Animal emblématique des Alpes, la Marmotte alpine (Marmota
marmota) était éminemment susceptible d'être
touchée par les changements sociaux et culturels intervenus dans les
régions et les populations des montagnes françaises. Son statut
et son image ont évolué au cours des 20 dernières
années. Certaines pratiques et traits culturels anciens, comme dans le
domaine de la chasse, ont disparu ou tendent à disparaître.
L'utilisation, voire l'exploitation, de son image ou de son nom est devenue
courante. Des changements sociaux et culturels notables se sont produits dans
les manières d'exploiter et de gérer la marmotte. Cependant, ses
représentations, artefacts, publicités et promenades modernes ne
sont pas toujours de simples innovations. Des jouets, par exemple, existaient
au 19e siècle, même si leurs formes ou leur signification et usage
sociaux étaient différents. Des pratiques anciennes (capture et
apprivoisement de jeunes marmottes) se sont maintenues jusqu'à nos
jours, mais ont souvent perdu leur sens premier. Dans de nombreuses pratiques
culturelles actuelles, même lorsqu'elles semblent nouvelles, la marmotte
incarne l'identité régionale ou locale, comme par le
passé, et la population s'y réfère pour réaffirmer
son attachement à la région et à la tradition.
Mots-clés : Marmotte alpine, Marmota marmota, Alpes françaises, ethnobiologie, changements
culturels, tourisme, artefacts, apprivoisement, identité
régionale.
Emblematic animal in the Alps, Alpine Marmot (Marmota marmota) was
particularly susceptible to be affected by social and cultural changes that
have taken place in mountain societies for the last decades. Its status and
image have moved in French mountain areas and social groups. Old-time cultural
practices, as marmot-hunting, disappeared or are less and less common. In the
same time, using, or rather exploiting, its image or its name has grown up. Our
ethnological enquiries have brought out that considerable social and cultural
changes have occurred in the ways Alpine Marmot is exploited and managed.
However, it can be said modern representations, artefacts, advertising and
walking tours linked to marmots are not ever mere innovations. Some of them,
like toys were attested in the 19th century, whenever their forms or
their social significance or use were different. Certain ancient practices that
have endured until nowadays, like catching and taming of the young marmots,
have often lost their original meaning. In a lot of current cultural practices,
even if they seem quite new, the marmot embodies the regional or local
identity, as it used to be in the past, and people refer to this animal to
reassert their sense of regional identity and tradition.
Key-words: Alpine marmot, French Alps, ethnobiology, cultural changes, tourism,
artefacts, taming, regional identity.
L'examen des documents historiques ou des témoignages du passé fait apparaître que des pratiques et des comportements concernant les marmottes tels que l'apprivoisement, l'intérêt de touristes, leur représenta-tion dans les arts plastiques, les jouets ou la littérature de jeunesse, existaient dans une certaine mesure pendant les deux derniers siècles. La représentation sociale de la marmotte est complexe et se compose de trois principaux registres de signification, latents ou manifestes mais coexistant dans une image donnée :
- l'animal, ses caractéristiques zoologiques et morphologiques (sommeil, jeu, nourriture, anthropomorphisme),
- un élément de la nature et de la faune alpines régionales,
- un élément des modes de vie et d'organisation sociale traditionnels (chasse et capture).
Quatre principaux types de faits, liés les uns aux autres, vont être abordés : des phénomènes linguistiques, la représentation de la marmotte, les marmottes capturées, les marmottes biens de consommation, en comparant des modèles anciens et actuels afin de déterminer dans quelles limites ces derniers peuvent être présentés comme des nouveautés.
Dans le passé, il était courant d'utiliser le terme "marmotte" pour désigner les Savoyards, et pas seulement lorsqu'ils se trouvaient hors des Alpes, ni uniquement de façon péjorative, contrairement à ce qui a souvent été affirmé. Pendant la Révolution Française, en Savoie les autochtones étaient appelés ainsi, et des pamphlets appelaient au "Réveil de la Marmotte" et à l'ex-pulsion des Sardes hors du pays (Planche 1973). L'évic-tion du roi des Sardes en 1792 a été caricaturée de belle façon : "La Grande Émigration du Roi des Marmottes", montrait le roi Victor-Amédée III pourchassé hors de Savoie par des marmottes et par l'armée française.
