EMISSIONS SONORES

Ces comportements s'inscrivent au sein du comportement global des animaux, en particulier des comportements sociaux. Les émissions sonores sont des unités motrices qui accompagnent des comportements non vocaux (postures) et réciproquement.

Les sifflements uniques, les sifflements multiples sont considérés comme de réels sifflements, les cordes vocales n'étant pas en vibration(Bassano et al. 1992).

EMISSIONS NON VOCALES

Soufflements rythmiques grognements (Growl, Rhingio).
Eléments de défense. Lorsque l'animal est à l'intérieur de son terrier suite à l'arrivée d'un prédateur (Buffon 1761, Huber 1978, Hainard 1949; similaire au grognement d'un chien, Lenti-Boero 1988-89). Observé chez M. camtschatica doppelmayeri (Ramousse et Le Berre 1994).

Murmure, marmottement, ronronnement de contentement
Expression de bien-être. Lorsqu'on caresse la marmotte ou qu'on lui donne du lait, en captivité. Origine de leur nom en français ? (Hainard 1949) ou le marmottement vient plutôt de marmotter qui vient lui-même de singes qui produisent des mouvements continuels avec leurs babines ou de leur museau aplati.

Entrechoquement des dents (Tooth chatter)
Chez les Rongeurs et les Ruminants qui utilisent les dents comme armes, le grincement de dents résulte d'une friction bruyante par mouvements latéraux des mâchoires et constitue un geste de menace (accompagne souvent une posture offensive ou de menace*, lors de rencontres agressives entre individus de groupes sociaux différents, intervention de l'homme, arrivée d'un intrus d'une autre espèce;). Chez les Rongeurs, l'affûtage et donc l'usure des dents (incisives), est une nécessité, étant donné leur croissance permanente. Les marmottes rongent ainsi les portes, les fenêtres et les structures boisées des chalets de montagne.

Cri d'alarme unique ou sifflement d'alarme (Single whistle, Fischio singolo)
Cri unique, suite à une intrusion à l'intérieur du territoire d'un prédateur (généralement aérien). Il peut être émis quelle que soit la posture de l'animal (Lenti-Boero 1988-89). Cri aigu qui se forme en réalité dans le larynx, la bouche restant ouverte (Hainard 1949). Plus fréquent chez les adultes, souvent suivi de la fuite vers les terriers ou les abris de l'émetteur et de ces congénères.;
A la vue de l'homme, la marmotte peut émettre un cri d'alarme lorsque celui-ci franchit la distance d'alarme. Cette distance d'alarme varie suivant les lieux. Dans les zones où la marmotte est chassée, elle est couramment de 50 mètres.; Si l'homme reste à cette distance, la marmotte reprend souvent son activité. Il n'y a cri d'alarme et fuite dans le terrier que si la distance séparant l'homme et la marmotte devient inférieur à 30 mètres.; Dans les zones très; fréquentée par l'homme et où la marmotte n’est pas chassée, cette distance de fuite peut être très; faible. En cas de surprise par l'homme, si la distance est supérieure à la distance d'alarme, l'animal avertit sans fuir. Dans le cas contraire, elle fuit dans un terrier ou un abri, en criant (Bopp 1955, 1958, Huber 1978).

Cri d'alarme rythmique (Multiple whistle, Fischio multiplo)
Cris répétés en succession plus ou moins rapide, suite à l'intrusion dans le territoire d'un prédateur généralement terrestre (Lenti-Boero 1988-90). La gueule est grande ouverte et les mâchoires s'écartent brusquement à chaque cri. L'animal est le plus souvent en posture assise ou dressée sur ses pattes arrières; à proximité de son terrier. Les reins sont cambrés, la tête tendue en avant, les bras tombant le long du corps, les mains tendues horizontalement ou posées sur le ventre. Très; droite et tendue si son émotion est vive, elle s'assied bientôt, s'affaissant de plus en plus (Hainard 1949). Ce type de cri est émis souvent en présence d'un renard traversant le territoire, ou lors de la pénétration de ce dernier par un troupeau de chamois (Ramousse, observation personnelle). Il n'est jamais émis, à ma connaissance, lors de l'intrusion du territoire par l'homme. Il pourrait avoir, aussi, une fonction de marquage territorial (Perrin 1993). Ces sifflements entraînent souvent la prise de posture assise avec le train arrière; relevé, qui parfois peut être suivie de la fuite.
Ces cris sont accompagnés de différentes expressions faciales. La mâchoire inférieure est largement pendante, la bouche et les joues sont élargies. Entre chaque cris, la mâchoire inférieure reste légèrement; ouverte .

