Citation : Bosio J-L. 1994. Aspects économiques des réintroductions de marmottes. D.E.A. , DAAE, Analyse et politique économiques, Économie rurale, spatiale, régionale, Dijon, 49 p.

3. LES RÉINTRODUCTIONS DE MARMOTTES

3.1. L'offre de présence de marmottes sur un site

3.1.1. Localisation des réintroductions

Dans le prochain chapitre sera utilisée la notion de site qui correspond au lieu dit d'une commune où les marmottes ont été lâchées. Une même commune peut comporter plusieurs sites.

Un lâcher de marmottes ne concerne qu'une seule commune et une seule année. Un même lâcher peut concerner plusieurs sites de la même commune, dans la mesure où sur les différents sites les animaux sont amenés la même année.

La notion d'opération de réintroduction sera proche de celle utilisée par Michelot (1993), "Nous considérons ici comme opération, une action menée sur un site donné, même si elle comporte plusieurs lâchers répartis sur plusieurs années". Dans notre cas le recensement de l'ensemble des transferts a été commencé par commune et non par site (Ramousse, doc de travail). Le même principe a été conservé. Aussi une opération de réintroduction pourra, dans la définition que nous donnons, comporter plusieurs sites d'une même commune. Une opération rassemble tous les lâchers d'une même commune quels que soient les sites et les dates de lâcher.

Tableau N° 15 : Localisation des sites de lâchers de marmottes par département

Nb d'opérations

Rhône-Alpes

Auvergne

PACCA

Languedoc

Midi-Pyrénées

Aquitaine

Alsace

Total

D'introductions

14

7

 

1

15

6

1

44

De réintroductions

77

 

2

       

79

De renforcement

39

     

2

   

41

De déplacement

1

           

1

Indéterminées

46

15

       

61

 

Totales

177

7

17

1

17

6

1

226

% la région

78 %

3 %

8 %

0 %

8 %

3 %

0

 

L'essentiel des lâchers d'introduction, de réintroduction, et de repeuplement de marmottes auraient été faits dans la région Rhône Alpes. Il a été possible d'identifier 177 lâchers (qui peuvent correspondre à plusieurs sites) menés sur 132 communes différentes de Rhône Alpes.

3.1.2. Organismes intéressés

Les transferts de marmottes ont été et restent, d'après nos informations, le plus fréquemment faits par des chasseurs. 74 % des opérations dont nous avons pu retrouver la trace on été effectuées par des associations, des sociétés ou des fédérations de chasseurs. Le cas le plus fréquemment rencontré est celui d'une association de chasse agrée (ACCA) ou d'une société de chasse qui fait une demande d'animaux à sa fédération, laquelle entre en contact avec un organisme qui effectue des captures et organise l'envoi, parfois même se charge des frais d'expédition. Plus rarement les ACCA contactent directement un organisme qui peut lui fournir des marmottes ou l'organisme qui capture cherche à placer les marmottes et contacte des ACCA.

De nombreuses opérations de transferts ont été organisées par des administrations, en majorité par des DDAF (cas de la Haute Savoie, de l'Isère et de la Drôme), mais aussi par certaines communes ou organismes regroupant plusieurs communes (Réserve des Bauges, Parc Naturel Régional du Vercors). Quelquefois, il ne s'agissait que du financement d'une opération en général menée par une association (cas du Conseil Général de l'Isère).

Des associations de protection de la nature sont à l'origine de 8 % de la totalité des transferts. Elles travaillent en général en liaison avec les administrations qui financent parfois l'opération.

Le Parc National des Pyrénées est le seul Parc National, à notre connaissance qui ait réintroduit des marmottes.

Tableau N° 16 : Évolutions des parts de réintroductions selon le type d'organisme

Périodes

1931 à 60

61 à 70

71 à 80

81 à 90

91 à 94

Total

Par chasseurs

100 %

45 %

53 %

80 %

77 %

74 %

Parc Nationaux

0 %

36 %

13 %

0 %

0 %

5 %

AP Nature

0 %

9 %

20 %

5 %

9 %

8 %

Administrat°

0%

9 %

13 %

15 %

14 %

13 %

La part relative des différents organismes dans les réintroductions semble se stabiliser depuis les années 1980. La validité des différents pourcentages est d'autant plus forte que la période est récente. Il est probable que la part relative des opérations réalisées par les chasseurs ait été plus grande que celle du tableau notamment avant1980. Les données de destination des animaux provenant des fédérations de chasse des Alpes de Hautes Provence et de Savoie qui fournissent en majorité des ACCA ne sont bien connues que depuis 1982 et 1986 respectivement.

3.1.3. Motivation exprimées et valeurs attendues

Les enquêtes auprès de réintroducteurs et l'analyse des courriers de demandes d'animaux ont permis d'avoir une idée des motivations invoquées par 18 réintroducteurs au sujet de 21 opérations différentes. Les analyses ont été effectuées sur les motivations exprimées à l'occasion de chaque réintroduction. Les pourcentages ont été calculés pour donner un ordre de grandeur de chaque motivation. Celles-ci ont été présentées de façon à permettre un parallèle avec les valeurs de présence de marmottes sur un site accordées par les différentes catégories étudiées "chasseurs", "randonneurs", "producteurs".

Tableau N° 17 : Motivations des organismes réintroducteurs

 

ACCA Chasseurs

Administrations (DDAF ici)

Associations Protection de la nature

Parc National

Motivations

       

Utilisation commerciale personnelle

0 %

0 %

0 %

0 %

Promotion région (commerciale)

16 %

14 %

0 %

0 %

Promotion institutionnelle

8 %

10 %

4 %

0 %

Promotion et usage commercial

24 %

24 %

4 %

0 %

         

Usage de la marmotte gibier (prélèvement)

13 %

0 %

0 %

0 %

Agrément des réintroducteurs

5 %

3 %

15 %

0 %

Agrément des Chasseurs

17 %

3 %

0 %

0 %

Agrément des randonneurs

23 %

13 %

10 %

0 %

Usage

58 %

19 %

25 %

0 %

         

Pour autre animal (aigle, ours)0 %

45 %

46 %

50 %

 

Pour la marmotte

14 %

0 %

0 %

0 %

Pour l'écosystème

4 %

12 %

25 %

50 %

Non usage

18 %

57 %

71 %

100 %

Les chasseurs se distinguent nettement des autres catégories dans le sens où ils seraient surtout motivés par les différents usages humains de la marmotte (et pas simplement ceux des chasseurs). Alors que les autres organismes semblent assez proches dans leurs motivations de leurs "statuts". Il est intéressant de voir que les ACCA ne prennent pas en compte de façon dominante les intérêts de leurs adhérents. Les DDAF équilibrent les différentes motivations de promotion mais privilégient des motivations de non usage de la marmotte. Les APN, tout en n'oubliant pas l'agrément que la marmotte peut procurer à leurs membres et aux randonneurs, privilégient aussi les motivations de non usage. Le parc des Pyrénées ne sort pas de son rôle de protecteur de la nature.

