Diverses transformations dans le rapport entre homme / marmotte ont eu lieu ces
dernières décennies dans les Alpes françaises. Alors que
l'animal faisait partie, il y a une vingtaine d'années, du régime
alimentaire des habitants locaux et était exploité pour sa
graisse, il a aujourd'hui perdu une grande partie de sa valeur
économique traditionnelle et est passé dans un autre type de
rap-port. L'anthropologie structurale permet de dessiner cette
évolution. Ainsi, la marmotte est passée d'une relation
"amitié/hostilité" au type de relation "métaphore", ce qui
la charge de tabous alimentaires et sexuels. Alors que la marmotte était
intégrée dans les pratiques sociales, elle en est aujourd'hui,
dans certains cas, le moteur. Ce passage a été produit par le
développement du tourisme et l'utilisation consécutive de la
marmotte comme identificateur du milieu alpin. Alors que chasseurs et
agriculteurs se plaignent des dégâts que causent les marmottes,
les autres catégories infirment ces dégâts et, au
contraire, valorisent l'animal en le déclarant indissociable de leur
environnement. Ces types de relations contradictoires entre l'homme et marmotte
au sein d'une même communauté sont plutôt l'indice d'un
conflit sur le futur économique qu'autour de la marmotte.
Mots-clés : Marmota marmota, ethnobiologie, Alpes
françaises, transformation structurale.
Various transformations in the relationship between man and the marmot have
taken place during the last decades in the French Alps. While the animal was,
some twenty years ago, part of the local food diet and exploited for its
grease, it has, nowadays, mostly lost its traditional value and related to the
touristic development, passed into another type of relationship between man and
animal. Structural anthropology enables to show this evolution. So, the marmot
has shifted from a relationship of "friendship/hostility" into a relationship
of the "metaphor-type", which charges the animal with food and sexual taboos
expressed through sexual allusions incorporated in anthropomorphic
representation and literature. While the first type of relationship is found
among farmers and hunters, the second one concerns tourists and local
inhabitants living on tourism. While the first ones are complaining about
damages caused by the marmot, the second ones do not confirm these damages and
enhance the general value of the animal. Fieldwork shows that the conflict
between this two types of relationship is more a conflict about the future
economic development than about the marmot itself.
Key-words: Marmota marmota, ethnobiology, French Alps,
structural transformation.
Exploitée depuis des siècles dans les régions alpines, la marmotte, ou plutôt le rapport entre l'homme et l'animal, a subit une transformation structurale importante avec l'explosion du tourisme et est passée d'un registre dans lequel elle figurait, à travers l'utilisation de la viande, la graisse et la peau, en tant que base matérielle des représentations, à un registre où les conceptions de l'animal sont détachées de toute matérialité et où l'image de la marmotte suffit à la construction des représentations. C'est de ce phénomène que nous allons essayer de rendre compte ici.
Pour ce faire nous allons présenter schéma-tiquement quelques données historiques et ethno-graphiques qui seront regroupées dans deux chapitres : la conception et les utilisations "tradition-nelles" de la marmotte et la conception et les utilisa-tions "modernes" de la marmotte. Ajoutons, toutefois, que le regroupement des phénomènes présentés dans l'une ou l'autre de ces deux catégories est plus un outil méthodologique qui nous permettra, dans la troisième partie, d'appliquer ces données au schéma proposé par Leach (1980) mesurant la distance sociale entre Ego et une espèce animale, qu'une classification judicieusement historique du rapport entre l'homme et l'animal.
Nous essayerons de montrer que la marmotte fait partie de deux niveaux dans le champ de la dis-tance sociale d'où une certaine ambiguïté par rapport à la marmotte. Ce même phénomène permet de com-prendre le malaise qui réside dans l'aveu du chasseur d'avoir tué une marmotte, la diminution de la chasse ainsi que la diminution de l'utilisation traditionnelle de la graisse.
On parle aussi de son terrier comme d'une maison avec égouts et latrines, chambres à coucher et dortoir avec litière de foin séché à la manière de l'homme. Certains décrivent même comment la marmotte rapporte le foin dans son terrier : l'une d'entre-elles se couche sur le dos accomplissant la fonction de chariot (Eblé, Gayot, Hainard 1988, Pline 1952, Buffon 1868).
