Citation : Bosio J-L. 1994. Aspects économiques des réintroductions de marmottes. D.E.A. , DAAE, Analyse et politique économiques, Économie rurale, spatiale, régionale, Dijon, 49 p.

ANNEXE 5

Consentements à payer pour une réintroduction

ESTIMATION DE LA VALEUR ACCORDÉE À LA PRÉSENCE DE MARMOTTE SUR UN SITE PAR LE CONSENTEMENT À AIDER UNE RÉINTRODUCTION SUR LE SITE QUESTION 47

Valeurs d'usage (de vision) avant correction de renouvellement de CAP

 

Nb de valeurs totales

Nb valeurs 0 extrai-tes

Nb de valeurs non nulles

Valeur minimum non nulle

Valeur maximum non nulle

Valeur moyenne/personne

Population

Valeur totale

Molière "vacances"

40

20

10

50

500

85

11 000

935 000

Molière "week-end"

8

4

3

100

1 000

300

2400

720 000

Vormy "vacances"

21

10

6

50

300

91

3200

291 000

Vormy "week-end"

12

3

6

100

1000

280

700

196 000

Pour les besoins de l'analyse deux CAP ont été modifiés en raison de leur caractère exagéré, l'un de 3000 F, l'autre de 30 000 F équivalent respectivement à 50 % et 100 % du salaire brut mensuel de l'intéressé. Les deux valeurs ont été changées par des CAP de 1000 F.

Extraction des valeurs 0 : elle a été faite pour les personnes répondant aux modalités 1, 2, 3, 13, 14 et 18 de la question 46.

Estimation de la valeur accordée à la présence de marmotte à partir du consentement à aider une réintroduction de marmotte sur le site de Vormy (corrections de renouvellement de CAP effectuées)

 

Vormy "vacances"

Vormy "week-end"

Valeur étudiée

N° modalité

Pourcentage

Valeur

Pourcentage

Valeur

Usage personnel avec prélèvement et option de cet usage

2

0 %

0 F

0 %

0 F

Aménité agrément direct et option d'aménité

4

19 %

25 515 F

22 %

4 235 F

Valeur d'usage

 

19 %

25 515 F

21,6 %

4 235 F

2.1 Dynamisation de la région

1

7 %

9 568 F

12 %

2 420 F

2.2 Usage catégoriel

3

0 %

0 F

0 %

0 F

2.3 Usage non catégoriel

12

2 %

3 189 F

22 %

4 235 F

2.4 Legs

11

12 %

15 947

0 %

0 F

Valeur d'usage par d'autres que soi-même

 

21 %

28 704 F

34,0 %

6 654 F

3.1 Existence de la marmotte sur le site

5, 13, 15

10 %

12 757 F

37 %

7 259 F

3.2 Préservation de l'espèce marmotte

9, 10

0 %

0 F

0 %

0 F

3.3 Préservat° reconstitut° de l'écosystème

6, 7, 8, 14

50 %

66 976 F

7 %

1 452 F

Valeur d'existence

 

60 %

79 733 F

44,4 %

8 711 F

Valeur totale

 

100 %

133 952 F

100 %

19 600 F

Estimation de la valeur accordée à la présence de marmotte à partir du consentement à aider une réintroduction de marmotte sur le site de la Molière

 

La Molière "vacances"

La Molière "week-end"

Valeur étudiée

N° modalité

Pourcentage

Valeur

Pourcentage

Valeur

Usage personnel avec prélèvement et option de cet usage

2

0 %

0 F

0 %

125 F

Aménité agrément direct et option d'aménité

4

23 %

100 805 F

34 %

24 125 F

Valeur d'usage

 

23 %

100 805 F

33,7 %

24 250 F

2.1 Dynamisation de la région

1

0 %

0 F

0 %

125 F

2.2 Usage catégoriel

3

0 %

0 F

0 %

125 F

2.3 Usage non catégoriel

12

16 %

67 203 F

3 %

2 125 F

2.4 Legs

11

3 %

13 441

3 %

2 125 F

Valeur d'usage par d'autres que soi-même

 

19 %

80 644 F

6,3 %

4 500 F

3.1 Existence de la marmotte sur le site

5, 13, 15

11 %

47 042 F

3 %

2 125 F

3.2 Préservation de l'espèce marmotte

9, 10

38 %

161 288 F

28 %

20 125 F

3.3 Préservat° reconstitut° de l'écosystème

6, 7, 8, 14

9 %

40 322 F

28 %

20 125 F

Valeur d'existence

 

58 %

248 652 F

58,9 %

42 375 F

Valeur totale

 

100 %

430 100 F

99 %

71 125 F

Valeurs de présence de marmottes pour les chasseurs (CAP pour une réintroduction)

 

N° Modalité

Montant échantillon

Pourcentage valeur totale échantillon

Valeur estimée (35 chasseurs)

Chasse

3

46 F

5 %

1 619 F

Aménité

2

144 F

14 %

5 045 F

Valeur de prélèvement indirect

14

 