Depuis deux ans, Briançon a choisi le slogan "Debout les Marmottes!" pour dynamiser le tourisme estival. C'est l'un des faits qui montrent que le surnom de "Marmotte" n'est plus seulement donné aux autochtones mais aussi aux touristes dans les Alpes. Cette tendance traduit d'abord une allusion aux comportements d'insouciance, d'oisiveté et de jeu caractéristiques des touristes et des marmottes, puis, une volonté d'intégrer des populations extérieures à la population et à l'économie locale, enfin, un amalgame de deux ressources économiques, les marmottes représentant la plus ancienne et les touristes la plus récente.
L'utilisation, voire l'exploitation, du nom et de l'image de la marmotte s'est développée, le plus souvent en passant des domaines géographique, local et traditionnel à ceux du tourisme et du commerce locaux. Il faut souligner que cet usage existe depuis des siècles, manifestant l'intégration de l'homme à l'environnement par la construction d'un espace social s'appuyant sur des repères de l'espace montagnard. Les toponymes géographiques, les microtoponymes, ou les boutiques et structures d'accueil touristiques récentes, dont le nom se réfère à la marmotte, sont généralement liés à la présence de colonies de marmottes dans le proche environnement. A Montdauphin, depuis que des marmottes ont été réintroduites par initiative privée voici quarante ans, une portion de route a été localement surnommée "Le Chemin des Marmottes". Dans d'autres régions, où des marmottes ont été introduites, il y a une trentaine d'années, comme dans le Dévoluy, certains lieux ont reçu le nom de la marmotte. Cependant, les générations actuelles, jeunes ou non, connaissent rarement la signification de certains toponymes existant depuis plusieurs siècles, surtout lorsque ceux-ci appartiennent au dialecte de la région. Par exemple, plusieurs lieux et parties du relief montagnard des Hautes-Alpes portent le nom de "Dormillouse", terme signifiant "marmotte" et connotant soit "l'animal qui dort", soit "lieu où vivent beaucoup de marmottes"; mais beaucoup d'autochtones l'ignorent et seuls quelques témoins nous ont donné des renseignements sur ce terme, sa signification et les localisations de ce toponyme. Il faut souligner que ce terme, encore présent sur les cartes officielles, peut être relevé dans quelques écrits portant sur des pratiques locales (Deborne 1918) mais n'est pas mentionné dans les ouvrages de référence traitant des traditions populaires alpines. La perte de sens est moins développée lorsque c'est le terme français qui est associé au lieu, mais il apparaît avec les formes dérivées. Il est parfois atténué lorsque le toponyme est doublé de la représentation graphique ou matérielle de la marmotte, comme dans le village de Dormillouse, ainsi que dans le cas des nombreuses boutiques et constructions alpines portant le nom de la marmotte.
En France, le petit ramoneur savoyard à la marmotte, qui existaient jusqu'au début du 20ème siècle, est un cliché de l'évocation de la Savoie, des Alpes et de leur population, présent depuis le 18ème siècle dans les chansons populaires, les gravures, les peintures et la littérature. Des cartes postales et photographies du début du siècle présentent des musiciens ambulants de Savoie, portant une marmotte apprivoisée sur leurs épaules. Quelques cartes postales actuelles montrent des enfants, voire des montagnards, posant près d'une marmotte.
Récemment, un concert de rock et de blues s'est déroulé à Bonneval-sur-Arc : il a été signalé par une affiche représentant une marmotte jouant de la guitare électrique. Outre le fait que la marmotte est l'emblème de Bonneval, ce choix est une référence à l'imagerie de la marmotte comme animal savant.
La marmotte était une mascotte pour certaines parties de la population (ramoneurs, quittant leur terre natale), et ses représentations sociales actuelles conservent la référence à cette image du passé. Elle est devenue la mascotte des touristes et des promeneurs dans les Alpes.
