORD (MADAGASCAR) 1988-1994 : BILAN ET PERSPECTIVES.

Noëline RAONDRY, Martha KLEIN, Victor Solo RAKOTONIRINA

Les auteurs de cette étude débutent par une vue d'ensemble de la situation malgache en matière de richesse naturelle et de politique de conservation de l'environnement. Ils considèrent que Madagascar, par sa diversité biologique et par l'étendue de la dégradation de l'environnement, est une priorité mondiale en matière de conservation. Cette dernière devant aller de paire avec une politique de développement en raison de graves difficultés économiques. Aussi, le gouvernement malgache a élaboré une stratégie intégrée de conservation et de développement.

La Réserve de la biosphère de Mananara-Nord s'insère dans cette stratégie et est située sur la côte nord-est de Madagascar. La Réserve couvre environ 140 000 ha. avec une population de 47 200 habitants. Les raisons de la transformation de cette ancienne Forêt classée en Réserve de la biosphère et son processus de création sont décrits. La question de l'intégration des populations locales dans le projet de conservation et de développement est considérée comme l'élément central de sa réussite.

Les acquis de huit années d'expérience du projet et de la mise en oeuvre de la Réserve de la biosphère sont, pour les auteurs, les suivants : l'approfondissement de la connaissance de la région aux niveaux socioculturel et écologique, l'obtention d'une adhésion assez forte de la population au concept proposé par un début de leur responsabilisation dans la protection par l'abandon de la culture sur brûlis dans les Aires protégées, la promotion de groupements divers comme partenaires, l'établissement d'une structure opérationnelle et de relations étroites avec les différents acteurs locaux. Enfin, l'extension des zones irriguées, le développement de paquets technologiques adaptés à la riziculture irriguée et la vulgarisation de méthodes de riziculture pluviale sans brûlis préalables, dont la recherche mérite d'être approfondie, marquent la volonté d'instaurer un développement durable.

La problématique avant la création de la Réserve et les actions mises en oeuvre depuis sa création sont détaillées par les auteurs en annexe, comme d'ailleurs l'ensemble des études réalisées et le fonctionnement des institutions malgaches responsables de la politique de conservation nationale et de la Réserve de Mananara-Nord

NDEG. 7: UNE éTUDE DE L'éCOSYSTèME DE JARDIN DOMESTIQUE DANS LE DELTA DU MéKONG ET LA VILLE D'Hô CHI MINH-VILLE (VIET NAM).

Nguyen Thi Ngoc AN

L'auteur étudie les jardins potagers du sud du Viêt-nam, avec une référence particulière au sol et à la pollution aquatique. Les jardins potagers sont une forme assez importante d'utilisation du sol qui assure, non seulement, un accès minimal à la terre en situation de densité de population élevée, mais encore un supplément de nourriture autoconsommé par le ménage ou vendu sur le marché.

Après une brève présentation du rôle joué par les jardins potagers dans le delta du Mékong et à Hô Chi Minh Ville et de la méthodologie de l'étude, l'auteur analyse les relations systémiques entre les composants des jardins potagers (agriculture, pisciculture et élevage), leur environnement biophysique (forêt, animaux sauvages et rizières) et le marché.

Les caractéristiques du sol sont largement détaillées et 7 types de sol sont définis, desquels ressortent 9 modèles de jardins potagers décrits comme ceux étant sur des sols : légèrement ou hautement alumineux, alluviaux, salins et salins alumineux, de dunes de sables, gris sur d'anciens alluvions de hautes et basses régions et de collines. La pollution aquatique est mise en relief en tant que facteur majeur de l'environnement pour la production des jardins.

Enfin des recommandations sont faites envers les pouvoirs publics, afin qu'ils développent des incitations pour les jardins potagers, et envers les paysans pour qu'ils utilisent engrais, herbicides et insecticides avec prudence, ainsi que des filtres à eau.

NDEG. 8: LA RéSERVE DE LA BIOSPHèRE DE MANU (PéROU).