0 %

0 F

Valeur d'usage personnel

   

19 %

6 664 F

         

Chasse par autre chasseurs

4

46 F

5 %

1 619 F

Agrément chasseurs

   

0 %

0 F

Usage par opérateurs touristiques

1

183 F

18 %

6 398 F

Agréent amis

 

0 F

0 %

0 F

Agrément non catégoriel

9

115 F

11 %

4 031 F

Leg

8

208F

20 %

7 264 F

Valeur d'usage par d'autres que soi

54 %

19 311 F

   
         

Marmotte

12 et 7

0 F

0 %

0 F

Faune

6

 

0 %

0F

Ecosystème

10 et 11

271 F

27 %

9 498 F

Valeur d'existence

 

27 %

9 498 F

Valeur totale

1 014 F

100 %

35 473 F

Échantillonage de l'enquête producteurs sur la commune d'Autrans

 

Nb d'établis-sements par activité

Nb d'enquêtés par type d'activité

   

% d'établissements enquêtés

   

Activité 1

Activité 2

Toute activité

 

Village de vacance

2

2

2

100 %

 

Centres de vacances et maisons familiales *

17

7

 

7

41 %

Accompagnateurs moyenne montagne

1

1

 

1

100 %

Bar/snack

10

2

1

3

30 %1

Restaurant

15

2

2

4

27 %

Artisans commerces

18

1

 

1

6 %

Alimentation

9

0

 

0

0 %

Loisirs divers (minigolf, centre équestres,)

3

0

1

1

33 %

Tabacs journaux souvenirs

6

1

 

1

17 %

Articles de sports vente location

5

2

 

2

40 %

Hôtels

11

3

2

5

45 %

Gîtes ruraux, d'étape et refuges

26

5

1

6

23 %

Camping

2

1

 

1

50 %

Agriculteurs

16

3

1

4

25 %

 

141

30

8

38

27 %

En gîtes sont comptés le nombre de personnes possédant un ou plusieurs gîtes.

Concernant la catégorie 2 des centres de vacance et maison familiales ont été enquêtés aussi ceux de la commune voisine (Méaudre).

Annexe 6

Traduction du texte :

Measuring the existence Value of Wildlife

Thomas H. Stevens, Jaime Echeverria, Ronald J. Glass, Tim Hager, and Thomas A. More

Land economics, Volume 67, Number 4, Novembre 1991, pages 390 to 400, Existence

Value of Wildlife

MESURER LA VALEUR D'EXISTENCE DES ESPÈCES SAUVAGES

QUE MONTRE EN RÉALITÉ LES ESTIMAITONS PAR LA MÉTHODE D'ÉVALUATION CONTINGENTE?

l. Introduction

L'utilisation croissante des analyses coûts bénéfice dans la prise de décision en matière d'environnement a soulevé de nombreux débats sur l'évaluation des espèces sauvages.

Une des avancées est qu'il est estimé que les espèces sauvages comportent deux types de valeurs économiques. Des "valeurs d'usage" provenant de la chasse, de la pêche, de l'observation des espèces, et des "valeurs d'existence", afférentes non seulement aux usagers mais aussi à ceux qui ne les utilisent pas directement mais qui toutefois s'y intéressent. Il semblerait que ces derniers temps une focalisation se produise autour de la valeur d'existence, et qu'à première vue ce soit la composante la plus importante de la valeur totale de la faune sauvage. Cependant de nombreuses difficultés persistent et les estimations de la valeur d'existence sont souvent considérées avec scepticisme.

Bien qu'il y ait de nombreuses raisons expliquant ces doutes, un problème fondamental est que bien des défenseurs de la méthode d'évaluation contingente pourraient être incapables ou tout simplement ne pas vouloir donner des réponses sensées aux questions relatives à l'appréciation de la valeur de la faune sauvage. Les défenseurs d'une éthique environnementale objectent que la faune sauvage possède un droit intrinsèque à la vie, indépendant de toute attitude humaine par rapport à son existence. Ces différences de vue ont donné lieu à des affrontements politiques de violence comparable à celle qui a prévalue autour du "snail darter" et du hibou tacheté. Ces discussions suggèrent aussi que les décisions relatives à l'existence de la faune sauvage devraient tenir compte de

principes moraux, ce qui ne peut pas toujours être compatible avec le schéma de fixation d'une valeur utilisé dans l'évaluation contingente.

Cette étude examine la validité de la méthode contingente d'évaluation dans l'estimation de la valeur d'existence de quatre espèces sauvages récemment introduites ou réintroduites en Nouvelle Angleterre : L'aigle chauve, le saumon de l'Atlantique, le dindon sauvage et le coyote. Bien que les résultats soient compatibles avec ceux obtenus dans les études antérieures, de nombreux auteurs avancèrent des convictions morales et des inquiétudes au sujet de la faune sauvage qui ne sont pas sans poser des questions sur la pertinence des estimations monétaires de la valeur d'existence dans les analyses coût-bénéfice.