Autrefois, en Savoie et d'autres départements alpins, on attrapait et on apprivoisait les jeunes marmottes comme mascottes pour les ramoneurs ou les habitants qui partaient à travers les régions françaises. Les musiciens ambulants originaires des Alpes les montraient comme animaux savants qu'ils faisaient danser. Ces pratiques connues en 1765 (Diderot & Alembert) étaient déjà mentionnées dans des écrits plus anciens. Dans la Ballade de merci, un grand poète français les cite dans une strophe où il est question de bateleurs (Villon 1489). Les marmottes étaient à la fois une source de revenus et des compagnes de voyage. Outre le fait que la marmotte à la réputation de s'apprivoiser facilement, le choix de cette espèce est significatif. Dans l'imaginaire social, l'attachement à la terre natale se manifeste en général par la fréquence des représentations liées à la terre, à la profondeur ou à la maison (Durand 1969). La marmotte a toujours été considérée comme natif des Alpes (Guichonnet 1980), c'est-à-dire liée à la terre natale, au sol et au sous-sol, comme le soulignent à la fois l'étymologie et l'éthologie. Ainsi, la marmotte est tout à fait propre à symboliser les Alpes, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur des régions alpines.
De nos jours, des initiatives privées de natifs des Alpes, signalées soit par leurs auteurs eux-mêmes, soit par des parents, interviennent dans la gestion de la faune régionale en déplaçant des marmottes de leur région d'origine à une autre, souvent lors d'un déménagement. Des témoignages de cet usage se rapportent non seule-ment aux années 1960, mais aussi aux dernières années. Par exemple, il y a deux ou trois ans, une marmotte a été transportée de Dormillouse à Gap par un particulier.
Plusieurs autochtones ont ou ont eu une marmotte apprivoisée. En général, ces gens reproduisent une tradition familiale commune chez les montagnards. Dans la plupart des cas, les marmottons de quelques semaines sont capturés près du terrier et apprivoisés comme un chat, mais il faut prendre la précaution de les garder dans une cave pendant l'hibernation. Dans chaque village, il y a une quarantaine d'années, quelqu'un avait une marmotte à la maison, ou dans l'étable, et les enfants du voisinage venaient lui rendre visite.
Dans ces cas, les marmottes sont souvent consi-dérées comme des petits animaux de compagnie. Cette forme ancienne et traditionnelle de l'apprivoisement de marmottes dans un établissement humain existe en tant que survivance du passé. Il faut la distinguer d'une forme qui en est dérivée, il y a une trentaine d'années, en corrélation directe avec le développement du tourisme.
Le magnétisme de la marmotte, son pouvoir d'attraction, était déjà exploité du 18ème siècle au début du 20ème siècle, mais surtout en dehors des Alpes et dans les villes. Quand les petits ramoneurs et les musiciens ambulants ont disparu, la marmotte était célèbre et elle est devenue une valeur touristique dans les Alpes.
Dès le début du tourisme alpin, les marmottes étaient considérées comme l'une des curiosités des Alpes. Le poème satirique, "La Marmotte" traite d'un touriste venu par le train de Paris à Modane, en proie au seul désir de voir des marmottes et répétant "Je verrai la marmotte" (Bouvier 1907). De nos jours, des prospectus touristiques présentent les marmottes comme des animaux alpins typiques, faciles à voir dans la nature, et promettent : "Vous rencontrerez des marmottes sur le chemin". Les touristes sont presque assurés de voir des marmottes quand ils visitent les Alpes, même en restant dans leurs lieux de résidence. "Venez voir notre famille de marmottes!" suggèrent les prospectus ou le bouche à oreille à Prapic et à Saint-Véran.