Gustavo SUAREZ DE FREITAS

La Réserve de la Biosphère de Manu, située au sud-est du Pérou, occupe 1.9 million d'hectares. Environ 6500 Quéchuas et 2000 Amazoniens vivent dans ses limites. La Réserve de la Biosphère de Manu réunit 3 provinces biogéographiques majeures (les provinces de Puna, de Yungas et d'Amazonie). L'altitude s'élève de 200 à 4020 m. La combinaison des conditions topographiques, pédologiques et climatiques, confère à la Réserve de la Biosphère de Manu un niveau de diversité très élevé (site du Patrimoine Mondial Naturel). Certaines espèces de la flore et de la faune sauvages sont menacées.

La Réserve de la Biosphère de Manu comprend 3 zones principales : une zone centrale (le Parc national de Manu) consacrée à la conservation, une zone tampon avec des territoires indigènes et des réserves écologiques privées, une zone de transition aux limites biogéographiques, avec des zones expérimentales, d'application et d'utilisation traditionnelles.

La station biologique de Cocha Cachu permet de mener différents types de recherches sur les espèces biologiques et les écosystèmes. Un inventaire de la biodiversité est en cours dans la Réserve de la Biosphère de Manu depuis 1987. Les recherches sur la planification et le suivi systématique sont aussi menées dans les zones centrale et tampon. Un programme de recherche appliquée vise à mettre en place une gestion soutenue de ressources biologiques comme Cedrela odorata et Podocnemis unifilis. Depuis 1991, un projet en agroforesterie a été lancé (fertilité des sols, agriculture de jachère), complété par l'étude des systèmes d'élevage, de fourrage pour les ruminants et de ressources piscicoles.

Les droits de propriété des populations indigènes sur la terre ont été reconnues par l'État (zones d'utilisation traditionnelle). La colonisation a débuté autour du parc national dans les années quarante, avec les activités d'abattage d'arbres et l'agriculture. Les populations résidentes peuvent profiter des ressources naturelles soit par l'activité minière, la foresterie, l'agriculture de subsistance ou par l'élevage de bétail.

Un projet intégré de conservation et de développement de la Réserve de la Biosphère de Manu a pour objectif de gérer la base de ressources pour améliorer le développement social et économique et pour étendre le champs de la conservation.

La coopération technique et financière à ces activités se fait par des projets menés par FPCN et APECO.

Les plus importants problèmes de conservation et de menace de la Réserve de la Biosphère de Manu sont l'abattage d'arbres et l'extraction d'or. L'impact grandissant du tourisme sur les plantes et animaux sauvages est aussi une source d'inquiétudes.

NDEG. 9: LA RéSERVE DE LA BIOSPHèRE DE BENI (BOLIVIE).

Carmen MIRANDA L.

La Réserve de la Biosphère de Beni est située dans le nord-est de la Bolivie (14deg. 30' S, 66deg. 38' W). Elle occupe 135.000 ha dont 10 % du reste de la forêt atlantique originale. Trois régions biogéographiques principales ont leur jonction sur la Réserve : Amazonie, Chaco et Cerrado. 70 % de la surface est couverte de végétation forestière et le reste par des zones humides.

Deux mille personnes vivent sur le territoire de la Station dont 1200 Chimanes. L'utilisation des ressources naturelles par la population locale comprend la chasse, la pêche, la cueillette, la production artisanale et l'agriculture de subsistance.

Les objectifs de gestion de la Réserve de la Biosphère de Beni couvrent les 3 fonctions des Réserves de la Biosphère : Conservation (protection et conservation de la biodiversité et des processus naturels), Logistique (recherche fondamentale et appliquée, suivi systématique des processus naturels, développement d'indicateurs de durabilité, éducation environnementale et formation) et Développement. (promotion de l'utilisation durable des ressources naturelles, promotion du développement régional et local en incorporant tous les acteurs sociaux concernés dans la planification de la Réserve).

Divers programmes de gestion ont été lancés pour intégrer le développement des communautés locales, avec en particulier:

* Études anthropologiques, démo-graphiques et diagnostiques ;

* Un programme d'éducation environnementale vise à construire un mouvement régional conservationniste grâce à des conférences, des ateliers et par la diffusion dans la population locale ;

* Un programme de gestion des ressources reposant sur le savoir des populations locales concerne la gestion des tortues de rivière amazoniennes et celle du caïman noir ;

* Un programme de recherche scientifique réunissant 45 projets de recherche allant des inventaires biologiques à des thèmes archéologiques et ethnologiques.