3.1.4. Estimation de la valeur de l'offre de marmotte selon les réintroducteurs

L'analyse détaillée des coûts relatifs à 13 opérations de réintroductions nous a permis de confirmer et de préciser les différences existant entre les réintroductions de différents organismes.

Dans notre analyse n'est pas pris en compte le cas du Parc des Pyrénées.

Parmi les trois catégories d'organismes réintroducteurs les associations de chasseurs se distinguent nettement des deux autres. Les budgets consacrés à une opération et pris en charge par l'ACCA sont faibles, de l'ordre de 150F en moyenne sur les 8 opérations étudiées, et ne comportent que les frais de déplacement des animaux (prise en charge du carburant d'un véhicule individuel). L'essentiel du travail est bénévole et nécessite en moyenne l'équivalent de 5 personnes/jour. Les animaux sont fournis gratuitement, aucun frais de capture n'est à prévoir dans le budget et l'étude préalable de faisabilité consiste en une appréciation rapide du meilleur endroit de la commune qui pourrait accueillir les marmottes. L'opération ne fait pas souvent l'objet d'une compte rendu écrit et le suivi des animaux réintroduits est de fait rarement prévu.

Cependant si un lâcher type monté par une ACCA lui coûterait en moyenne 150 F, ses membres investiraient l'équivalent de 3 000 F en travail bénévole (5 personnes /jour à 600 f/jour) et environ 800 F de location d'un véhicule (en général prêté par un des membres de l'ACCA gracieusement). Considérant qu'en moyenne deux lâchers sont nécessaires le coût total d'une opération serait d'environ 8 000 F.

Les deux autres catégories d'organismes (APN et administrations), qui montent d'ailleurs souvent des opérations en commun, prévoient des budgets plus importants. Le budget moyen de notre échantillon de 4 réintroducteurs est de 17 000 F ; le plus petit budget est de 3 000 F et le plus grand de 35 000 F. Ces budgets prévoient dans 3 des cas rencontrés la prise en charge des captures (achat des animaux aux organismes qui les capturent), de l'intégralité ou partie de leur transport mais aussi des frais d'étude préalable dans les 4 cas rencontrés et parfois des frais de suivi. Cependant, la prise en charge de ces différents frais n'empêche pas que la plupart du travail reste bénévole pour aller chercher les animaux, préparer le site, transporter les caisses jusqu'au lieu de lâcher.

Concernant les lâchers effectués par une APN ou une administration, il sera considéré le budget de la seule opération que nous ayons retrouvée où tous les frais ont été pris en charge à savoir, 35 000 F pour un lâcher et 70 000 F pour une opération (une opération comprend plusieurs lâchers en général, deux dans le cas cité).

Ces coûts sont calculés pour une opération. La valeur de l'offre de présence de marmotte correspondante est du dixième du coût d'une opération (cf. en 124 p 33). Il a été en effet considéré que la présence de marmottes sur un site entraîne des frais (renouvellement de l'opération de lâcher, suivi de la population, mesures de protection) qui équivalent à une opération de réintroduction tous les dix ans.

3.2. Valeur de présence de marmottes sur un site

3.2.1. Valeur de présence de marmottes pour les randonneurs

Cette valeur est estimée à partir d'un certain nombre de valeurs qu'accordent les usagers du site à la présence de marmottes sur le site de transfert. Ces valeurs sont abordées à partir d'une enquête réalisée sur le site lui même. Les valeurs de la présence de marmottes pour les usagers sont étudiées au travers de différents scénarios de paiement : consentements à payer (CAP), consentements à recevoir une certaine somme d'argent (CAR) et consentements à se déplacer et à prendre du temps (CAO). Ces différentes approches utilisent plusieurs scénario de paiement qui, comparés entre eux, doivent permettre de limiter les biais d'évaluation liés aux scénario de paiement proposés.

A l'enquêté sont proposées différentes situations dans lesquelles est inclue la "présence de la marmotte" dont nous essayons d'approcher la valeur : randonnée avec un accompagnateur, parking à proximité de marmottes, réintroduction de l'animal, déplacement pour voir des marmottes. Pour chaque situation il est demandé quel montant maximum serait disposé à payer l'enquêté pour le service proposé (ou quelle distance maximum convertie ensuite en francs, il serait prêt à parcourir). Cependant ces différentes situations de paiement ne sont pas équivalentes. Elles incluent en plus du bien être lié à la présence de marmottes soit les services d'un accompagnateur soit ceux d'un parking... Aussi les consentements à payer, incluant une autre service ou bien, que la présence de marmottes sur un site, seront considérés comme des bornes supérieures de la valeur de la présence de marmottes sur un site.

Les différents modes de paiement (CAP, CAR) sont proposés en versement unique plutôt qu'en versement renouvelable (chaque année par exemple). La demande sera néanmoins calculée sur l'année en considérant la fraction de personnes fréquentant annuellement le site, qui peut être intéressée par la marmotte (on ne considérera pas la période d'hibernation de la marmotte même si une partie des personnes peuvent encore révéler des CAP et CAR non nuls). Nous considérons que la demande se renouvelle chaque année du fait du changement de personnes qui fréquentent le site.

La fréquentation annuelle sera calculée à partir de la fréquentation des 2 mois de vacances scolaires d'été et la fréquentation des samedi et dimanche sur la période où les marmottes ne sont pas en hibernation (d'avril à octobre) (Couturier 1964). N'ayant pas effectué d'enquêtes en dehors de la période de vacances scolaires, les caractéristiques retenues pour la population fréquentant le site en dehors de la période des vacances sera celle des personnes enquêtées en été dont la résidence se situe dans un rayon de moins de 200 km environ.

Pour toute référence au questionnaire usager du site se reporter en annexe n° 1

3.2.1.1. Analyse des consentements à se déplacer de l'enquête " randonneurs"

Cette analyse permettra de faire une première estimation des valeurs d'agrément direct et d'agrément direct futur (cf. tableau N 2 page 22). Ces notions ne sont pas dissociées car elles ne sont pas différenciées dans la plupart des réponses. En effet, la population de marmottes d'un site de transfert est souvent très discrète et de plus son observation reste improbable. Les CAP révélés par les personnes interrogées font souvent implicitement ou explicitement référence à des sites où l'observation de marmottes est aisée. Il est donc difficile de faire la part entre les CAP relatifs à un usage présent de vision de l'animal et les CAP exprimés sous la condition que les marmottes soient visibles "comme dans tel endroit" (valeur d'agrément futur).