Mais la marmotte n'est pas un animal domi-nant dans le folklore alpin. Quelques légendes seule-ment nous sont rapportées de Savoie et du Dauphiné (Portail 1951). Résumons ici les principaux éléments. La marmotte y apparaît toujours comme très hu-maine, voire féminine. Parfois adoptée par l'homme, parfois transformée en être humain, elle fonctionne souvent comme une métaphore à la virginité féminine.
Ceci n'est qu'une partie de cette relation entre l'homme et l'animal que nous avons qualifiée de traditionnelle. La deuxième partie est celle liée au mode de subsistance des populations locales. La viande de marmotte, pourtant caractérisée comme ayant un goût "mauvais", "non-aéré", "trop fort", "de terre", de "muscade" ou de "fauve", occupait une place importante dans le régime alimentaire des populations alpines. Une des premières descriptions de la consommation de cette viande est celle donnée par le moine Eckhard de Saint-Gall (en Suisse) vers l'an mille qui incluait la marmotte dans le menu de son monastère. En Savoie, les chasseurs se rappellent que, lors de leur enfance, la marmotte était une des viandes les plus accessibles et consommées.
La graisse, outre le graissage des cuirs et câbles, servait à la guérison des entorses, rhuma-tismes et bronchites (cf. Eblé, Gayot, Hainard, Mulatier 1992; Saint Girons 1973 et Toschi 1965). Les anciens, comme nous le rappellent les habitants de Savoie, pensaient que la graisse de marmotte était si puissante et pénétrante que posée dans le creux de la main, elle la traversait pour réapparaître de l'autre côté. De même qu'une fracture là, où auparavant de la graisse avait été appliquée, ne pouvait que difficile-ment se ressouder. La graisse était parfois aussi appliquée sur les pis des vaches et sur les seins des femmes afin d'éviter le durcissement. Rajoutons que certains témoignent que les femmes enceintes doivent consommer de la viande de marmotte ou appliquer cette graisse sur le ventre afin que l'accouchement se passe sans difficulté.
Résumons les points essentiels avant de passer aux descriptions et utilisations "modernes" de la mar-motte. Le rapport "traditionnel" est d'un double niveau. Le premier décrit l'utilisation concrète de l'animal dans des conditions d'existence difficiles. L'animal est un supplément apprécié dans le régime alimentaire ; et sa graisse sert à de nombreuses utilisations. Le deuxième niveau est plus complexe. La marmotte se substitue à l'être humain et plus spécifiquement à la femme. Qu'il s'agisse de sa morphologie, de son éthologie ou de ses capacités intellectuelles, c'est-à-dire communicatives, la frontière entre l'homme et la marmotte est transparente et le passage de l'un à l'autre possible. La marmotte est ainsi souvent rapprochée de la femme "sexuellement intacte", que l'homme doit conquérir, et sa graisse, imprégnée de la terre dans laquelle elle hiberne, possède des caractéristiques qui, entre autres, favorisent, ou du moins maintiennent, la lactation et facilitent l'accouchement.
La chasse à la marmotte a subit de nombreuses restrictions légales. Cette protection est accompagnée d'une vague de réintroductions et d'introductions depuis la moitié de ce siècle dans les Pyrénées, le Massif Central et les régions alpines. Ces efforts de protection et de repeuplement de la marmotte doivent être reliés à d'autres phénomènes. Ainsi, les chasseurs n'aiment guère avouer avoir tué une marmotte. Les témoignages de la population locale sont souvent contradictoires. Certains disent ne jamais avoir mangé de la marmotte, d'autres qu'elle est parfois, mais rarement, chassée, mais guère consommée. D'autres vont plus loin et affirment qu'elle est consommée mais pas chassée (sic). Les entretiens avec les chasseurs prennent la forme d'anecdotes : d'abord ils prétendent ne pas chasser la marmotte, puis, au fil de la discussion, le chiffre des marmottes tuées peut atteindre vingt marmottes chassées par an et par chasseur.