Harris et al. (1989) interrogent la nature de la prise de décision au travers de l'utilisation de la MEC et suggèrent des critères pour juger de la qualité de la prise de décision. Par exemple, est-ce que les personnes enquêtées estiment de façon adéquate le prix des biens marchands ou non marchands ? Considèrent-ils leur revenu comme une contrainte de façon réaliste ? La prise de décision se fait souvent sous la contrainte d'un stress. Est-ce que la MEC génère trop ou pas assez de stress ? Les personnes interrogées sont-elles familiarisées avec le principe de l'évaluation d'une ressource ? Une inquiétude que l'on peut avoir à ce propos est que les enquêtés minimisent les conséquences des décisions qui seront prises à la suite de leurs réponses dans le cadre de la MEC. Freeman (in Cummings, Brooshire, et Schulze 1986, 50) avance que "dans la MEC il n'y a pas d'inconvénients à donner de fausses réponses et, de ce fait, il n'y a pas d'incitation à entreprendre l'effort de raisonnement nécessaire pour être rigoureux. "

Un des aspects encore plus délicat est que les réponses que l'on peut avoir au sujet de la faune sauvage font appel à la prise de décision basée sur les principes éthiques ou moraux (Kneese et Schulze 1985 ; Sagoff 1988). Harris et al. (1989) nous rappellent que les espèces sauvages sont souvent considérées comme, "n'ayant pas de prix et devant être placées en dehors du marché pour des raisons de conviction spirituelle ou pour d'aunes raisons, considérant que la morale plutôt que les droits relatifs aux échanges et à la propriété devraient être prédominants". Stone (1974) se fait l'avocat d'un système de droits pour les objets naturels, et Elton (1958, 143-45) affirme que : "Il y a quelques million de personnes dans le monde qui pensent que les animaux ont un droit d'existence et qu'ils doivent être laissés en paix, ou qu'ils ne devraient pas être dérangés de quelque façon que ce soit, et encore moins persécutés voire exterminés en tant qu'espèce. Un certain nombre de personnes en reste persuadées même lorsque cela peut être relativement dangereux pour elles- mêmes".

Si ces considérations s'avèrent exactes de nombreuses personnes pourraient ne pas pouvoir ou ne pas vouloir attribuer de valeur ayant un sens économique à l'existence des espèces sauvages.

Les recherches récentes ne donnent que peu d'indications sur ces aspects. Cummings et al. (1986) pense que la fiabilité de la MEC augmente avec le degré de familiarité des participants vis-à-vis du bien évalué, quand ils ont déjà eu des expériences de prise de décision concernant la ressource, et quand l'incertitude est faible. Cependant aucune de ces conditions n'est vérifiée dans le cas de la plupart des espèces sauvages.

Comme l'existence des espèces sauvages est un bien public Mitchell et Carson(1986, 237-47) suggèrent des formes de MEC basées sur les marchés politiques ce qui pourrait impliquer une série de différentes conditions d'application pour la MEC. Par exemple, sur les marchés politiques de biens publics, les détracteurs n'influencent pas les résultats indûment, et toute personne peut s'abstenir. Cependant, la théorie néoclassique n'arrive souvent pas à expliquer de façon exacte les choix individuels de biens publics. D'après Margolis (1987, 17), "En présence de biens publics, le comportement de l'homme économique mû par son intérêt personnel est en contradiction avec l'observation de tous les jours". Une illustration classique est l'incapacité de la théorie néoclassique à expliquer le fait que la plupart des gens votent ; pourquoi une personne ferait-elle l'effort de voter alors qu'il y a très peu de chance pour que son vote ait une influence quelconque sur le résultat.

Beaucoup de personnes seraient motivées par des normes sociales et une sorte d'engagement envers un devoir moral ce qui éloignerait quelque peu les choix individuels du bien-être personnel (Sen 1979 ; Elster 1989), et certaines personnes peuvent avoir des engagements éthiques vis-à-vis de la faune sauvage (Edwards 1986). Gregory (1986) résume l'évidence exprimée à la fois par les économistes et les psychologues qui indiquent que la plupart des axiomes de la théorie de l'utilité sont "systématiquement et consciemment violés" dans l'évaluation contingente des biens publics, et Holmes (1990) a détecté un comportement altruiste dans le vote sur la proposition 65 en Californie. D'ailleurs, un renversement de préférence est un phénomène commun ; les choix individuels entre différentes options sont souvent contredits par les implications que l'on peut tirer d'une demande de valorisation de ces différentes options. D'après Tversky et Thaler (1990), ce phénomène ne peut être

attribué à l'intransitivité ou à une violation de l'axiome d'indépendance de la théorie de l'utilité attendue. "Il semblerait plutôt que cela provienne d'une divergence entre les choix et la fixation d'un prix qui, en fin de compte, est induit par une compatibilité d'échelle" (p 209).

Bien qu'un certain nombre de théories alternatives comme les modèles des perspectives, des portions justes ou le modèle lexicographique ont été développés, il y a peu d'évidence empirique au sujet de la nature de la prise de décision compatible avec des évaluations monétaires, avec le type et la qualité des procédés de prise de décision ou au sujet de la capacité des enquêtés par la MEC à attribuer à l'existence de la faune sauvage des valeurs économiques sensées. Ces différents résultats sont examinés plus loin.