D'après les enquêtes effectuées la présence de marmottes sur un site ne "décide" pas les gens à venir visiter le site (aucune des raisons de venue sur le site évoquent le désir d'y voir des animaux, et a fortiori des marmottes). Par contre, un certain nombre d'individus ayant décidé de venir le visiter auront du plaisir à voir des marmottes. La marmotte arrive légèrement en tête des animaux que les enquêtés souhaitent voir sur le site (20 % de réponses contre 19 % pour le chamois et 13 % pour le bouquetin), la marmotte est aussi l'animal dont la vue est la plus appréciée dans les Alpes (25 % des réponses, contre 22 % pour le chamois).

L'individu choisit de venir sur le site en fonction d'autres attraits que la présence de marmottes. Cependant une fois sur le site, son bien-être peut être influencé par la présence de marmottes suivant son intérêt pour l'animal. L'augmentation du bien-être de l'individu relatif "à la vision des marmottes" sur le site est difficile à mesurer. Un des premiers acquis est qu'il n'est jamais assez fort (dans notre échantillon du moins) pour occasionner un déplacement pour voir les marmottes. Une enquête auprès des adhérents d'une société de protection de la nature ou encore mieux un groupe d'enfants aurait certainement donné des résultats différents.

En d'autres termes, et à la vue des motivations de venue sur le site, il a été considéré que la présence de marmottes sur un site ne modifie pas le taux de fréquentation du site mais seulement le bien être des personnes. Nous tenterons de mesurer la variation du bien-être des individus (ou surplus du consommateur) dû à la présence de marmottes, et non une variation de fréquentation du site relative à cette présence.

Dans l'estimation 1 l'accroissement du bien-être dû à "la présence de marmottes" a été mesuré à partir d'une question sur le consentement à se déplacer (CAD) de l'individu pour aller voir des marmottes sur un site équivalent en attraits naturels (autre que la présence de marmottes) au site d'enquête, ainsi qu'à partir de la révélation de la distance parcourue par l'enquêté pour venir sur le site. La différence (CAD-Dist. parcourue) est considérée comme une estimation de la variation de bien-être de l'individu relatif à l'usage (observation) de la "présence de marmottes" sur le site.

C'est aussi une mesure directe du "surplus du consommateur" (ici un usager "randonneur" du site) relatif à la présence de marmottes sur le site.

La relation suivante est utilisée:

CAD (sur un site à marmotte) - Distance parcourue = surplus dû à la présence de marmottes sur le site

Notons le manque d'homogénéité de cette différence où sont utilisés à la fois un consentement à se déplacer qui est hypothétique et une distance réellement parcourue, mais aussi un CAD "pour aller voir" des marmottes et une distance parcourue pour aller sur un site "sans désirer voir" des marmottes.

De plus la confrontation entre la valeur relative à l'offre et à la demande de présence de marmottes nécessite de faire des estimations sur un intervalle de temps identique (cf. paragraphe 124), annuel en l'occurrence. Une des difficultés sera de savoir dans quelle mesure les consentements à se déplacer se renouvellent chaque année. Ce genre de données étant difficile à obtenir néanmoins un certain nombre d'indications permettent de corriger les premières valeurs obtenues ce qui sera fait en conclusion de ce chapitre.

Le calcul de ce surplus pour l'ensemble des usagers du site a nécessité de :

- distinguer le calcul du surplus des usagers du site en fin de semaine (week end) de ceux qui sont en vacances,

- distinguer des zones, selon leur éloignement au site, à l'intérieur desquelles le surplus allait être homogène. Le surplus du consommateur pour voir des marmottes n'étant pas forcément le même selon que les personnes n'ont jamais vu l'animal ou le connaissent bien (personnes habitant la région ou extérieures), il a été considéré des zones à l'intérieur desquelles les déplacements pour venir sur le site seraient similaires. Les calculs n'ont été faits que pour les zones où le surplus révélé était non nul soit pour les zones proches,

- d'estimer les fréquentations respectives des sites. Le calcul du surplus total par type de visite (en fin de semaine ou en vacances) et par site a nécessité de faire une estimation de la fréquentation par zone, par type de visite et par site.

Le calcul du surplus n'est détaillé dans le texte principal que pour le cas de la fréquentation de fin de semaine du site de la Molière. Le calcul des trois autres estimations (surplus des usagers du site en fin de semaine à Vormy et en vacances pour les deux sites) est détaillé en annexe 4.

Site de la Molière (Autrans)

Surplus des fréquentafions de fin de semaine

Tableau N° 18 : Estimantion du nombre de personnes fréquentant le site de la Molière en week end

(de mi-Mai à mi-octobre)

Zone

distance aller

Nb enquêtés

% fréquentat°

Nb personnes

A

0 à 25

3

15 %

432

B

26 à 50

7

35 %

1008

C

50 à 100

2

10 %

288

D

101 à 200

8

40 %

1152

   

20

 

2880

Les pourcentages de fréquentations par zone (de la population) sont déduits de ceux du sous échantillon des personnes enquêtées sur le site et dont le lieu de résidence autorise un déplacement de la journée au cours d'une fin de semaine (résidence comprise dans un rayon de 200 km).

La fréquentation totale du site au cours des week-end a été calculée à part comme suit. N'ayant pas de statistique de fréquentation du site, il a été considéré une fréquentation de 40 voitures en moyenne pour un week-end (Mme Roulet, gardienne de refuge de la Robertière, com. pers.), une moyenne de 3 personnes par voiture et une période de calcul correspondant à la période au cours de laquelle les marmottes sont visibles, et le site accessible, soit 5 mois (20 week-end). Cette période comprend les deux mois d'été au cours desquels nous avons fait l'hypothèse que la fréquentation de week-end s'ajoute à la fréquentation de vacances le samedi et le dimanche. La période de 5 mois s'explique d'après la durée d'hibernation moyenne des marmottes (mi-Avril mi-Octobre) et par les conditions d'accessibilité au site qui rendent difficile l'accès de mi-Avril à mi-Mai (dégagement de la route, fonte des congères de neige).

Les pourcentages de fréquentation par zone d'origine des usagers sont appliqués à la fréquentation totale du site en week-end pour donner les sous-totaux de fréquentation par zone (en week-end).