Le suivi systématique concerne les effets des prélèvements sur les ressources naturelles aussi bien que l'évaluation des forêts tropicales par clichés satellitaires.

La coopération interinstitutionnelle et la coordination sont développées du niveau local au niveau international, permettant de délivrer des services de consultants aux autres aires protégées.

Des stratégies pour la continuation sont développées dans le cadre d'un plan d'expansion comprenant les thèmes suivants : Pratiques d'utilisation de la terre et gestion des terres de parcours (écosystèmes de savane, îlots forestiers et forêt tropicale sempervirente); gestion des espèces sauvages (flore, faune, écosystèmes); utilisation d'énergies de remplacement. Des bourses universitaires, l'amélioration des infrastructures, des publications et l'acquisition d'un Système d'Information Géographique font également partie du plan d'expansion de la Réserve de Beni.

NDEG. 10: LA RéSERVE DE LA BIOSPHèRE DE LA SIERRA DEL ROSARIO (CUBA).

Maria HERRERA Alvarez, Maritza GARCIA Garcia

La Réserve de la Biosphère cubaine de la Sierra del Rosario (BRSR) est située dans la chaîne de montagne de Guaniguanico, dans la partie occidentale de la Sierra del Rosario, province de Pina del Rio où elle occupe 25.000 hectares. La BRSR héberge une flore comprenant, à ce jour, 600 espèces de plantes supérieures et 250 de plantes inférieures, caractéristiques des écosystèmes tropicaux de montagne et de savane, avec un taux d'endémisme de 34 %. La faune est dans un bon état de conservation et comprend des espèces de grand intérêt pour l'écologie et la conservation, surtout parmi les oiseaux, reptiles, amphibiens et mammifères. La BRSR comprend également les vestiges archéologiques de plantations de café françaises dont certaines ont été restaurées.

Depuis plus de 20 ans, cette réserve est l'objet de recherches scientifiques physiographiques, écologiques, pédologiques, climatologiques et biologiques. En 1968, la région correspondant maintenant à la BRSR avait été l'objet d'un programme de reforestation qui, parmi d'autres mesures, avait contribué à la restauration de l'environnement naturel. L'utilisation de biotechnologies a permis d'améliorer les espèces, en particulier le bétail. Pâturages et forages permettent une utilisation rationnelle des ressources naturelles.

Les infrastructures ont été fortement développées : habitations, avenues, travail social. Ces mesures ont accru la qualité de vie des habitants de la région travaillant dans les centres et les entreprises de la Réserve, comme la foresterie, le tourisme, la recherche.

Dans les travaux à venir, l'éducation environnementale et la communication seront privilégiées. Des études sociologiques et culturelles viennent de commencer. Elles visent à une meilleure connaissance des modes de vie, des difficultés et des aspirations des habitants de la Réserve de la Biosphère.

En coopération internationale, les principaux aspects à envisager sont : les applications des biotechnologies au développement des fertiliseurs (mycorrhyzes, nodules bactériens,...) et des sources d'énergie non conventionnelles (biogaz, énergie solaire,...) ; la coopération régionale et internationale pour la recherche scientifique dans la gestion et la préservation de la biodiversité, dans la réhabilitation des zones dégradées, dans la planification des paysages, dans le développement socio-économique et l'éducation environnementale ; l'intégration de toutes les activités dans la gestion de la BRSR.

Les objectifs futurs de la BRSR sont : mettre en valeur la recherche scientifique et introduire ses résultats dans les plans nationaux forestiers ; introduire de nouveaux thèmes en recherche scientifique ; renforcer le Conseil d'Administration de la BRSR ; mettre en valeur méthodes didactiques et communication au service de l'éducation environnementale ; intensifier le suivi des changements globaux, la coopération internationale entre Réserves de la Biosphère et attirer l'attention sur les 4 Réserves de la Biosphère de Cuba ; insister pour créer de nouvelles Réserves de Biosphère cubaines ; contribuer à l'enseignement spécialisé de pré- et de post-graduation ; obtenir un développement socio-économique homogène dans chacune des 8 communautés de la BRSR ; continuer d'agir pour obtenir de l'UNESCO une reconnaissance en tant que Réserve modèle.