Certes, la marmotte n'est pas un animal "noble" comme le chamois et on ne peut se vanter de l'avoir tiré. Le trophée, qui est dans le cadre général de la chasse actuelle plus important que la viande elle-même, n'est que peu intéressant et place ainsi la marmotte dans le gibier "plébéiens" (cf. Bromberger & Lenclud 1982). Ajoutons que la protection et les réintroductions de marmottes créent une ambiance dans laquelle le chasseur est "contra-productif" et ne peut publiquement admettre l'avoir chassée ; mais ceci doit aussi être relié à un autre phénomène, de plus grande envergure et aux effets multiples, le tourisme.
Cette branche de l'activité économique est au-jourd'hui à l'origine des bénéfices les plus importants des régions concernées. La marmotte tient une place importante dans ce courant de modernisation de l'économie et de l'infrastructure. Les objets de sou-venirs vendus dans les boutiques, les cartes postales, les toponymes ; tout ce qui est d'une manière ou d'une autre relié au tourisme, présente des marmottes sous toutes les formes et à tous les prix. Anthropo-morphisée, la marmotte accomplit désormais, sur les représentations, des activités humaines, avec en parti-culier un accent sur les activités touristiques, et formule des désirs qui sont propres à l'homme. Elle n'hiberne pas en hiver mais fait du ski et elle ne mange pas de l'herbe mais des sandwiches et des saucisses.
Nous avons donc d'une part, ce que nous avons appelé "traditionnel", une exploitation directe et physique de la marmotte et l'association de l'animal à la femme sexuellement intacte. D'autre part, ce qui a été qualifié de "moderne", une exploitation indirecte de l'animal où la marmotte tient la place de mascotte du monde alpin, où elle est présentée comme possédant des activités et désirs semblables à ceux de l'homme et où il devient donc difficile d'avouer publiquement d'avoir tué ce qui pourtant fait remplir les caisses. Essayons de réunir maintenant ces deux types de rapports dans un même schéma.
Le sujet porte sur le langage, plus spécifi-quement sur l'expression inhibée, le tabou, qui fonc-tionne comme un mode de communication au même titre que le langage verbal. Leach étudie la relation entre catégories d'animaux et des grossièretés ver-bales et montre, en ce qui concerne les injures liées à des animaux, qu'elles ne portent que des connota-tions grossières lorsqu'on attribue de l'efficacité au nom de l'animal lui-même. Ces mêmes animaux font l'objet de règles liées à leur consommation. Ainsi, le dégoût que suscite l'idée de manger un animal (le chien par exemple), est relié à des catégories ver-bales : il y a des contextes dans lesquels on peut penser à l'homme et au chien comme à des êtres de même nature.
La langue place ainsi l'individu au centre d'un espace social ordonné que l'on peut traduire en terme de distance et qui range les animaux dans des catégo-ries selon qu'ils sont bons à manger ou non, corres-pondant à la manière dont les êtres humains sont rangés en catégories par rapport aux relations sexu-elles. Construisons maintenant un tableau résumant les propos de Leach et plaçons-y la marmotte (tableau 1). Elle peut être associée au niveau des animaux vivant dans "les bois et les champs" et sous la protection de l'homme sans toutefois être appri-voisée, c'est-à-dire parmi les animaux bons à manger sous forme sexuelle intacte, au même titre que les voisines avec lesquelles les alliances matrimoniales sont possibles. Rappelons à ce sujet que la marmotte est, en effet, associée à la femme vierge. Vivant sur les alpages et se rapprochant de plus en plus des habitations, mais étant ou ayant été chassée, la mar-motte entretient effectivement un rapport d'amitié / hostilité avec l'homme. D'un côté, elle fournissait la viande et la graisse, de l'autre, elle détériore en creusant, d'après les témoignages des chasseurs et agriculteurs, les prés de fauche et les chalets d'alpage. Et pourtant, comme nous l'avons vu, elle vit sous la protection de l'homme. L'apprivoisement de la marmotte, et donc le rapprochement au foyer, est théoriquement interdit. De ce point de vue, elle fait sans aucun doute partie du niveau "bon à manger", au même titre que les épouses potentielles.
Et pourtant, notamment dans les conceptions et utilisations "modernes" de l'animal, certains phénomènes permettent de la placer à un autre niveau de la "distance sociale". De nombreux indices confirment un rapprochement au domestique : les marmottes étaient et sont encore de nos jours apprivoisées. Et les descriptions de ces marmottes familières paraissent comme des descriptions d'animaux domestiques. La marmotte serait-elle alors aussi "un animal familier" se positionnant donc au premier niveau du tableau, au même titre que "pas bon à manger" et "la prohibition de l'inceste"? Y-a-t'il des phénomènes qui permettent de dire que dans certains cas, manger une marmotte est tabou au même titre que d'épouser sa soeur ?