III. Procédures

Deux études utilisant la MEC à partir d'envoi de courrier ont été utilisées dans l'étude. La première s'est penchée sur la valeur économique du programme de tentative de retour du saumon atlantique auprès des résidents du Massachusetts. La deuxième s'est intéressée à la valeur de l'aigle chauve, du dindon sauvage et du coyote en Nouvelle Angleterre. L'enquête utilisant la MEC sur le saumon a été

envoyée a un échantillon choisi au hasard de 1000 habitants du Massachusetts et l'autre enquête (au sujet de l'aigle chauve, du dindon sauvage et du coyote) l'a été auprès de 1500 foyers de Nouvelle Angleterre. Chaque enquête comportait des informations préliminaires, des questions générales sur la pratique d'activités d'extérieur et sur l'importance accordée par l'enquêté à la faune sauvage, des questions relatives aux valeurs personnelles attribuées aux espèces étudiées, et des questions complémentaires qui cherchaient à mettre en évidence la nature et la qualité des prises de décisions personnelles en matière de prix annoncés. Un certain nombre de questions suivaient, qui cherchaient à évaluer la logique des résultats obtenus à partir des questions de valorisation. La méthode de Total Design de Dillman était suivie au travers des deux études.

L'échantillon qui servait à l'enquête sur l'aigle chauve, le dindon sauvage et le coyote était réparti en 5 groupes. Tous reçurent un questionnaire identique excepté en ce qui concerne les questions de valorisation. Le premier groupe ne reçut que des questions de valorisation au sujet de l'aigle chauve. Le deuxième groupe fut enquêté sur le contrôle de l'aigle, le troisième se penchait sur l'aigle chauve et le dindon sauvage, le troisième n'était enquêté que sur la protection du coyote, et le dernier ne concernait que le dindon sauvage.

La plupart des personnes enquêtées n'avaient que peu de contact avec ces espèces. Seulement 12 % des répondants avaient déjà vu des saumons de l'Atlantique en Nouvelle Angleterre, 28 % avaient déjà vu un aigle chauve, 25 % un dindon sauvage, et 24 % un coyote. Ceci avait deux conséquences. Tout d'abord, en majorité les personnes enquêtées connaissaient mal le bien d'environnement évalué. En second lieu il fallait s'attendre à ce que les bénéfices comptabilisés proviennent surtout d'une valeur d'existence définie principalement, selon Loomis (1988), comme une valeur dérivée du fait de savoir que l'espèce existe en Nouvelle Angleterre.

Une méthode de choix dichotomique modifié a été utilisé pour l'étude de la valeur Q. Selon cette approche, les individus sont supposés avoir une fonction d'utilité V, qui dépend des revenus de l'intéressé (Y), d'un état de nature avec ou sans l'espèce (S), et d'un ensemble de facteurs influençant (F) :

V(S,Y;F)

Chaque individu était confronté à un choix entre la perte de la ressource naturelle (S = 0) et un montant d'argent spécifié N, qui pourrait représenter sa contribution afin que survive la ressource naturelle. Le montant (N) était choisi au hasard parmi un certain nombre d'intervalles fixes choisis entre les valeurs extrêmes de 5 $ et de 150 $. Par exemple la question relative à la valorisation de l'aigle chauve était libellée comme suit :

Les efforts effectués en matière de gestion de la faune sauvage, subventionnés en partie par le gouvernement fédéral et local, ont contribué à préserver certaines espèces sauvages du risque de l'extinction. L'aigle chauve et le dindon sauvage, par exemple, ont tous deux été réintroduits en Nouvelle Angleterre. Supposez que des restrictions budgétaires obligent d'arrêter ces programmes et qu'une fondation privée soit crée afin de préserver et protéger l'aigle chauve en Nouvelle Angleterre. Veuillez considérer que l'aigle chauve ne pourra continuer à exister en Nouvelle Angleterre sans la création de ce fond. Est-ce que vous êtes prêt à donner chaque année, pendant 5 ans au moins, une contribution de N $ pour cette fondation ?

Une question similaire d'évaluation a été posée en ce qui concerne les autres espèces.

Ce type de formulation ne donne pas nécessairement l'assurance qu'en cas de contribution l'espèce menacée soit effectivement sauvée, et elle peut inciter à un comportement de "free riding" (passager clandestin). Un individu peut par exemple refuser de payer alors que l'ensemble des autres personnes amène sa contribution.

Les incitations au free riding en matière de MEC sont souvent réduites en utilisant d'autres formes de paiement comme les taxes, qui impliquent un paiement identique pour tout le monde. Le mode de paiement par taxe n'a pas été choisi dans cette étude pour différentes raisons. Compte tenu du climat politique, de telles propositions utilisant des taxes auraient pu entraîner une forte proportion de non réponse liée à des protestations au sujet du mode de paiement.