L'échantillon considéré pour le calcul du surplus est celui des personnes habitant dans un rayon de 200 km maximum donc résidant dans une des zones A, B, C ou D (voir tableau ci-dessous). Les surplus sont nuls à partir de la zone E. En effet, les CAD révélés sont insuffisants pour se rendre sur le site étudié.

Le pourcentage de personnes révélant un surplus positif a été calculé par zone ainsi que le montant moyen de ce surplus. Nous constatons que le surplus en zone D est nul et que la moyenne des surplus positifs est croissante de A à C, alors que le pourcentage de personnes révélant un surplus positif décroît.

Tableau N° 19 : Surplus des "randonneurs" en week-end par zone de distance

     

Consentement à se déplacer (CAD)

Surplus : CAD- déplacement

Zone

distance aller en km

déplacement moyen (km)

% des CAD > 0

Moyenne CAD (>0) (Km)

% Surplomb > 0

Moyenne en km des surplus (>0)

A

0 à 25

23

38 %

93

38 %

58

B

26 à 50

74

27 %

160

27 %

93

C

50 à 100

127

17 %

300

17%

150

D

101 à 200

296

36 %

200

0 %

0

Le déplacement moyen augmente de A vers D, les zones étant choisies d'après leur éloignement croissant. Le consentement moyen à se déplacer pour aller voir des marmottes augmente aussi (à part entre C et D). En effet, les personnes qui proviennent de zones de plus en plus distantes du site sont aussi de plus en plus éloignées de l'arc alpin où elles savent pouvoir trouver des marmottes.

Lorsque la question sur le consentement maximum à se déplacer pour voir des marmottes est posée, les enquêtés faisaient souvent "à voix haute" le raisonnement suivant : "J'ai l'habitude d'aller voir des marmottes à tel endroit distant de tel nombre de km, est-ce que je ferais ce déplacement pour un week-end ?" La réponse que donne l'individu est celle du déplacement usuel qu'il a l'habitude de faire pour aller voir des marmottes ou un animal auquel il tient, mais il ne s'agit pas du déplacement maximum que ferait l'individu pour voir des marmottes. Si les marmottes étaient plus distantes il pourrait encore désirer faire un déplacement pour les voir. Il augmenterait de ce fait sa révélation de CAD et de surplus. Il révélera plus facilement la distance qu'il consent usuellement à faire que la distance maximum qu'il ferait.

En d'autre terme les CAD déclarés ne semble pas être des CAD maximum.

Mais dans un tel raisonnement, il est visible qu'un certain nombre de personnes habitant dans les zones proches d'un site à marmottes révéleront non pas leur consentement maximum à se déplacer mais une valeur inférieure. Au cours de l'enquête il était difficile de savoir si la valeur du consentement à se déplacer révélée était exacte ou sous estimée, aussi seront proposées deux hypothèses qui donneront une fourchette d'estimation.

Hypothèse 1 :

Les consentements à se déplacer révélés sont tous des CAD maximum. Les différences entre les zones, entre les pourcentages de personnes révélant des CAD positifs et le niveau moyen des CAD s'expliquent par des différences de goûts des consommateurs : les personnes habitant plus près des Alpes connaissent mieux la marmotte et sont donc moins motivées pour aller en voir (par exemple). Dans ce cas le surplus est estimé en multipliant zone par zone le CAD moyen et la fréquentation du site (cf. tableau n° ).

La conversion en francs du surplus (calculé à l'origine en km) est obtenue en considérant un coût kilométrique de 0,5 F/km (consommation de 8 l/100 km à 6 F/l) et un coût du temps passé dans le transport estimé entre 1/2 et1/4 du salaire (Desaigues et Point, 1993). Seule la dépense en carburant est considérée, à l'exclusion d'autres frais relatifs à l'amortissement du véhicule ou aux réparations, considérant que la majorité des personnes ne font habituellement intervenir dans le calcul des frais de transport relatifs au véhicule que le carburant.

Nous avons considéré un coût horaire du temps de transport, pour l'ensemble des personnes, égal en moyenne à 1/4 du salaire net moyen de notre échantillon, en partant de 160 heures travaillées par mois. Le temps passé dans le transport a été estimé à partir du trajet aller retour et d'une moyenne de 60 km/h. Le salaire brut moyen de l'échantillon est de 17 453 F ce qui donne un coût horaire du transport de 20 F (cotisations salariales estimées à 25 % du salaire brut).

Tableau N° 20 : Surplus total des "randonneurs" le week-end sur la Molière (hypothèse 1)

Zone

Intervalle distance aller

Nb de pers. Visitant le site

% pers. dont le surplus est positif

Nb dont le surplus est positif

Surplus moyen en francs

Surplus par zone

Importance de la zone dans le total

A

0 à 25

360

38 %

135

49

6 584 F

22 %

B

26 à 50

840

27 %

229

78

17 915

61 %

C

50 à 100

240

17 %

40

126

5 045 F

17 %

D

101 à 200

960

0 %

0

252

0F

0 %

Total personnes

2400

 

Surplus hypothèse 1

29 545 F

   

Dans cette hypothèse le surplus des "randonneurs" en week-end est estimé à 30 000 francs.

Hypothèse 2 :

Les consentements à se déplacer révélés ne sont pas forcément des CAD maximum. Il est supposé que dans les différentes zones les goûts de consommateurs sont identiques et les différences de révélation de CAD par zone s'expliquent par l'éloignement croissant des zones. Dans ce cas, si l'on porte sur un graphique les points correspondant aux trois zones A, B et C, on obtient une relation entre le pourcentage de révélation de surplus positif et la hauteur du surplus de la population des zones A, B et C.

Le calcul consiste à considérer qu'un certain nombre de personnes de la zone A (38 % - 27 % des 432 personnes) (voir tableau N° 21) venant sur le site ont un surplus maximum égal en moyenne au surplus de base 107 F tel qu'ils l'avaient annoncé, alors que (27 % - 17 %) de ces personnes ont un surplus supérieur (171 F en l'occurrence), et les derniers (17 % - 0 %)ont un surplus maximum de 276 F. Le calcul de proche en proche dans le tableau N° 21 donne cette fois une estimation du surplus des "randonneurs" du site de la Molière.

