5ème Journée d'Étude sur la Marmotte Alpine, Ramousse R. & Le Berre M. eds. : .
ISBN : 2-9509900-4-5



La dispersion natale chez la marmotte alpine (Marmota marmota). Modalités et effets de quelques fateurs proximaux.


Magnolon Séverine
Laboratoire de Biologie des Populations d’Altitude, UMR CNRS 5553,
Université Claude Bernard Lyon 1, 69622 Villeurbanne Cédex

 

Résumé de thèse de doctorat d'Université, Lyon 1.

 

La dispersion natale selon Greenwood (1982) fait référence au départ définitif du site de naissance d’un individu avant qu’il ne se soit reproduit. Elle revêt une importance majeure dans la compréhension du fonctionnement des populations. Elle intervient dans leur dynamique, mais aussi dans leur différentiation génétique (via les flux géniques) (Dobson et al. 1999). La compréhension des mécanismes de la dispersion a fait l’objet de nombreuses problématiques. Deux types de causalités ont été envisagées : 1) les facteurs ultimes tels l’évitement de consanguinité, la compétition pour les ressources ou le partenaire et la variabilité de l’environnement. Ils correspondent aux forces de sélection influençant l’évolution de la dispersion et agissent via la valeur sélective (reproduction et à la survie.) 2) les facteurs proximaux : l’ensemble des processus physiologiques et sociaux qui agissent sur l’individu et qui vont provoquer son départ. Parmi eux, il est souvent fait la distinction entre les causes internes (génétique et physiologie), et les causes externes (environnement social principalement). Leur importance n’est pas à négliger car finalement ce sont eux qui déterminent les patrons de dispersion tels qu’on peut les observer.

Dans ce travail, nous nous proposons de travailler sur la dispersion natale d’un rongeur Sciuridé, la marmotte alpine, afin de comprendre les mécanismes de régulation et d’extension de sa population. L’étude a été divisée en deux grands thèmes : 1) Tout d’abord, décrire le processus de dispersion dans la population étudiée. Qui disperse? Comment? Quand? et Où? 2) Rechercher les paramètres pouvant en être la cause par l’étude des facteurs externes (variabilité structurelle du groupe social et de l’environnement social ) et endogènes (masse corporelle, hormone sexuelle).

Conformément à la plupart des mammifères monogames, les deux sexes se dispersent, essentiellement à 2 ou 3 ans, avec toutefois une plus grande probabilité de partir à 2 ans pour les mâles. Les mois de dispersion sont principalement Mai et Juillet pour les 2 ans et Avril et Mai pour les plus âgés, sans préférence d’un sexe pour une période. Environ un tiers des dispersants s’installe sur ou à proximité du site de naissance, sans qu’aucun effet sexe ou mois de départ n’ait été observé. La présence d’une portée pendant l’hiver augmente les probabilités de disperser des mâles et des femelles de 2 ans, alors que la présence ou l’absence de portée durant la saison active n’a pas d’effet. Le changement de mâle dominant tend à faire partir les mâles et à faire rester les femelles, même si ces dernières ont hiberné avec des jeunes. Sur le plan comportemental, il semble que la dispersion des femelles soit précédée d’un déséquilibre relationnel avec la femelle dominante, quel que soit le lien de parenté entre animaux. De plus, un éloignement physique entre femelles dominantes et subordonnées, sans qu’il y ait pour autant marginalisation spatiale, semble précéder leur dispersion. En ce qui concerne les causes endogènes, nous n’avons pas mis en évidence un effet du poids sur la dispersion, contrairement à l’hypothèse du basculement à partir d’un seuil ontogénétique. Par contre, une testostéronémie élevée semble caractériser les dispersants de plus de 2 ans. Chez les 2 ans, bien que les valeurs de dosages soient moins élevées, certains dispersants présentent également une activité endocrine supérieure aux non dispersants.

Bien que nos résultats demandent parfois confirmation du fait de certains effectifs faibles, il apparaît probable que le déclenchement de la dispersion répond à des causes multiples. Chez les mâles, les causes endogènes semblent prépondérantes. L’influence des dominants est réduite, même si nous ne pouvons totalement ignorer la dispersion de certains subordonnés particulièrement agressés. Les coûts métaboliques associés au réchauffement des marmottons pendant l’hiver et/ou la mise en place de la maturité sexuelle et la forte activité endocrine pourraient constituer un stimulus déclencheur du départ. Chez les femelles, un déséquilibre relationnel avec la dominante semble promouvoir leur départ. Contrairement aux mâles, leur patron de dispersion serait donc davantage fonction de paramètres exogènes.

Mots clés : Marmotte alpine, Dispersion natale, Facteurs proximaux, Relations socio-spatiales, Masse corporelle, Testostéronémie.

 

The natal dispersal of Alpine marmot (Marmota marmota): temporal pattern and the influence of some proximal factors.

According to Greenwood (1982) natal dispersal is the departure from the birth site of an individual before it had reproduced. Natal dispersal is of great importance for population biology but its causes are still discussed. In the Alpine marmot, we studied temporal patterning of the dispersal and tested the role of some proximal factors in the departure decision.

As in most of the monogamous mammals, no sexual bias was observed in dispersal pattern. Dispersal occurred at 2 or 3 years of age, but the probability to disperse when 2 years old was higher for males. For all sexes, dispersion occurred mostly on May or July in 2-years-old marmots and on early spring in older ones. About one third of the studied marmots settled on or near of their birth sites. Probabilities to disperse when 2-years-old were higher when juveniles were present during winter, whereas the birth of a litter in summer had no effect. When dominant male was replaced, dispersal probability of subordinate males increased but decreased in females, even if they had hibernate with juveniles. Female dispersal seemed to occur when relationships with dominant female were unbalanced. We observed no body weight differences between dispersers and non dispersers. In males older than two years and some of 2-years-old males, blood amount of testosterone were higher in dispersers than in non-dispersers.

Our results must be validated on greater samples. For males, endogenous factors, i.e. metabolic costs due to social thermoregulation when juveniles were present during hibernation and/or sexual endocrine maturation, may cause dispersal. For females, relationships with the dominant female may cause their departure.

Key words: Alpine marmot, natal dispersal, proximal factors, socio-spatial interrelations, body mass, testosteronemia.

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