NDEG. 11: LA RéSERVE DE LA BIOSPHèRE D'OMO (NIGERIA).

Augustine O. ISICHEI

La Réserve de la Biosphère d'Omo doit son nom à la rivière Omo qui la traverse. Elle est située entre les latitudes 6deg. 35' et 7deg. 05' N et entre les longitudes 4deg. 19' et 4deg. 40' E dans la zone d'Ijebu, État d'Ogun, sud-ouest du Nigeria. La Réserve fut créée en 1925 et occupe environ 130.500 hectares, à environ 20 km de la côte atlantique dans sa partie la plus méridionale. Au point de vue géologique, la Réserve s'étend sur des roches cristallines du complexe basal indifférencié surmonté, dans sa partie sud, par des dépôts éocènes de sable, argile et graviers. Le terrain est ondulé et l'altitude maximale de 150 m se trouve dans la partie ouest alors que les parties les plus basses de la Réserve sont dans le sud, où la rivière Omo conflue avec la rivière Oni, limite orientale de la Réserve, avant de se jeter dans la Péninsule de Lekki, sur la côte atlantique. Il y a des marais dans le sud, surtout près du confluent des deux rivières. Le sol est tropical ferrugineux (luvisol ferrique selon la nomenclature de la FAO). La pluviométrie annuelle moyenne varie de 1600 à 2000 mm avec deux pics annuels, en Juin et Septembre. Les mois de Novembre et Février sont les mois les plus secs. La Réserve est située dans la zone de forêt pluviale semi-décidue humide. La partie nord de la Réserve est une forêt relativement sèche avec des espèces typiques comme Sterculia rhinopetala alors que Nauclea diderrichii et Terminalia superba sont communs les parties centrales plus humides. Au sud, dans les forêts humides, sur les sols sableux et marécageux, des Lophira et des arbres de la famille des Meliaceae sont communs.

Dans le centre-nord de la Réserve, une Réserve Intégrale Naturelle (RIN) de 460 ha fut établie en 1946 en tant que parcelle vierge et constituée plus tard en RIN. Un sanctuaire pour éléphants a été récemment créé autour de la RIN. Autour du sanctuaire et de la RIN se trouve la zone "ouverte" de la Réserve où sont réalisés diverses expérimentations. Il y a, dans la zone ouverte, environ 8 enclaves, dont certaines sont plutôt grandes et habitées par des fermiers et des chasseurs. Il y a également une scierie et une plantation de Gmelina. Les arbres de la Réserve et les troncs de Gmelina de la plantation alimentent la scierie et les Gmelina sont aussi exploités comme matière première pour la société Iwopin Paper Mill récemment créée par Lekki Peninsular. Les fermiers exploitent également faune et flore sauvage dans la Réserve, pour la viande et pour des produits forestiers autres que le bois. Les fermiers pratiquent le système Taungya de culture par lequel ils participent à la création d'une plantation forestière en soignant les jeunes plants d'arbres pendant les récoltes sur les terres allouées par l'administration de la Réserve.

La Réserve de la Biosphère d'Omo, en compagnie d'autres réserves dans la zone de forêt nigériane à servi de cadre pour des études sur la régénération des forêts tropicales humides, en particulier sur les essences à valeur `économique'. Depuis 1978 elle a été le point focal des activités du Projet Thème Un du Comité MAB Nigérian. Thème Un s'intéresse aux `Effets écologiques de l'augmentation des activités humaines dans les écosystèmes forestiers tropicaux et subtropicaux' et des études ont été menées sur la structure de la forêt naturelle, composition des espèces de plantes et d'animaux, processus de régénération et réponse aux traitements et aux interférences humaines. Il y a eu de profondes inquiétudes sur la diminution du domaine forestier nigérian et sur les changements rapides qui interviennent dans les écosystèmes de forêt, y compris en matière d'activités socio-économiques des populations qui induisent des changements du paysage forestier.