De nombreux indices permettent de le con-firmer comme, par exemple, une chanson populaire dans laquelle la marmotte fonctionne comme une métaphore à la virginité féminine, ou les nombreuses cartes postales sur lesquelles la marmotte est utilisée pour exprimer des termes chargés de tabous. D'autres exemples montrent que la marmotte, associée au touriste, est passée de la catégorie de ceux qui sont mangés à la catégorie de ceux qui mangent.
La marmotte peut alors être placée à deux niveaux de la distance sociale par rapport à Ego. Résumons ces rapports dans le tableau 2.
Ces rapports différents à la marmotte, suivant l'interlocuteur et le public visé, nous semblent être l'indice de la situation ambiguë qu'occupe la mar-motte de nos jours. Situation qui se reflète dans les contradictions formulées entre les chasseurs d'un côté, et les locaux profitant du tourisme de l'autre. Les premiers voient dans la protection de la marmotte un danger réel pour ce qu'ils aiment appeler la régulation naturelle et ironisent le rapport affectif qui se crée entre l'animal et la population passagère, c'est-à-dire les touristes. Les seconds profitent de la nouvelle situation et de l'explosion de l'image de la marmotte en tant qu'emblème alpin et ne voient que des avantages dans la protection et les réintroductions des marmottes. Cette ambiguïté de la place de la mar-motte, ce conflit latent entre conceptions différentes de l'animal, n'est-il pas alors plutôt le reflet d'un conflit de toute autre nature, celui de la conception du futur économique des régions concernées ?
*****
Les étrangères lointaines Strangers, No kind of social relation | Aucune relation sociale No sexualrelation | Pas bon à manger Not edible | Sauvages et lointains Wild and far |
Les voisines (les amis et ennemis) Neighbours (friends and enemies) | Alliance matrimoniale Alliance by mariage | Bons à manger sous forme sexuelle intacte Edible under sexual intact form | Des bois et des champs Forest and meadows |
Ambiguïté ami / ennemi Ambiguity friend / enemy | Alternance amitié/ hostilité Alternation between friendship and hostility | Sous la protection des hommes mais pas domestiqués Under human protection but not tamed | |
Cousines germaines et "soeurs classificatoires" Cousins and "classificatory sisters" | Prohibition de mariage mais relations sexuelles préliminaires possibles Prohibition of marriage but sexual relations possible | Bons à manger mais souvent animaux non-adultes ou castrés Edible but often non adult or castrated animals |
Domestiques de la ferme Domesticated Animals of the farm |
Les "vraies soeurs" Real sisters | Prohibition de l'inceste Prohibition of incest | Pas bon à manger Not edible | Animaux domestiques House-hold animals |
Bois et champs: bons à manger Forests and meadows: edible | Foyer: pas bon à manger Domestic: non-edible | |
Traditionnel Traditional | Chasse sous forme sexuelle intacte, association à la virginité féminine Hunted if sexually intact, associated with female virginity | Apprivoisement, descriptions anthropomorphiques Taming, anthromorphic descriptions |
Moderne Modern | Protections et réintroductions Protection and reintroduction | Baisse de la chasse et malaise d'avouer avoir tué l'animal. Apprivoisement, métaphore humaine à travers le tourisme et allusions sexuelles humaines exprimées à travers la marmotte Decrease of hunting and discomfort when admitting having killed a marmot. Taming, human metaphore and sexual allusions manifested through the marmot. |
Figure 2. Affiche annonçant un concert de rock et blues
à Bonneval-sur-Arc le 5 août 1994. A poster for a rock and blues concert at Bonneval-sur-Arc, the 5th of August 1994.
| Figure 3. Logo de l'office de tourisme à Avrieux en Queyras. Badge of the tourist information office at Avrieux en Queyras. |
Marmot has been exploited in the Alps region in France for centuries. Because of this, the relationship between man and marmot was submitted to an important structural transformation with the explosion of tourism and has passed from one register in which the animal appeared, through the use of meat, fat and skin as a material basis of representation, to a register in which the conceptions of the animal are separated from all materiality and in which the image of the marmot is sufficient to construct those representations. We will explain this phenomenon in the following lines.