Tableau N° 21 : Surplus total des "randonneurs" le week-end sur la Molière (hypothèse 2)

Niveau du surplus

1

2

3

Surplus moyen en distance

58

93

150

Surplus par zone

Importance relative des zones

Surplus moyen en francs

49

78

126

 

Zones

Intervalles

% pers. S 0

Nombre de personnes par niveau de surplus

A

0 à 25

38 %

37

38

60

12 350 F

29 %

B

26 à 50

27 %

89

140

0

24 626 F

59 %

C

50 à 100

17 %

40

0

0

5 045 F

12 %

D

101 à 200

0 %

0

0

0

   

Nb de personnes totales/niveau surplus

37

127

240

Surplus total

Surplus total par niveau de surplus

1 796 F

9 953 F

30 272 F

42 021 F

Dans ce cas (hypothèse 2) nous obtenons une estimation maximum du surplus total qui est de 42 000 francs

La valeur d'usage relative à la présence de marmottes des "randonneurs" fréquentant le site de la Molière le week-end serait compris entre 30 000 et 42 000 francs selon l'hypothèse utilisée.

Surplus des fréquentations de vacances (site de la Molière)

Le même raisonnement est utilisé que dans le cas des fréquentations de week-end. Puisque aucune visite du site "pendant les vacances" de l'échantillon n'est motivée par la présence de marmottes, seul un accroissement de bien-être dû à la "présence de marmottes" peut-être calculé, et non une augmentation de la fréquentation du site. Aussi le surplus total estimé sera celui calculé à partir de l'échantillon d'enquête multiplié par la fréquentation de vacances.

Le premier travail est d'estimer la fréquentation du site pendant deux mois et demi de vacances d'été (début Juillet à mi-Septembre). Cette estimation a été réalisée d'après les comptages de voitures effectués sur le site (cf. en annexe) et en considérant un nombre moyen de personnes par voiture égal à 3. La fréquentation du site serait de 50 voitures/jour et de 150 personnes/jour soit d'environ 11 000 personnes au cours des deux mois et demi de fréquentation régulière de personnes en vacances. A titre de comparaison, les villages d'Autrans et de Méaudre distants respectivement de 15 et 20 km du site de la Molière, ont une capacité d'accueil en Village de Vacances, maisons familiales et hôtels de plus de 2 300 lits, sans compter les gîtes, refuges, et autres hébergements.

Le surplus lié à la "présence de marmottes" sur un site pour un "randonneur" sera estimé à partir du coût du déplacement sur le site et du consentement à se déplacer, en vacances cette fois (question N°37), sur un site pour voir des marmottes.

CAD "en vacances"- coût du déplacement "sur le site" = Surplus

Une question qui se pose alors est de savoir ce qu'il faut considérer dans le coût du déplacement sur le site. Doit-on ne prendre en compte que les kilomètres aller retour pour se rendre sur le site à partir de la résidence de vacances, ou considérer qu'une partie des frais d'hébergement pendant le séjour et de transport de la résidence principale à celle de vacances entrent pour partie dans le coût de visite du site ? En toute logique ces frais d'hébergement et de venue sur le lieu de vacances sont à prendre en compte si "le désir de voir des marmottes" a participé à la prise de décision pour venir sur le lieu de vacances. Or à la question semi ouverte N°15 portant sur les 4 raisons principales de la venue sur la région, aucune personne enquêtée n'a mentionné que son déplacement avait été motivé pour venir voir des animaux, et a fortiori des marmottes. Il est donc possible de considérer que les frais d'hébergement pendant le séjour de vacances et de transport depuis la résidence principale n'interfèrent pas dans la décision de venir "voir des marmottes" (consentement à se déplacer) ou de venir sur le site étudié, et de ne pas les prendre en compte.

D'autre part, il est possible que, comme précédemment, les consentements à se déplacer puissent varier en fonction de la distance au site (qui est ici la distance de la résidence de vacances au site). Cette distance aller-retour du site à la résidence de vacances, permet de définir trois zones : de 0 à 20 km, de 21 à 40 km, et de 40 km et plus. Ces intervalles ont été choisi en fonction des distances révélées et afin que les nombres d'individus de chaque zone dans l'échantillon des deux sites soient peu différents. De même que précédemment, les pourcentages de personnes révélant un surplus positif et la moyenne de ces surplus positifs ont été calculés. La fréquentation par zone est calculée d'après les pourcentages de fréquentation par zone d'éloignement de la résidence de vacances du sous échantillon des personnes enquêtées sur le site de la Molière.

Tableau N° 22 : Fréquentation du site de la Molière en Vacances (hypothèse 1)

Zone

distance aller-retour

Nb enquêtés

% fréquentat°

Nb de personnes

% de personnes dont le surplus > 0

Surplus moyen (km)

Surplus moyen (F)

Estimation

R

0 à 20

0

0 %

0

50 %

99

83

0 F

S

21 à 40

29

74 %

8 179

64 %

87

73

377 372 F

T

41 et plus

10

26 %

2 821

57

52

43

69 841 F

 

Totaux

39

 

11 000

     

447 213

Le calcul moyen des surplus, par zone de provenance, se base sur la même hypothèse de coût kilométrique de 0,5 F et de coût du horaire du temps de transport de 20 F.

Dans le cas de la fréquentation en vacances le consentement à se déplacer moyen ne varie quasiment pas d'une zone (distance à la résidence de vacances plus grande) à l'autre (voir données en annexe N°4) : il est d'environ 100 km. Les pourcentages d'enquêtés révélant un CAD positif ne varient que peu selon les zones et ne diminuent pas comme c'était le cas pour les déplacements en week-end. Tout se passe comme si, cette fois, les enquêtés ne sachant pas où l'on peut trouver des marmottes révèlent tous le même CAD.

Néanmoins, deux calcul du surplus total ont été effectués conformément aux deux hypothèses présentées à l'occasion du surplus des "randonneurs" de la Molière en week-end.

Selon l'hypothèse 1 (différence de goûts entre les zones) une première estimation du surplus des "randonneurs en vacances" sur le site de la Molière serait de 450 000 F.

Selon l'hypothèse 2 (similitude de goût entre les zones) ce même surplus serait de 375 000 F (voir données en annexe N° 4). Cette fois-ci l'hypothèse 2 donne l'estimation la plus basse.

Site de Vormy (Nancy-sur-Cluses)

Le site de Vormy, d'accès plus difficile que celui de la Molière, dont la commune n'a une capacité d'hébergement que de moins de 20 lits (contre plus de 2400 lits sur Autrans) est bien moins fréquenté. Le nombre de personnes venant sur le site serait de 3200 en été (contre 11 000 sur la Molière) et de 700 (contre 2400) au cours des 20 week-end de mi-mai à mi-octobre pendant lesquels le site est accessible à pieds et les marmottes visibles.