Les études du MAB ont montré que la conversion des forêts naturelles en plantations de Gmelina ne conduit pas nécessairement à une perte totale de biodiversité. Les conversions de forêt sont inévitables dans un futur prévisible en vue de répondre au niveau usuel de la demande de bois et la question de la gestion des plantations pour l'entretien de la biodiversité mérite l'attention de la recherche internationale dans la mesure où les produits forestiers autres que le bois sont davantage demandés. De plus, le secteur forestier rejoint le courant naissant de privatisation de la gestion des ressources naturelles. Déjà, au Nigeria les bénéfices des récoltes de plantations privées sont évidents mais la période de gestation avant que les forêts privées ne puissent être récoltées ne rend pas les forêts privées attractives. La gestion durable des forêts privées et des forêts communales, en opposition aux cultures de subsistance, devrait intéresser de nombreux pays tropicaux.

Les Réserves forestières sont contrôlées localement au Nigeria mais les Réserves Naturelles Intégrales sont gérées par l'Institut de Recherche forestière du Nigeria (FRIN), une agence fédérale Gouvernementale. Il y a eu des conflits d'intérêt en raison des différences de perception des rôles des Réserves. Ce rapport discute ces conflits en termes de conservation de la biodiversité et de développement durable. Des recommandations sont faites pour que les Réserves de la Biosphère soient gérées, d'une part, comme des ressources économiques exploitables et, d'autre part, comme un système supportant globalement la vie.

NDEG. 12: ENVIRONNEMENT NATUREL ET SOCIO-éCONOMIQUE DE LA FORêT CLASSéE DE LA LAMA (BéNIN).

Marcel A. BAGLO, Bonaventure GUEDEGBE

Les auteurs présentent le contexte physique et humain dans lequel s'insère la Forêt classée de la Lama, située dans le sud du pays.

La forêt de Ko est située dans la dépression médiane du Bénin. Les terrains sont constitués de formations secondaires et tertiaires, recouvertes de sables et d'argiles. Les sols argileux sont des vertisols hydromorphes. Le réseau hydrographique est peu développé. Le climat subéquatorial assure une pluviométrie annuelle de 1.100 mm, avec une température moyenne annuelle de 27,3deg. C.

La diversité biologique est élevée. La végétation comprend un ensemble de 5 strates, depuis les arbres de plus de 30 m de haut, jusqu'aux herbacées. Seule la faune de mammifères a fait l'objet d'un inventaire.

Depuis les années 50, la zone est habitée, par des populations "Holli", avec une densité variant de 30 à 200 hab/km2, du nord au sud. Le peuplement humain a provoqué une régression de la forêt, par suite des activités de défrichement liées à la culture sur brûlis. La superficie forestière régresse de 100 à 150 ha par an.

Un programme d'aménagement est en cours de mise en place. Il repose sur une zonation à 3 niveaux : zone I à vocation agro-sylvicole, zone II à vocation sylvicole et zone III en réserve intégrale (zone centrale).

Le projet d'aménagement vise à satisfaire des besoins d'espace pour l'agriculture, à améliorer les revenus des paysans et les infrastructures scolaires, ainsi que diverses activités sociales.

Un programme de recherche scientifique intègre étude de l'écosystème, étude des systèmes de production agricole et études socio-économiques.

NDEG. 13: LA RéSERVE DE LA BIOSPHèRE DE CALAKMUL (MEXIQUE).

Eckart BOEGE

Calakmul est l'une des plus importantes forêts tropicales du Mexique. Son étendue de 723.440 hectares, s'ajoutant à celle des forêts des États Mexicains de Campêche, Chiapas et Quintana Roo, et à celles de Petén au Guatemala et de Belize, constitue la plus importante forêt tropicale de l'Hémisphère Nord Américain. Des restes de cités mayas, abandonnées en 900 de notre ère, montrent que ce n'est pas une forêt vierge. Nous pouvons ainsi observer, de nos jours, une très vaste forêt pluviale résistante, constituant également un phénomène bio-culturel, en ce qui concerne la relation entre nature et société. Nous n'avons pas affaire seulement à une Réserve de Biosphère mais également à un patrimoine culturel de l'humanité.