La contribution volontaire, d'autre part, correspond mieux à la façon usuelle qu'ont les gens de contribuer à) la préservation d'une espèce sauvage. De plus, peu de preuves de free riding ont été mises en évidence dans les études récentes (voir Cummings et al. 1986), et un schéma de donation est ce qu'il y a de plus crédible compte tenu des difficultés budgétaires de la plupart des organismes publics de Nouvelle Angleterre.

Cependant les résultats obtenus à partir d'un schéma de donation doivent être interprétés prudemment. Un certain nombre de personnes enquêtées peuvent considérer cette question d'évaluation davantage comme un moyen d'exprimer un désir personnel pour la préservation de la faune sauvage que la mesure de ce qu'ils sont effectivement prêts à payer. D'autres réponses peuvent aussi correspondre à la satisfaction de contribuer à une "bonne cause" plutôt qu'à l'évaluation de la ressource elle même. A cet effet, il était demandé aux enquêtés, dans une série de questions complémentaires, les raisons pour lesquelles ils voulaient ou pas donner le dit montant .

Il était aussi donné à tous les enquêtés la possibilité de faire une proposition de montant plus petit (ou plus important) que la valeur avancée, N. En conséquence, il est possible de considérer que les réponses proviennent soit d'un questionnaire ouvert soit semi fermé. Comme les différents montants annoncés peuvent induire différentes valeurs estimées, les deux méthodes ont été utilisées dans l'analyse (Voir e.g. , Boyle et Bishop 1988 ; Steller, Stoll, et Chavas 1985 ; et Smith , Desvousges, et Fisher 1986).

En matière de choix dichotomique, seules les personnes qui auraient payé le montant annoncé N sont considérées comme désirant payer. Les enquêtés sont supposés être d'accord de payer si et seulement si la valeur attendue de l'utilité une fois la donation effectuée égale ou excède ce qu'ils décide de verser. La valeur attendue de l'utilité, quand le montant est N, est donné par la formule :

Vd = V(1, Y-N ; F)P1 + V(0, Y-N; F)P2

où P1 et P2 sont les probabilités respectivement associées par chaque individus au fait que l'espèce continue ou pas à exister. La valeur de l'utilité attendue lorsque la donation n'est pas faite est :

Vnd = V(1,Y ; F)P3 + V(0,Y ; F)P4

 

où Pl > P3 et ou P2 < P4

L'individu est supposé être d'accord pour donner le montant N si et seulement si :

Vd >= Vnd

Selon Hanneman (1984) la probabilité du consentement à payer est telle que :

Pr = G(dV)

Ou G est la fonction de probabilité de la composante choisie au hasard de l'utilité et où dV est définie comme l'écart d'utilité attendu.

dV=Vd-Vnd

La probabilité selon laquelle un individu payera le montant spécifié N peut être approximée par G(dV(N))

Une personne enquêtée est supposée vouloir payer le montant N si son surplus équivalent attendu est plus grand ou égal à N, si bien que G(dV(N)) est la même que la probabilité que N

(8) cf texte pour la fonction

Où le paiement individuel A est une mesure directe du surplus équivalent attendu.

Une approximation de l'écart d'utilité dV a été utilisée pour l'analyse empirique.

dV = B1 + B2 logN + B3logY +B4F

où N est le montant proposé par l'enquête, Y le revenu du ménage, et F un vecteur de facteurs conditionnels qui en ce qui concerne l'enquête portant sur l'aigle, le dindon et le coyote comprenait le niveau d'étude, l'âge, le sexe de l'enquêté, et le degré d'intérêt de l'enquêté pour l'espèce. Figuraient aussi un ensemble d'autres variables concernant l'appartenance à une organisation en faveur de l'environnement, relatives au type d'espèces, à la donation ou non dans l'année pour un fond en faveur de la faune sauvage, également relatif au lieu de résidence. En ce qui concerne l'enquête au sujet du saumon, des variables légèrement différentes étaient utilisées, comme l'appartenance à une association sportive (SPT) ou de protection de l'environnement (ENV), une variable traitant de la connaissance préalable du programme de restauration (AWR), et une autre relative au désir de pêcher du saumon dans le futur (OPT).

IV Résultats

Les valeurs que pouvait prendre la variable dépendante de choix pour la ressource d'environnement était soit 0 soit 1 et le modèle logit était utilisé pour obtenir les estimations du paramètre de choix dichotomique présenté dans les tables 2 et 3. La variable dépendante dans le format semi ouvert est le montant ,A , que chaque personne enquêtée paierai. Comme l'intervalle de variation de cette variable est limité (aucune proposition en dessous de 0 $ n'est autorisée), c'est la procédure d'estimation Tobit qui a été utilisé.