L'expression "marmotte en vie", qui apparaissaient dans les vieilles chansons traditionnelles évo-quant les Alpes et leurs travailleurs ambulants (Tiersot 1903) est encore utilisée, à l'état de survivance : à Séez, près de Bourg-Saint-Maurice, elle figure sur un panneau, chez un taxidermiste qui élève deux marmottes dans une cage. L'entrée est gratuite. Dans ce cas, la forme de la pratique a changé, puisque les marmottes apprivoisées, ou plutôt captives, restent dans une cage fixe et non plus dans une boîte de voyage. Cependant, la signification est la même : montrer des marmottes en captivité est un moyen d'attirer public et touristes. A Saint-Véran, la pratique semble presque clandestine : dans le restaurant "La Marmotte", les touristes ne payent pas pour voir les marmottes en captivité, dont la présence n'est pas mentionnée sur les pancartes publicitaires mais est rendue assez célèbre par ouï-dire : cependant, seuls les consommateurs ont le droit d'entrer. Près de la cage, plusieurs panneaux signalent aimablement au visiteur qu'il est en présence d'un élevage privé : il peut nourrir les marmottes mais il lui est interdit de les filmer. Il a cependant la possibilité d'acheter au bar des cartes postales et des bibelots les représentant. Les propriétaires affirment qu'ils ont toujours élevé des marmottes chez eux, avant même la création du restaurant en 1962. Ils sont en fait passés de l'usage privé consistant à garder des marmottes chez soi à une forme d'élevage qui n'est plus réellement privée. Lorsque l'on considère ce que les propriétaires appellent des "éleva-ges privés de marmottes" à Séez, Prapic et Saint-Véran, on peut remarquer que la cage ou l'enclos fonctionne comme une dépendance d'une boutique, d'un restaurant, ou même d'un musée. C'est la nouvelle forme sous laquelle on trouve un usage ancien. La marmotte joue pratiquement le même rôle que lorsqu'elle accompagnait les ramoneurs et les musiciens hors des Alpes, à ceci près que l'animal n'est plus dressé à donner un spectacle et reste dans sa région d'origine dans la majorité des cas. Sa simple présence attire les touristes qui sont alors tout disposés à payer des biens ou des services. Une forme dérivée de cette pratique est la présentation de marmottes naturalisées dans les vitrines des établissements de ce type, actuellement bien développée.
En d'autres termes, les marmottes servent souvent de piège à touristes. "Ils veulent tous voir des marmottes! Et une fois qu'ils les ont vues, ils sont contents", a signalé avec beaucoup de lucidité un témoin âgé, natif de Dormillouse.
Si l'on mange moins de viande de marmotte on peut dire que de nouvelles formes de consommation de la marmotte sont apparues, qui n'existaient pas il y a vingt ou trente ans. Des gâteaux, des liqueurs, du vin, des herbes aromatiques, du thé sont commercialisés avec une étiquette portant la représentation graphique ou le nom de la marmotte. Certaines pâtisseries en forme de marmotte sont confectionnées : des sablés à Bonneval, de la pâte d'amandes à Saint-Véran. Des bonbons et des chocolats ont reçu le nom de "marmottes", ou encore sont désignés par une expression ambiguë en français "crottes de marmottes" pouvant être interprétée comme "chocolat de mar-mottes" ou comme "excréments de marmottes" : le jeu de mots est porteur de sens. D'une part, puisque l'on a une notion de protection de la marmotte comme espèce, mascotte ou animal emblématique, des simulacres de ses excréments deviennent estimables et comestibles. D'autre part, manger des "crottes de marmottes" est différent de manger des marmottes, ce qui correspond à une consommation euphémisée de celles-ci, qui s'inscrit dans la tendance actuelle. La consommation de la viande de marmotte d'usage courant parmi les autochtones dans le passé et les temps de pénurie, s'est réduite à celle de friandises et d'aliments raffinés évoquant la marmotte et présentés comme des produits régionaux pour touristes. Passer du régime carné à des aliments essentiellement composés d'ingrédients végétaux manifeste le fait que l'on considère que la viande de marmotte elle-même ne convient plus à la consommation ou plutôt qu'elle ne convient pas à celle des touristes et des populations venant de l'extérieur.
The marmot social image is complex and consists of three principal registers of signification, which can be latent or patent but coexist in a given representation:
- an animal with zoological and morphologic charac-teristics (sleeping, playing, eating, anthropomorphism),
- an element of the regional mountain nature and fauna,
- an element of traditional ways of life and social organisation (hunting or catching marmots).
Four principal types of facts, that are linked together, are to be approached: linguistic phenomena, representation of the marmot, captured marmots, marmots as consumer goods, with comparing old models to the present ones in order to determine to what extent they can be presented as brand new.
The name "marmot" was used to design Savoy natives, not only when they went outside the Alps nei-ther only pejoratively, contrary to the common asser-tion. During the French Revolution period, in Savoy lampoons claimed the "Revival of the Marmot" and called for expelling Sardinians from the country (Planche 1973). Their eviction in 1792 was illustrated by a caricature entitled: "The Great Emigration of the King of Marmots", showing marmots and the French army hounding King Victor-Amédée The Three out of Savoy.