En 1989, le gouvernement mexicain constituait une partie de cette forêt pluviale maya en Réserve de Biosphère. Dans la zone d'influence et dans la zone tampon, vivent 72 communautés paysannes, dont beaucoup appartiennent à différents groupes ethniques, en particulier à quatre groupes mayas. La plupart des villages se sont développés dans la forêt, à la suite de programmes récents de colonisation qui ont amené dans cette zone des gens venant de 23 états mexicains.

En 1991, une importante expérience associant développement et conservation fut lancée par une organisation paysanne, des ONG et quelques agences gouvernementales. Considérant que la population peut être un facteur de stabilisation aussi bien que le contraire, l'accent fut mis plus sur des activités de persuasion que sur des actions d'interdiction. Afin de garantir la conservation de la Réserve, les activités paysannes locales furent conceptuellement réorientées en occupation sociale de la forêt où conservation et développement sont compatibles. Pour atteindre cet objectif, il fut nécessaire de créer un plan institutionnel, principalement autour d'une organisation régionale de paysans, afin que les objectifs à moyen terme des paysans deviennent un élément actif dans le plan de conservation et de développement. Ce programme concerne la gestion de la forêt naturelle selon le schéma développé dans l'accord Mexico-Allemand et le "Plan Piloto Forestal" de l'état voisin de Quintana Roo.

L'un des problèmes fondamentaux de la zone est que les forêts ont été abattues sélectivement par de grandes entreprises de telle façon que les communautés locales ne peuvent plus vivre de ces ressources. C'est pourquoi il était nécessaire de développer une stratégie qui prenne en considération les usages multiples de ce pays, ce qui est valorisant non seulement pour la ressource de foresterie mais également pour d'autres activités économiques comme l'apiculture, les épices naturels, les palmiers et la gestion de la faune sauvage, tout cela en plus des activités paysannes traditionnelles.

De plus, les programmes archéo-écotouristiques permettent de valoriser le décor naturel et les sites archéologiques de première classe de cette zone. Afin d'ajouter de la valeur aux zones souvent dégradées de la forêt et de la végétation secondaire, il est peu utile de conserver des zones forestières uniquement comme réserves pour l'agriculture de jachère. La production de maïs, améliorée par l'engrais vert et par des cultures de couverture, permettront de stabiliser les parcelles de maïs, remplaçant l'agriculture de jachère par une agriculture permanente. Enfin, les vergers familiaux à usages multiples et l'artisanat permettent d'intégrer femmes et enfants aux travaux de conservation.

L'extension de la méthodologie "peasant to peasant" est utilisée pour apporter une capacité technique régionale.

Photo 10: Quelques responsables de la communauté locale et un garde,
près de la Réserve de la Biosphère de Mananara Nord.

NOTES ET OPINIONS

DOS AU MUR AU SURINAM :
LA POLITIQUE FORESTIèRE D'UN PAYS EN CRISE

[BACKS TO THE WALL IN SURINAME : FOREST POLICY IN A COUNTRY IN CRISIS]

par

N. SIZER, R. RICE

World Resources Institute, Washington, Avril 1995, 46 p.

Ce rapport présente un intérêt tout particulier pour les lecteurs de Perspectives Sud-Sud, car il analyse de façon critique les contrats d'exploitation forestière proposés au Surinam par 3 grandes compagnies, deux d'Indonésie et une de Malaisie, i.e. de pays en développement. Ces contrats pourraient causer d'importants préjudices au futur développement économique et social du Surinam et pourraient avoir des effets environnementaux contraires. C'est pourquoi les relations Sud-Sud doivent, dans certains cas, dissimuler (?) des pôles modèles hautement exploitables (?).... opposés aux principes sur lesquels est fondé ce Programme.

Ignacy SACHS

TROISIEME DE COUVERTURE

TABLE DES MATIèRES

DOCUMENTS DU PROGRAMME

NOTES ET OPINIONS