Les signes de la plupart des coefficients correspondent aux prévisions. Il fallait aussi s'attendre à ce que les proposition de montant les plus élevés par l'enquête soient les plus susceptibles d'être refusé dans le modèle dichotomique (logit) et les différences entre les espèces sont visibles. Comme la variable correspondant à l'importance des espèces prenait des valeurs croissantes de 1, très important, à quatre, sans importance, il fallait s'attendre à une relation inverse entre cette variable et la volonté de payer. Les personnes enquêtées qui signalaient un désir de pêcher du saumon dans le futur devaient avoir un désir plus fort de contribuer à sa restauration et une relation positive à été trouvée entre le niveau d'éducation et la volonté de payer pour les aigles chauves, les dindons sauvages et les coyotes.

Les valeurs de la faune sauvage sont présentées dans le tableau 4. Les résultats obtenus à partir du modèle de choix dichotomique le furent en intégrant numériquement l'aire située en dessous de chaque fonction de consentement à payer, au dessus du niveau des montants offerts pour les principales valeurs des variables indépendantes. La moyenne des consentements à payer et les estimations du modèle Tobit ont été calculées à partir des données des réponses au questionnaire semi fermé,

V Interprétation et évaluation des résultats

Ces résultats laissent penser que des valeurs d'existence non négligeables sont associées aux aigles chauves, dindons sauvages et saumon Atlantique. Les valeurs estimées sont compatibles avec les études effectuées ailleurs ainsi qu'avec les recherches récentes. Par exemple des études relativement récentes ont mis en évidence des consentements à payer pour la préservation des aigles chauves situés entre 10,62 $ et 75,3l $. Les propositions de consentement à payer pour des espèces beaucoup moins connues, le stripped shiner (shiner à rayure), étaient comprises entre 1 et 5 $ (Boyle et Bishop 1987), et la valeur d'existence du saumon de l'Atlantique a été estimée entre 10 et 30 $ de plus que le consentement à payer pour un permis de pêche par Kay, Brown et Allee (1987).

Comme prévu, le coyote est un animal controversé dont la valeur d'existence est parfois estimée positive mais parfois aussi négative. Il a été observé peu de différence entre les consentements à payer pour la protection du coyote et pour son contrôle (voir tableau 4), et quand il fut demandé si le "coyote devait être complètement protégé", 39 % des personnes ayant répondues à l'enquête étaient d'accord alors que 40 % étaient contre.

L'analyse des questions complémentaires a permis d'avancer que beaucoup des personnes interrogées étaient motivées par l'altruisme et par des considérations éthiques. 79 % des personnes qui répondirent à l'enquête au sujet du saumon étaient d'accord avec l'affirmation suivante, "toutes les espèces animales ont le droit d'exister indépendamment de tout bénéfice ou de toute gêne occasionnée aux humains", et 70 % des personnes ayant répondu à l'enquête ont classé cette raison parmi les trois principales qui justifiaient, selon, eux l'existence des aigles chauves, des dindons sauvages et des coyotes en Nouvelle Angleterre. 6 % seulement des personnes qui répondirent à l'enquête sur le saumon Atlantique donnèrent comme raison principale motivant leur désir de restaurer l'espèce une valeur d'usage actuel ou futur, et seulement 12 % des personnes enquêtées au sujet de l'aigle chauve, du dindon sauvage et du coyote eurent une motivation principale identique en faveur de la préservation de ces espèces en Nouvelle Angleterre.

A la question quelle part respectives de la somme totale que vous consentez à payer attribueriez vous à la valeur d'option et à la valeur d'existence, les personnes ayant répondu à l'enquête sur le saumon ne donnèrent que l5 % de la somme totale à la valeur d'option. Les personnes ayant répondu à l'enquête sur l'aigle chauve, le dindon sauvage et le coyote attribuaient environ 48 % de la totalité de leur consentement à payer à la catégorie correspondant à l'idée d'une valeur d'existence intrinsèque : "parce que les animaux ont le droit d'exister" ; 34 % était attribué à une valeur de legs et seulement 7 % à une valeur d'usage présente ou future.

De toutes les façons, l'analyse des questions complémentaires amène à conclure que les personnes qui ont répondu à l'enquête ne donnaient, en général, pas beaucoup d'importance aux questions d'évaluation : 52 % des personnes qui ont répondu à l'enquête sur le saumon ne pensaient pas que leur réponse pouvait influencer les décisions politiques futures. Une telle constatation est certainement à prendre sérieusement en ligne de compte. Elle pourrait signifier que les personnes ayant répondu à l'enquête ne l'ont pas prise au sérieux.

L'analyse des questions sur les attitudes, l'opinion, et l'importance relative de la faune sauvage pour les enquêtés a démontré qu'un certain nombre de difficultés résidaient encore dans la MEC. Plus de 80 % qui répondirent à l'enquête soulignèrent que les aigles chauves, les dindons sauvages et le saumon de l'Atlantique sont des espèces plus ou moins importantes pour eux. Cependant, 62 % ne donneraient aucune somme pour l'existence des aigles chauves et des dindons sauvages en Nouvelle Angleterre et 64 % ne payeraient rien pour le retour du saumon.