Expression du visage pendant l'émission de cris rythmiques : A. Interruption du signal, la mâchoire inférieure est légèrement ouverte ; B. Émission du cri, la mâchoire inférieure est largement ouverte, la bouche et les joues sont élargies. D'aprés Koenig 1957.

EMISSIONS VOCALES

Aboiement ou jappement (Yelp, Guaito) (Buffon 1761, Huber 1978, Hainard 1949, Lenti-Boero 1988-90)
D'où peut-être le nom, de Mistbelleri, diminutif de petit chien, utilisé dans le Valais de langue allemande (Huber 1978).

Petits cris aigus (Squeaks, Multiple slackened whistle, Fischio multiplo rallentato)
De tonalité basse. Signification peu claire (Lenti-Boero 1988-90).

Cris de douleur, cris perçants ou d'angoisse (Screams, Grida)
Exceptionnel. Cris perçants. Ils sont produits chez des animaux des deux sexes à la suite d'une attaque brutale ou d'une morsure ou à la suite d'une capture (Lenti-Boero 1988-90, Bassano et al. 1991).

? Cri de cohésion
Quel que soit le sexe. Signale souvent la reprise d'activité d'un animal après; une perturbation importante. Emis très; souvent pendant la période infantile par les jeunes et par la mère.;

? Cri de contact social
Quel que soit le sexe. Généralement dans des situations résultant d'un interaction sociale dépourvue de tension, dans les groupes de repos au cours de la phase précédant l'endormissement.

? Cri de dérangement
Apparaît chez les animaux fortement perturbés par des événements sociaux.

? Cri de quête et sifflement d'appel
Emissions généralement répétitives, souvent émises par les jeunes animaux et rare chez l'adulte sauf chez les mères.; Ils s'expriment lors de la perte de contact social chez de jeunes animaux grégaires. Non cité chez la marmotte alpine, il est possible qu'il se produise à l'intérieur du terrier.

? Cri du jeune léché par la mère;
Emission émise par les jeunes dès; le premier jour post-partum. Cette émission s'accompagne du léchage périanal du jeune par la mère.; Le jeune enfoui sous sa mère; tourne vers le haut la partie postérieure de son corps dès; le début de la stimulation tactile et reste immobile et relaxé, émettant le cri durant toute la durée du léchage qui provoque en outre miction et défécation. Non cité chez la marmotte alpine, il est possible qu'il se produise à l'intérieur du terrier.

? Cri de tétée
Il est émis par le jeune lorsqu'il s'enfouit sous la mère; et prend en bouche la mamelle. La posture d'émission comporte toujours l'évagination scrotale (mâle) ou la dilatation vulvaire (femelle) caractéristiques des réactions dites de "lordose précoce". Non cité chez la marmotte alpine, ne pourrait se produire qu'à l'intérieur du terrier.

? Cri sexuel
On le rencontre le plus souvent émis par le mâle adulte courtisant une femelle. Non cité chez la marmotte alpine.

De plus, sachant que les animaux passent une partie importante de leur vie à l'intérieur du sol (terrier) et que les vibrations sonores, ainsi que la lumière;, se propagent très mal à travers le sol, en particulier celles de haute fréquence (5 à 20 kHz), il est probable que les marmottes aient développé des moyens de communications adaptés à ce milieu, comme des ébranlements du sol.