To do so we will schematically present some historic and ethnographic facts, which will be divided in two chapters: the conception and the "traditional" uses of marmot and the conception and the "modern" uses of marmot. We will have to add, however, that the division of the phenomena that are presented in either one of these two categories is more a methodological tool - which will enable us, in the third part, to apply to those facts in the diagram proposed by Leach (1980) mea-suring the social distance between Ego and an animal species, than a judiciously historical classification of the relationship between man and the animal.
We will try to indicate that marmot is part of two levels in the field of social distance hence a certain ambiguity in relation to the marmot. This very phenomena allows us to understand the malaise that resides in a hunter's confession because he has killed a marmot, the decrease of hunting as well as the decrease of the traditional use of fat.
This is only a part of the relationship between man and the animal that we have qualified as a traditional one. The second part is linked with the means of existence of local populations. Marmot meat, yet described as tasting "badly", "not fresh", "too strong", "earthy", "muscadet" or "fawn", was one of the main elements in the diet of Alps populations. Around the year one thousand, one of the first descriptions of the consumption of this meat was given by the monk Eckhard of Saint-Gall (Switzerland) who included marmot meat in the menu of his monastery. In Savoy hunters remember that, during their childhood, marmot meat was one of the most attainable and consumed sorts of meat.
Besides lubrication of leather and cables, fat was used for the cure of strains, rheumatism and bronchitis (i.e. Eblé, Gayot, Hainard, Mulatier 1992, Saint Girons 1973 and Toschi 1965). The ancients, as remind us the inhabitants of Savoy, thought that marmot fat was so powerful and penetrating that when held in the palm of the hand, it would go through it. The same thing happened with a fracture : where fat had been applied, the bone had more difficulties to unite again. The fat was also applied sometimes on cow udders or on women's breasts in order to avoid hardening. Add to this that some people testified that pregnant women should eat marmot meat or apply her fat on their stomach so that the delivery would take place without difficulties.
Let us now summarise the essential points of this part before going to descriptions and "modern" use of the marmot. The first one describes how the animal was used in concrete terms in the hard living conditions. The animal was a nice addition to the diet of those times and the fat was used for numerous purposes. The second level is more complex. The marmot substitutes for a human being and, more specifically, for a woman. Whether it is about its morphology, ethology or its intellectual capacities (communicative abilities), the line between man and the marmot is transparent and it is possible to go from one to another. In this, the marmot is often compared with the "sexually intact" female, who has to be conquered by the male, and her fat, impregnated in the earth in which the marmot hibernates, possesses characteristics that, among other things, favours or at least maintains lactation, and facilitates the delivery.
The hunting for marmots is subject to numerous legal restrictions. From halfway this century this protection was accompanied by a wave of reintro-ductions and introductions in the Pyrenees, Central Massif and the Alps region. These efforts of protection and repopulation of marmot must be linked to another phenomenon. For instance, hunters hardly admit having killed a marmot. Local people's testimonies are often contradictory. Some say they have never eaten marmot meat, others say that marmot is sometimes, but rarely, hunted for but hardly consumed. Some go even further and affirm that marmot meat is consumed but never hunted (sic). Interviews with hunters take the form of anecdotes : at first they pretend never having shot a marmot, but as the conversation goes further, they claim that the number of marmots that are killed may even attain twenty per hunter every year.
It is certain that marmot is not a "noble" animal like chamois and it is not something to boast about when having killed one. The trophy which, generally, in hunting nowadays is more important than the meat itself, becomes less interesting and marmot meat is thus regarded as "plebeian" (Bromberger & Lenclud 1982). Add to this that the protection and reintroduction of marmots creates an environment in which the hunter is "contra-productive" and in which a hunter cannot possibly admit in public that he has killed a marmot. However, this should also be linked to another phenomenon, on a larger scale and with multiple effects, namely tourism.
Today, this branch of economic activities is at the origin of one of the most important gains in the regions concerned. Marmot holds an important place in the course of modernising the economy and infrastructure. Souvenirs sold in shops, postcards, toponyms; everything that is in one way or another related to tourism presents marmots in all kinds of shapes and at all costs.