Quand il leur fut demandé pourquoi, seulement 6 % des personnes qui ne voulaient pas payer dire que ces espèces n'étaient pas importantes pour eux. 40 % des personnes refusant de payer pour les aigles chauves ou les dindon sauvages rejetèrent le mode de paiement proposé par la MEC ; ils avancèrent que ces espèces devaient bien être préservées mais que l'argent devait plutôt provenir de taxes ou de .......... 25 % protestèrent en avançant des arguments relatifs à l'éthique, disant que la valeur de la faune sauvage ne pouvait être évaluée en dollar.

Un certain nombre de difficultés peuvent aussi résider dans des biais de non réponse ou d'auto-sélection. Loomis (1987) cite des taux de réponse très faibles, jusqu'à 25ib, et il faut s'attendre pour une enquête classique sur une population moyenne à un pourcentage compris entre 40 et 60 %. Le niveau moyen de réponse à cette enquête fut seulement de 30 % et un test simple sur les biais relatifs aux non-réponses au cours duquel 10 % des personnes n'ayant pas répondu à l'enquête sur le saumon furent contactés par téléphone donna des résultats peu concluants. Les personnes ayant répondues à l'enquête étaient plus aisés et avaient un niveau d'éducation supérieur que le niveau moyen des résidents de Nouvelle Angleterre. Les chasseurs et personnes appartenant à des organisations de protection de l'environnement étaient aussi sur représentées.

Un des résultats plus fondamental réside dans le type de processus de prise de décision utilisé par les personnes désireuses de payer. Edwards (1986), par exemple, suggère qu'il faudrait distinguer parmi les personnes qui répondent à l'enquête ceux qui sont motivés de façon égoïste de ceux qui ont des préférences éthiques. Les égoïstes sont supposés être motivés par leur intérêt personnel et être indifférents aux alternatives qui offrent des niveaux d'utilités personnels équivalents. Cette assertion vient en amont de la méthodologie utilisée ici ainsi que de bien des études sur la valeur d'existence.

Les personnes ayant des sentiments éthiques, au contraire, sont soit disant motivés par un "altruisme authentique" qui, selon Edwards (1986) reflète un engagement envers l'existence de la faune sauvage "qui prend racine dans les convictions personnelles d'un point de vue moral ou éthique, sans soucis de voir le bien-être d'un humain quelconque affecté." (Edwards 1986, 147). Un altruiste pourrait alors choisir en fonction d'un modèle lexicographique alors que les choix, entre argent et faune sauvage, en modèle d'indifférence ou de "trade offs" sont indéfinis.

Une autre possibilité d'interprétation est décrite par la carte lexicographique d'indifférence de la figure 1, où Y* représente un niveau minimum de revenu en dessous duquel l'augmentation du revenu disponible est toujours préféré à la faune sauvage, et au dessus duquel la faune sauvage est toujours préférée à une augmentation du revenu. Si le point A représente la situation initiale, l'individu voudra toujours payer le même montant (Yo-Y*) pour éviter toute réduction de la faune sauvage. Par contre en B, la volonté de payer est indéfinie. Pour chacun des cas le consentement à payer ne mesure pas de surplus équivalent.

Dans cette étude de nombreuses personnes ayant répondues à l'enquête exprimèrent des motivations éthiques relatives à la faune sauvage, l'éventualité d'un comportement lexicographique n'a pas pu être écartée et un certain nombre de personnes ne firent pas de choix rationnels entre argent et faune sauvage. A ce sujet, 44 % des personnes qui ont répondues étaient d'accord avec l'affirmation que "la préservation de la faune sauvage ne devrait pas être influée par la somme d'argent qui pourrait être dépensée dans cette optique" et 67 % des personnes étaient d'accord avec l'idée que, "le plus de faune sauvage possible devrait être préservé, peu importe la somme d'argent que cela doit coûter. "

D'autres résultats sur le comportement de prise de décision des enquêtés ont été obtenus en leur demandant de donner leur accord ou leur désaccord au sujet des affirmations suivantes :

1. Tant que j'ai assez d'argent pour vivre, préserver la faune sauvage est plus important pour moi que de gagner plus d'argent.

2. La préservation de la faune sauvage et l'argent sont aussi important à mes yeux ; mais il faut bien prendre des décisions et je serais prêt à accepter de l'argent en compensation d'une réduction de la faune sauvage.

3. Quelque soit le niveau de mon revenu, avoir plus d'argent sera toujours plus important pour moi que de préserver la faune sauvage.

44 % des personnes qui avaient accepté de payer pour les aigles chauves, les dindons sauvages ou les coyotes étaient d'accord avec la proposition (1) et 56 % n'étaient pas d'accord avec la (2). Les deux tiers des personnes qui avaient répondues à l'enquête sur le saumon dirent qu'un choix entre argent et faune sauvage ne pouvait décrire leur comportement de prise de décision, et 70 % de toutes les personnes ayant répondu donnèrent des réponses qui n'apparurent pas en accord non seulement avec le modèle néoclassique mais aussi lexicographique de comportement. Néanmoins, 80 % des personnes restantes donnèrent des réponses compatibles avec les exigences du modèle lexicographique.