For two years the municipality of Briançon has chosen the slogan "Get up Marmots!" in order to make the summery tourism more dynamic. This is one of the facts showing that the nickname "Marmot" is no more only given to natives but now to the tourists spending their holidays in the Alps. This tendency traduces firstly a reference to the playing, carefree and idle behaviours which are characteristic of tourists and marmots, secondly a will of integrating outsiders in the local population and economy, thirdly an amalgam of two economic resources, marmots, the earliest one, and tourists, the most recent one.
Using the name or the image of the marmot has increased, often by turning from the traditional, local and geographical fields towards the local tourism and trade. It is necessary to insist on the fact that giving the name of the marmot to certain places has existed for centuries and means the integration of people to their environment by creating a social space based on moun-tain space landmarks. Geographic toponyms, local places or recent shops and tourist installations the name of which refers to the marmot are generally bound to its presence in the next landscape. In Montdauphin, since marmots were reintroduced by a private person, forty years ago, a section of road was locally named "The Way of Marmots" by the inhabitants. In other areas where marmots were introduced thirty years ago, like in Dévoluy, places were given the name of the mar-mot. However, present generations, the young and the not so young, are seldom aware of the signification of certain toponyms existing for centuries, especially when they belong to the provincial dialect. For instance, several places and parts of the mountain are named "Dormillouse" in the Hautes-Alpes, a term meaning "marmot" and connoting either "sleeping animal" either "place where many marmots live"; but a great part of the natives ignore this fact and only few witnesses gave us information about the term, its meaning and the localizations corresponding to this toponym. It is notable that this term, remaining on the official maps, can be found in few writings about local practices (Deborne 1918) but is not mentioned in the works of reference dealing with alpine folk traditions. The problem of the loss of significance is less important when the French term is associated to the place, but it appears with derivative forms. This problem is some-times mitigated when the toponym has been doubled by a material or graphic representation of the marmot, as in the little village of Dormillouse, and in many shops and buildings with the name "Marmot" in the Alps.
In present time, toys are quite numerous among the diverse artefacts and mass-produced objects repre-senting marmots that are commercialised in the alpine tourist shops: wood toys from Queyras, glove puppets, soft toys, rubber toys, puzzles, musical boxes.
Nowadays, synthetic resin decorative statuettes are sold in the whole Alps: they represent the tradition-nal young chimney sweeper coming from Savoy with his tame marmot, and his device "I bring luck". The same motif is reproduced on decorative plates, knick-knack and on few recent postcards. In France, the chimney sweeper or the Savoy child with his marmot, that existed until the beginning of the 20th century, has been a stereotype in the classic evocation of Savoy, the Alps and alpine population through folk songs, prints, pain-tings and literature since the 18th century. Photographs and postcards from the beginning of the 20th century show young itinerant musicians from Savoy, with a tame marmot on their shoulders. Few recent postcards show children, or even typical highlanders near a marmot.
Recently, a rock and blues concert took place in Bonneval-sur-Arc, signalled by an advertisement por-traying a marmot playing electric guitar. Despite the fact the marmot is the Bonneval emblem, this choice is a reference to the social image of marmots as performing animals.
The marmot has kept on to be a mascot for certain parts of the population up to now: it was the mascot of the chimney sweepers, going outside their motherland and the reference to this past image remains in the social representation; it has become the mascot of tourists and walkers in the Alps.
In former time, young marmots were caught and tamed as mascots for the chimney sweepers or the inhabitants of Savoy and the Alps that travelled through French areas; alpine itinerant musicians used to show dancing marmots as performing animals. These prac-tices common in 1765 (Diderot & Alembert) were reported in earliest writings. In his Ballade de merci, a great French poet mentioned marmots in a stanza deal-ing with jugglers (Villon 1489). Marmots were both means of earning and fellow passengers. Despite the fact the marmot is tameable, its choice is meaningful. In social representations the link to the motherland is generally manifested by the frequency of images bound to the ground, the depth or the house (Durand 1969). The marmot has always been considered as autochthonal in the Alps (Guichonnet 1980), i. e. bound to the motherland, to the ground and the underground as sug-gest both etymology and ethology. So, it was convenient to embody the Alps, within as without Alpine regions .
At the present time, private initiatives of alpine natives are reported, either by themselves, either by their relatives, involved in the management of the regional fauna by transplanting marmots from their original area to another one, often when they move them-selves. We have collected witnesses about this practice not only in the years 1960, but also the past few years. For example, a marmot was taken two or three years ago by a private person in Gap from Dormillouse.