Une procédure d'estimation du surplus, similaire à celle utilisée sur le site de la Molière, nous amène à conclure à un surplus des "randonneurs en week-end" compris entre 12 000 et comporter une composante "observation des marmottes", y compris sur des zones de réintroduction (par exemple les programmes excursions du CPIE), cette forme d'usage de la marmotte apparaissait intéressante à proposer.

La valeur révélée en réponse à la question 37 ne correspond pas uniquement à la valeur qu'un individu peut accorder au fait d'observer des marmottes. En effet, la randonnée n'a en général pas un thème unique, surtout s'il s'agit d'observer des animaux, et d'autre part la valeur révélée comprendra aussi une part relative aux services rendus par l'accompagnateur (approche facilitée des marmottes, explications sur le comportement, etc.). La valeur trouvée ici sera une estimation d'une borne supérieure que ne devraient pas dépasser les autres estimations de la valeur "d'usage sans prélèvement" de la marmotte sur un site.

Un certain nombre de personnes qui accordent une valeur à la "présence de marmottes" sur un site peuvent être contre le mode de paiement proposé. La longueur de la marche rebute certains alors que d'autres préfèrent découvrir par eux-mêmes les animaux sauvages. Aussi toutes les valeurs nulles ne peuvent être prises en compte au risque de fausser l'estimation. En effet les personnes exprimant une valeur nulle pour aller voir des marmottes avec un accompagnateur ne signifient pas forcément qu'elles n'accordent aucune valeur à la présence de marmotte. Elles peuvent simplement ne pas souhaiter la présence d'un accompagnateur. Toutes les réponses nulles des personnes accordant une valeur d'usage (de vision) non nulle aux autres questions comportant des consentements à payer (questions 40, 41, 44, 46, 51) ont été extraites de l'analyse.

De façon à comparer les résultats obtenus avec ceux de l'estimation à partir des CAD (voir en 3221) nous avons procédé en distinguant les valeurs des deux sites et les périodes de week-end (sous échantillon des personnes fréquentant à partir de sa résidence principale) et de vacances (sous échantillon des personnes fréquentant à partir de sa "résidence" de vacances). Les valeurs moyennes que chaque sous échantillon accorde à une visite avec accompagnateur d'un site à marmottes sont multipliées par les fréquentations des différentes périodes et des deux sites calculées précédemment (voir en annexe 4 pour les données complémentaires : nb de valeurs 0 extraites, minimum, maximum).

Tableau N° 24 : Borne supérieure de la valeur "d'usage sans prélèvement" des "randonneurs"

 

Site de la Molière

Site de Vormy

Périodes

Vacances

Week-end

Vacances

Week-end

Fréquentation en nb de personne/an

11 000

2400

3200

700

Valeur moyenne en F/personne

50

43

27

0

Estimation Borne Supérieure 1 en F

550 000

103 200

86 400

0

% de personnes ayant déjà vu des marmottes

45 %

88 %

62 %

92 %

Aucune personne enquêtée sur le site de Vormy et venant là depuis sa résidence principale n'a déclaré être intéressée par une visite de site avec accompagnateur, ce qui explique la valeur 0 pour le site de Vormy en week-end. Cependant un certain nombre de personnes de ce sous échantillon accordent une valeur à la "présence de marmottes sur un site". La révélation de valeur est liée à la rencontre du mode de paiement avec les goûts de la population enquêtée. Dans le cas des personnes qui viennent de leur résidence principale sur le site de Vormy, il s'agit en grande majorité de personnes très habituées à marcher et à voir des animaux en montagne, qui n'auraient que peu d'utilité à s'adjoindre les services d'un accompagnateur. Il connaissent bien les marmottes : 92 % disent en avoir déjà vu.

Une question reste cependant posée : doit on considérer qu'une personne sera prête chaque année à renouveler l'expérience d'une randonnée avec accompagnateur et si cela n'est pas le cas quel est le rythme moyen de renouvellement de l'expérience ? Comme dans l'estimation à partir des révélations de consentement à se déplacer, l'essentiel des consentements à payer provient des personnes qui n'ont jamais vu de marmottes. En valeur totale ces 21 % de personnes représentent 78 % de la somme des valeurs révélées. Ces personnes sont en majorité en vacances (94 %).

Aussi l'estimation faite à partir d'un CAP pour un accompagnateur déforme la valeur annuelle réelle relative à l'observation des marmottes par les "randonneurs". Deux effets jouent en sens inverse : un effet de surestimation car on considère que tous les CAP se renouvellent annuellement, et un effet de sous estimation dû à l'inadaptation de cette forme de valeur pour mettre en évidence la valeur d'observation des marmottes chez toute personne qui sait où en trouver et comment les approcher.

Il est difficile de reconstituer la valeur réelle sans sous estimation ; aussi les bornes supérieures révélées pour les personnes en week-end seront considérées comme non valables. Par contre, une opération similaire à celle utilisée dans le cas des consentements à se déplacer permet de rectifier la valeur des bornes supérieures des personnes en résidence de vacances. Les CAP respectifs sont de 50F et 36 F pour les personnes en vacances qui n'ont jamais vus de marmottes et celles qui en ont déjà vu. 48 % de la valeur totale des personnes qui viennent en vacances est annuelle car provenant de la part de la population qui n'a jamais vu de marmottes fréquentant un site. Le reste de la valeur sera considérée comme provenant de CAP qui ne se renouvellent que tous les 10 ans.

Tableau N° 25 : Borne supérieure de la valeur (renouvelée annuellement) "d'usage sans prélèvement" des "randonneurs"

 

Site de la Molière

Site de Vormy

Type de renouvellement fréquentation

Type de renouvellement CAP

Valeur estimée

% de la valeur totale

Valeur estimée

% de la valeur totale

Vacances

Annuel

264 000

87 %

41 472

90 %

Vacances

Décennal

28 600

9 %

4 493

10 %

Week-end

Décennal

10 320

3 %

0

0 %

Borne supérieure

302 920

 

45 965

   

L'estimation de bornes supérieures de la valeur d'usage sans prélèvement de présence de marmottes sur un site est de 303 000 F sur le site de la Molière. L'estimation du site de Vormy qui serait sous évaluée en raison de la valeur nulle de la fréquentation en week-end devrait être de l'ordre de 50 000 F.

Forme de paiement 2 : Parking avec accès sur un site à marmottes (questions 39 et 40).

Cette forme de paiement est comme précédemment une estimation d'une borne supérieure de la valeur de "présence de marmottes sur un site". En effet une part du consentement à payer (pour un parking avec accès sur un site pour voir des marmottes) est consacrée au "paiement" du service de parking.