Considérés ensemble ces résultats posent un certain nombre de questions au sujet de la signification et de la validité des estimations de valeur résultantes. Un certain nombre de nos soucis sont relatifs au moyen de paiement utilisé dans le cas de donation. Randall (1986, 114-22) avance que les estimations de consentement à payer (CAP) sont basées sur le type de valeur offerte, le type de

procédé par lequel elle est proposée ainsi que la méthode de paiement, si bien que la valeur estimée du bien ne peut être séparée de la façon de proposer le bien. Considérant ces arguments, les valeurs monétaires d'existence trouvée dans cette enquête peut être interprétée de différentes façons : elles peuvent correspondre à la valeur d'existence de la faune sauvage, ou bien tout simplement refléter le montant qui pourrait être rassemblé au travers de donations privées, ou encore indiquer la valeur qu'il serait possible de rassembler pour une "bonne cause".

Un des résultats encore plus fondamental est de savoir si les personnes ayant répondu firent des choix monétaires sensés, et les données recueillies suggèrent que la majorité des personnes qui désirent payer utilisèrent des modes de prise de décision incompatibles avec le modèle néoclassique de choix entre argent et faune sauvage.

VI Conclusions

Le domaine de compétence de l'évaluation de la faune sauvage s'est considérablement étendu et la valeur économique totale comprendrait pense-t-on les valeurs d'usage courant, d'option, et un certain nombre de sortes de valeurs d'existence. Cette étude suggère que la valeur d'existence serait relativement plus importante que la valeur d'usage. Quand il fut demandé aux enquêtés de faire la part de leur consentement à payer entre valeur d'usage et d'existence, les valeurs d'usage et d'option ne recueillirent que 7 %. 34 % de la valeur fut attribué a une valeur de legs, et 48 % à une valeur d'existence intrinsèque correspondant à l'assertion "parce les animaux ont le droit d'exister indépendamment de tout bénéfice ou dommage causé aux humains".

Cependant un certain nombre de questions demeurent et les résultats de cette étude sont confrontés avec les difficultés fondamentales soulevées par la MEC ; beaucoup de personnes ayant répondu semblent se comporter de façon "irrationnelle". 80 % des personnes ayant répondues à l'enquête dirent que les aigles chauves les dindons sauvages et le saumon de l'Atlantique sont importants pour eux, mais une fois confrontés à une évaluation contingente la majorité refusa de payer. Ils étaient soit incertains du montant avancé, soit protestaient contre le fait d'évaluer la faune sauvage en dollar ou contre le mode de paiement proposé. De plus, la plupart des personnes se déclarant prêtes à payer montrèrent des comportements non compatibles avec la théorie néoclassique qui sous tend la MEC. En bref, cette enquête aurait du demander aux personnes de choisir entre des biens ordinaires (revenu) et un principe moral. Harper (1989) et Opaluch et Segerson (1989) pensent que de tels choix provoquent des conflits et des ambivalences et que le comportement qui en résulte (protestations, refus de répondre, utilisation de jeu lexicographiques) a tendance à être incompatible avec les hypothèses usuelles de préférence.

Ces résultats ont plusieurs implications sur les études coûts avantages appliquées. En premier lieu nous pensons que la MEC ne devrait pas être utilisée pour prendre des décisions en ce qui concerne l'existence de la faune sauvage. Un ensemble important de travaux vont dans le même sens. Le potentiel d'auto-sélection et de biais de non-réponse est élevé, il est fort probable que les résultats de la MEC soient peu sûrs. Randall et Stoll (1983) notèrent notamment que le "snail darter" n'avait pas de valeur économique avant sa découverte. Ainsi de faibles changements dans l'information ou la connaissance seraient susceptibles d'induire des changement significatifs dans la mesure de la valeur d'existence. Brown et Golstein (1984) nous ont rappelé une considération assez proche. Comme le sens de l'évolution naturelle n'est pas connu, nous ne pouvons à l'avance savoir quelle espèce préserver et laquelle sacrifier. En conséquence il se pourrait que la notion de niveau minimum de préservation, qui étudie surtout les coûts nécessaires afin d'éviter une extinction, soit plus prometteuse que l'approche coût-avantage appliquée à une décision d'intérêt public.

Un autre aspect à envisager est qu'il sera sans doute nécessaire d'avoir recours à d'autres modèles de prise de décision individuelle pour de futures analyses de la valeur d'existence. Peu de choses sont connues sur les choix individuels en matière de biens publics qui comportent des engagements éthiques ainsi que des considérations morales. Ainsi il est important de connaître la façon dont les individus perçoivent les questions de la MEC. Les enquêtes relatives à l'étude de la valeur d'existence devraient comporter des questions complémentaires pour examiner la qualité et la nature des procédés de prise de décisions individuels. Un certain nombre de questions sur les motivations devraient être utilisée pour croiser les résultats de l'évaluation monétaire, et une échelle de degré de préférences non monétaires devrait être utilisée en parallèle aux questions d'ordre purement monétaire.