Several autochthons are well known for having a tame marmot at home. Others got one when they were younger. Generally, these people have been reproducing an old family tradition common by the highlanders. Usually, young marmots are captured near the burrow when they are few weeks old, and can be tamed just like a cat, but they have to keep in a cellar during hibernation. In every villages, forty years ago, someone had a marmot at home, or in the stable, and children of the neighbourhood used to visit it. In this case, marmots have often been considered as pets. This traditional old form for taming marmots in a settlement, which is a survival of past time, has to be distinguished from a derivated form that appeared decades ago and that is directly linked to the development of tourism.
The attractive power of the marmot (marmot-appeal) was already exploited from the 18th century to the beginning of the 20th century, but especially out of the Alps and in towns. When chimney sweepers and itinerant musicians disappeared, the marmot was famous and has become a tourist worth inside the Alps. From the beginning of alpine tourist trade, marmots were considered as one of the sights of the Alps. A Savoy satirical poetry of the first years of our century entitled "The Marmot" deals with a tourist coming by train from Paris to Modane with the only will to see marmots and repeating the leitmotiv "I'll see the marmot" (Bouvier 1907). Nowadays, many tourist leaflets show marmots as typical and likeable alpine animals easy to see in nature and promise: "You will come across marmots". Tourists are almost sure to see marmots when visiting the Alps, even though they stay in resorts. "Come and see our marmots family" suggest leaflets or oral transmission in Prapic and Saint-Véran.
The "living marmot" formula that appeared in past folk songs concerning the Alps and alpine travelling workers (Tiersot 1903) is still used, as a survival: in Séez, near Bourg-Saint-Maurice, it figures on a placard by a taxidermist keeping two marmots in a cage. There is no pay at the gate. In this instance, the form of the practice has changed since the tame, or rather the captive marmots stay in a cage and no more in a travelling box. However the signification is the same: showing captive marmots is a way of attracting people and tourists. In Saint-Véran, the practice is quite under-hand: tourists do not pay for seeing the captive marmots in the restaurant "La Marmotte", which are not advertised on the placards, but this presence is quite well-known from hearsay and only customers are allowed to enter the place. Once near the cage, several pleasant placards advertise them this is a private breeding: customers can feed the marmots but films are forbidden. However, they can buy postcards and knick-knack in the bar. The owners assert they have always kept marmots, before creating the restaurant in 1962. They changed the private use into a not so private form of keeping marmots at home. When considering the instances of what the owners call "private breeding of marmots", in Séez, Prapic and Saint-Véran, it can be observed that the cage or the enclosure is a dependency of a shop or of a restaurant, or even of a museum. This is a new form for an old use. The marmot plays almost the same role it used to play when travelling with chimney sweepers or musicians outside the Alps, with this difference that the animal is not trained for performing and usually stays in its original region. Its mere presence attracts tourists which are then well disposed to pay for goods and ser-vices. We can suppose a derived form is the presenta-tion of stuffed marmots in the windows of such establishments, which is in current use.
In other words, marmots are often used as tourist trap. "All of them want to see marmots! And once they have seen them, they are glad" reported very lucidly an old native of Dormillouse.
Eating marmot meat has decreased but new forms of eating marmots have occurred which seems to be unknown before the last twenty or thirty years. Commercialised cakes, spirits, wine, aromatic herbs, tea have been labelled with the graphic representation or the name of the marmot. Pastries representing marmots are made in alpine cake shops: shortbread in Bonneval, almond paste in Saint-Véran. Sweets and chocolates have been named "marmots" or have even been given an ambiguous designation "crottes de marmottes" in French meaning either "chocolates of marmots" either "marmot dung's ": the play on words is meaningful. On the one hand, since the marmot is protected as a species, a mascot and an emblematic animal, its false faeces can become worthy and eatable. On the other hand, eating marmot dung's is not eating marmots themselves and corresponds to an euphemistic consumption of marmots, that is the present tendency.
The consumption of marmot meat, in current use in the past and in the times of scarcity for the natives, has been reduced to the consumption of dainties and luxury food suggesting the marmot and labelled as regional produces for tourists. The transposition from the flesh diet in food chiefly consisting of vegetable ingredients manifests the fact that the marmot meat itself is considered as no more eatable, or rather as un-fit for tourists and outsiders consumption.
A suivre
Forward
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