1ère Journée d'Étude sur la Marmotte Alpine, Ramousse R. & Le Berre M. eds. : 35-36.


La marmotte dans le Massif Madrès-Coronat (Pyrénées-Orientales)

Luc CHAZEL



Une population de marmottes des Alpes existe dans ce massif qui culmine à 2.470 m, entre Capcir et Conflent (Pyrénées-Orientales). Cette population ne fait à ce jour l'objet d'aucune étude spécifique, les données collectées à son sujet l'ayant été dans le cadre d'une étude générale sur les mammifères réalisée par Chazel L. et J.P. Pompidor.

ORIGINE DE LA POPULATION

L'origine de la population est bien mal connue. Une étude réalisée en 1985 pour demander le classement en Réserve Naturelle du massif du Madrès, mentionne la date de 1970, sans nous informer plus sur les initiateurs du projet. J.C. Novoa de l'O.N.C dans une communication personnelle donne 1971 et présente l'affaire comme une initiative privée.

DISPERSION ET OCCUPATION DE L'ESPACE

A l'heure actuelle, l'espèce occupe la quasi totalité des secteurs disponibles le long des chaînons axés sur le Madrés. La strate altitudinale d'élection se situe entre 1.700 m et 2.400 m. Les zones habitées sont des secteurs avec pelouses, éboulis et pins à crochets (P. uncinata) en boqueteaux. Les colonies sont établies en versant Sud, Sud-Est et Est de préférence. Les caractères méditerrannéo-montagnards de l'écologie locale favorisent la croissance de la forât en altitude et réalisent pour la marmotte une compression altitudinale des biotopes disponibles.
Un noyau de population s'est installé sur le Mont Coronat (2.172 m), qui constitue une unité géologique distincte de l'ensemble du Madrès auquel elle est reliée par le col de Porthus (1.736 m). Notons que la localisation de ce noyau permet de se demander si cette petite colonie est réellement issue des lâchés précités.
La grande originalité du noyau du Coronat est de s'âtre installé en forât de pins sylvestres. Suivons le déroulement de cette colonisation d'après J.P. Pompidor :
1985-87 : Quelques sujets colonisent une zone de pelouses mixtes et genâts purgatifs. Terriers en forât dense à P. sylvestris (1.700 à 1.750 m).
1989-1990 : Les quinze terriers existants sont abandonnés suite à la construction d'une piste forestière.
07/1991 : Quelques sujets sont retrouvés 500 m au Nord des anciens terriers. Neuf terriers dans une clairière herbeuse à 1.820 m d'altitude.
08/1991 : Site abandonné pour une cause indéterminée.
09/1991 : Neuf terriers sous les pins ou entre les racines, 600 m au Nord-Ouest du dernier.
1992 : De nouveaux terriers sont repérés à la deuxième station (07/91). Ce site est rapidement abandonné du fait de la présence d'un troupeau d'ovins et de chiens (J.P. Pompidor).
Automne 1992 : Les animaux réoccupent le premier site. Pompidor y dénombre 35 à 40 bouches.
Depuis 1985, cette population forestière sans cesse dérangée se maintient sur le site, ce qui est l'élément essentiel.


TENTATIVES DE COMPTAGES

A la différence des autres espèces, la marmotte se prâte à l'observation, aussi est-il tentant d'essayer d'approcher la notion d'effectif.
Nous avons profité à Nohèdes, d'un milieu cloisonné en petites unités facilement observables ; ainsi que des particularités entre individus notables lors d'une observation prolongée pour organiser des "comptages flash". Il s'agit en fait d'observer la totalité de la zone à partir de postes d'observations fixes. Les adhérents de l'association gestionnaire de la Réserve sont invités sur le terrain et sont divisés en groupe sous la conduite d'un "chef d'équipe" choisi sur deux critères, connaissance de la montagne et compétence naturaliste.
Chaque groupe se voit attribuer un secteur, et se trouve muni de feuilles de relevés comportant:
- une carte de secteur,
- le rappel de la méthode,
- le numéro de l'équipe, du secteur et le nom des participants,
- synthèse du comptage/heures.
Les feuilles sont récupérées au point de rendez-vous fixé pour la fin de l'opération.

BILAN DES COMPTAGES

1990 : Trois équipes ont parcouru la zone (Nombre de participants insuffisants pour la création de postes fixes) : quinze marmottes observées. Le mauvais temps a perturbé l'activité des animaux.
1991 : Sept équipes en postes fixes : trente quatre marmottes observées.
1992 : Neuf équipes en postes fixes : 52 marmottes observées.

Du recul est nécessaire pour évaluer la fiabilité de ces comptages, mais le fait de tenir le secteur sous "haute surveillance" pendant plusieurs heures et de s'âtre donné les moyens d'éliminer les "doublons" apporte déjà une précision que des comptages ponctuels par secteur ne fournirait pas. En outre, en l'absence de personnel affecté à cette étude, la participation du public à une telle opération permet de combler en partie le fossé existant entre le naturaliste de terrain et le public.
Cette contribution a été réalisée en étroite coopération avec J.P. Pompidor (pour la partie Coronat) et A. Mangeot pour l'ensemble.

A suivre...

Retour ou sommaire