Comme précédemment, un certain nombre de personnes risquent de donner des valeurs nulles pour signifier leur désaccord avec le mode de paiement, réponses qui ont été éliminées de l'analyse. Cependant le mode de paiement par parking reste peu utilisé en montagne, et peut être perçu négativement.

Lorsque une personne donne un consentement à payer non nul pour venir sur un parking elle ne précise pas pour autant combien de fois elle désire fréquenter ce parking par an. Nous considérerons que toute personne qui révèle un CAP souhaite fréquenter un tel parking en moyenne une fois l'an. De telle sorte que les valeurs présentées sont des valeurs annuelles.

Tableau N° 26 : Borne supérieure de la valeur "d'usage sans prélèvement" des "randonneurs"

 

Site de la Molière

Site de Vormy

Périodes

Vacances

Week-end

Vacances

Week-end

Fréquentation en nb de personne/an

11 000

2 400

3 200

700

Valeur moyenne en F/personne

27

5

23

6

Estimation Borne Supérieure 2 en F

253 000

7 000

64 000

5 000

Les valeurs moyennes par personne montrent que sur les deux sites les valeurs accordées par les personnes qui ne sont pas de la région sont prêtes en moyenne à payer environ 25 F et les personnes de la région ne se déclarent prêtes à payer que 5 fois moins. Ces dernières ne voient pas l'utilité de payer un parking pour aller voir des animaux alors qu'elles connaissent des endroits (dont l'accès est gratuit) où il est possible d'en observer. Alors que les personnes qui ont fait un grand trajet et ne connaissent pas la région sont enclins à payer "pour être sûr d'en voir".

Si ces deux formes de paiement (avec accompagnateur ou parking) semblent adaptées à l'estimation d'une borne supérieure de la valeur d'usage (vision) de la présence de marmottes sur un site pour les personnes extérieures à la région (fréquentation du site en vacances), ce ne serait pas le cas pour les personnes de la région (valeur de la borne sous estimée). Compte tenu de la faible part de la fréquentation de ces derniers (de 22 à 30 % de la fréquentation totale) et étant donné la plus faible valeur qu'ils accordent à l'usage de vision des marmottes sur un site donné la sous estimation des bornes supérieures serait assez faible de l'ordre d'un peu moins de 20 % (en considèrent que la valeur unitaire des personnes en week-end est de la moitié de celle des personnes en vacances).

Les bornes supérieures de la valeur d'usage sans prélèvement par les "randonneurs" seraient de l'ordre de 300 000 F pour le site de la Molière et de 85 000 pour celui de Vormy au travers du mode de paiement "parking".

3.2.1.3. Estimation 3 par le consentement à aider une association à réintroduire la marmotte sur le site.

Le mode de paiement proposé dans ce cas est d'apporter son aide financière à une association qui effectue des réintroductions. Le consentement à payer analysé ici (relatif à la réintroduction sur le site d'enquête de la marmotte, question n°46) peut comporter différentes motivations. Ces motivations sont analysées dans la question 47 (converties en modalités), chaque modalité correspondant à une des valeurs d'usage, de non usage ou d'usage par d'autres que soi. La correspondance entre les modalités de réponse et les valeurs étudiées sont données en annexe n° 5.

Concernant la vraisemblance du mode de paiement, il était proposé un paiement pour un renforcement de population de marmottes à toutes les personnes qui avaient vu ou entendu parlé de présence de marmottes sur le site.

L'estimation a été menée comme précédemment en distinguant les deux sites et les périodes de fréquentation. Les données détaillées sont en annexe .

De la même façon que pour les analyses précédentes la valeur révélée pour une réintroduction ne peut être considérée comme se renouvelant à chaque visite du site. Ainsi le calcul d'une valeur annuelle à partir du CAP pour une réintroduction devrait ne pas enregistrer la même valeur pour la fraction de la population qui ne fréquente le site qu'une fois dans sa vie que pour celle qui vient plus d'une fois voire régulièrement. Les CAP pour une réintroduction ne se renouvellent pas à l'identique à chaque nouvelle visite.

En l'absence de données sur la durée au bout de laquelle une valeur accordée au travers d'un CAP pour une réintroduction se renouvelle il a été considéré qu'un tel CAP suit les observations faites auprès des consentements à se déplacer et des CAP pour un accompagnateur. La fraction des personnes qui, venant sur le site ne connaît pas la marmotte, est considérée comme celle qui ne vient que très rarement en montagne (ou pour la première fois) et pour qui le CAP se renouvelle annuellement (car les individus sont nouveaux chaque année). Par contre, toute personne connaissant la marmotte est considérée comme fréquentant assez régulièrement des sites à marmottes pour que son CAP pour une réintroduction ne soit pas considéré comme renouvelable annuellement. Il sera considéré une période de dix ans au bout de laquelle la personne désire à nouveau faire un effort de réintroduction. Le CAP annuel pris en compte dans les calculs sera du dixième du CAP moyen déclaré pour la population qui a déjà vu des marmottes.

Tableau N 27 : Valeurs d'usage et de non usage de la "présence de marmotte" sur le site de la Molière (Autrans)

 

La Molière "vacances"

La Molière "week-end"

Valeurs étudiées

Pourcentage

Valeur

Pourcentage

Valeur

Valeur d'usage

23 %

100 805 F

34 %

24 250 F

Valeur d'usage par d'autres que soi-même

19

80 644 F

6 %

4 500 F

Valeur d'existence

58 %

248 652 F

60 %

42 375 F

VALEUR TOTALE

 

430 100 F

 

71 125 F

(Voir tableau détaillé en annexe 5.3)

Tableau N° 28 : Valeurs d'usage et de non usage de la "présence de marmotte" sur le site de Vormy (Nancy-sur-Cluses)

 

Vormy "vacances"

Vormy "week-end"

Valeurs étudiées

Pourcentage

Valeur

Pourcentage

 

Valeur d'usage

19 %

25 515 F

22 %

4 235 F

Valeur d'usage par d'autres que soi-même

21 %

28 704 F

34 %

6 654 F

Valeur d'existence

60 %

79 733 F

44 %

8 711 F

VALEUR TOTALE

 

133 952 F

 

19 600 F

(voir tableau détaillé en annexe 5.2)

Il est intéressant de remarquer que sur les deux sites, et aussi bien concernant la période de vacances que de week-end, la valeur d'usage personnel représenterait toujours moins de 35 % (entre 19 % et 34 %) de la valeur totale qu'accordent les "randonneurs" à la présence de marmottes.