Marmot is anthromorphized and it therefore carries out human activities on representations, with a stress on touristic activities and it formulates wishes that are proper to man. In winter it does not hibernate but it skis, and it does not eat herbs but sandwiches and sausages (see figures 1, 2 and 3).
On the one hand we therefore have what we call "traditional"; a direct and physical exploitation of marmot and the association of the animal with a woman who is sexually intact. On the other hand we have, what has been qualified as "modern"; an indirect exploitation of the animal where marmot is the alpine mascot, and is represented as possessing human qualities and desires, and where it consequently becomes difficult to admit having killed one. Let us now join those two types of relationships in one table.
The subject is about language, and more specifically about the inhibited expression, the taboo which functions as a communication method in the same way as verbal language: Leach studies the relation between categories of animals and verbal rudeness, and shows that with regard to insults related to animals, they only carry a vulgar connotation when efficacy is attributed in the name of the animal itself. Those animals are also the subject of rules that are linked with their consumption. The dislike that is caused by the idea of eating an animal (a dog for instance), is linked with verbal categories: there are contexts in which we can think of man and a dog as two creatures of the same nature.
In this way language puts the individual in the centre of ordered distances which line up animals in categories that determine whether they can be eaten or not, corresponding to the way humans are lined up in categories according to sexual relations. Let us make a table (tab. 1) in which we summarise Leach's purposes and place the marmot in it.
The marmot can be placed in the category of animals living in forests and meadows, which are protected by man without being tamed, that is to say among edible animals sexually intact in the same way as the neighbours with whom matrimonial alliances are possible.
Considering this, we must not forget that marmot indeed is associated with a virginal woman. Marmot is living in the Alps and is more and more coming up to habitations but due to the fact that the animal has been hunted for years, the relationship between love and hate has grown between man and marmot. On one side, the marmot was providing meat and fat and on the other side it was, according to hunters and farmers, damaging meadows and Alps-chalets.
Nevertheless, it is protected by man. The domes-tication of marmot and consequently bringing the animal to people's houses is, theoretically, prohibited. From this point of view, marmot is beyond any doubt part of the "edible" level, in the same way as potential wives.
However, especially in the conception and "modern" uses of the animal, certain phenomena enable us to place marmot at another level of "social distance". Numerous indications confirm a domestic approach: marmots were and still are tame animals. And descriptions of these familiar marmots show that they resemble descriptions of house-hold animals.
Will marmot then also be a familiar animal and thus be part of the first level in the able, in the same way as "non edible" and "prohibition of incest" for instance? Do phenomena exist which would allow us to claim that, in some cases eating a marmot is taboo just as marrying your sister. Numerous indications enable us to confirm this like, for example, a popular song with a marmot functioning as a metaphor of female virginity, or the numerous postcards where marmot functions as a substitute of humans in sexual and social prohibited contexts. Other examples show that marmot, associated with tourists, has passed on from a category of those which are eaten, to a category of those which eat.
In this way marmot can be placed at two levels of social distance in comparison with Ego. Let us summarise these relations in a table (tab. 2).
These different relationships of man with the marmot appear to us as an indication of the ambiguous position that is occupied by marmot in our days. This position is reflected in contradictions that are formulated between hunters on one hand and local people taking advantage of tourism on the other hand. The first ones see protection of marmot as a real danger for what they like to call natural control. These people ironically speak about the emotional relationship that is created between the animal and the temporary population (tourists).
The second ones take advantage of this new situation and the exploitation of the animal's image that is evoked by marmots as symbols of the French Alps, and they only see advantages in protecting and reintroducing marmots.
This ambiguity concerning the position of the marmot, this hidden conflict between different ideas about the animal, is that not rather a reflection of another kind of conflict; a conflict about the conception of the economic future of the regions concerned?
SAINT-GIRONS M.-Ch. l973. Les Mammifères de France et du Benelux (faune
marine exceptée). Doin, Paris, 482 pp.
TOSCHI A. 1965. Fauna d'Italia. Mammalia, Lagomorpha, Rodentia, Carnivora,
Ungulata, Cetacea. Calderini, Bologna, 647pp.
A suivre
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