3.2.1.4. Deuxième estimation de la valeur d'existence de la présence de marmottes (question 41)

Afin de limiter les erreurs d'estimations liées à l'utilisation d'une seule forme de paiement, les révélations de valeur étant fortement influées par le support de paiement utilisé, une deuxième estimation de la valeur d'existence a été effectuée. Après la question sur le CAP pour un parking proche d'un site à marmottes a été proposé un CAP identique mais avec utilisation de l'argent donné pour garantir une préservation de la colonie de marmottes (aménagement d'observations qui évitent de déranger les animaux, surveillance du site).

La différence (CAP "parking"- CAP "parking et préservation") a été considérée comme une estimation de la valeur d'existence de marmottes sur le site.

Comme pour l'estimation précédemment réalisée à partir du mode de paiement parking nous avons estimé que le CAP révélé est un CAP annuel.

Tableau N° 29 : Valeur d'existence de la "présence de marmotte sur un site" pour les "randonneurs"

 

Site de la Molière

Site de Vormy

Périodes

Vacances

Week-end

Vacances

Week-end

Fréquentation en nb de personne/an

11 000

2 400

3 200

700

Valeur moyenne en F/personne

12

5

8

7

Estimation en F

77 000

12 000

26 000

5 000

Une fois de plus l'estimation d'une valeur apparaît varier avec le mode de paiement utilisé et ceci malgré les précautions prises. L'importance des écarts entre les différents calculs nous amène à proposer une fourchette d'estimation des valeurs.

3.2.1.5. Fourchette d'estimation de la valeur de présence de marmottes pour les "randonneurs"

Tableau N° 30 : Site de la Molière récapitulatif des estimations de valeurs de présence de marmottes ("randonneurs")

 

Estimation 1 Hypothèse 1 et 2 CAD:

Estimation 2 CAP "parking & préservat.

Estimation 3 CAP réintro.

Borne sup "accompagnateur"

Borne sup. "parking"

Fourchette d'estimation

Maximum

Minimum

Valeur d'usage personnel

193 000

 

125 000

302 000

300 000

193 000

125 000

Valeur d'usage par d'autres que soi

   

85 000

   

85 000

85 000

Valeur d'existence

 

89 000

290 000

   

290 000

90 000

Valeur totale

 

568 000

300 000

Il est important de remarquer que les deux estimations de la valeur d'usage personnel restent bien en deçà des deux bornes supérieures.

Tableau N° 31 : Site de Vormy récapitulatif des estimations de valeurs de présence de marmottes ("randonneurs")

 

Estimation 1 Hypothèse 1 et 2 CAD

Estimation 2 CAP "parking & préservat°"

Estimation 3 CAP réintro

Borne sup. "accompagnateur"

Borne sup. "parking"

Fourchette d'estimation

Maximum

Minimum

Valeur d'usage personnel

56 000

 

30 000

50 000

85 000

56 000

30 000

Valeur d'usage d'autres que soi

   

36 000

   

36 000

36 000

Valeur d'existence

 

31 000

88 000

   

88 000

31 000

Valeur totale

 

180 000

97 000

Dans le cas de Vormy une des deux estimations dépasse la borne supérieure avec "accompagnateur.

La valeur totale de présence de marmottes pour les "randonneurs" serait comprise entre 300 000 F et 568 000 francs sur le site de la Molière et entre 97 000 et 180 000 francs sur celui de Vormy.

3.2.2. Valeurs de présence de marmottes pour les producteurs

Les différentes valeurs qui ont été étudiées et qui apparaissent dans les réponses sont soit des valeurs spécifiques à l'activité économique de l'intéressé (à son état de producteur) soit des valeurs relatives au fait que l'enquêté n'est pas indifférent à la présence de marmottes sur le site en tant que consommateur (usager ou non du site).

3.2.2.1. Caractéristiques et représentativité de l'échantillon étudié

Représentativité

Le choix de l'échantillon d'enquête a été raisonné de façon à représenter les différentes activités économiques présentes sur la commune d'Autrans (recensées par l'Association pour le Développement Touristique du Vercors en 1994). Sur les 14 activités recensées 12 ont été enquêtées sur plus de 20 % des établissements.

Caractéristiques de l'échantillon

Sur les 26 personnes enquêtées 46 % sont des femmes et 54 % des hommes. La moyenne d'âge de l'échantillon est de 43 ans. Les enquêtés résident tous dans leur commune d'activité commerciale en moyenne depuis 30 années. Ils y exercent leur activité économique actuelle depuis 13 années.

La majorité (85 %) des personnes enquêtées n'ont jamais adhéré à une association de protection de la nature, et n'ont jamais chassé. Lorsqu'il est demandé quel animal selon eux devrait être en priorité sur le Vercors, la marmotte arrive au premier rang en nombre de réponses (21 %) à égalité avec le chamois et juste devant l'ours (16 % des réponses). La majorité des enquêtes (92 %) pense que la présence de faune sauvage est un plus pour le Vercors mais un certain nombre (12 %) émettent des réserves sur leurs réponses (les équilibres naturels doivent être respectés et les animaux sauvages ne doivent pas gêner l'homme). Quand à la marmotte en tant que symbole du Vercors les avis sont très partagés. Quarante % pensent qu'elle ne peut pas symboliser le Vercors, 20 % sont hésitants et les derniers 40 % la verraient bien parmi les animaux qui symboliseraient le mieux le Vercors.

Concernant l'influence de la présence de marmottes sur l'économie du Vercors deux questions ont été posées. A la première qui demandait si la marmotte pouvait avoir une influence sur l'économie, 62 % des réponses suggèrent que l'influence est faible à très faible et 24 % qu'elle est nulle. A la question de savoir comment la marmotte pourrait influer sur l'économie de la commune seulement l5 % des réponses suggèrent que l'influence serait nulle. 50 % des réponses indiquent que la présence de marmottes agit sur la fréquentation de la zone.

Quand à la présence de marmottes sur la commune aucun des enquêtés ne se déclare hostile. 4 % des réponses sont indifférentes, 33 % expriment le souhait de maintenir les populations de marmottes en l'état et 63 % celui de voir la population s'accroître.

La présence de marmottes sur la commune est connue de la majorité des enquêtés (92 %) et 72 % des personnes interrogées sont allées voir les marmottes sur un des sites de réintroduction .

Valeur d'usage économique

Il sera fait une première distinction entre les valeurs liées à un usage direct de la présence de marmottes par les consommateurs et celles qui n'en impliquent pas. Il s'agira aussi de différentier les cas où la présence de marmottes entre dans la fonction de production (visite du site organisée par un accompagnateur ou un centre de vacances) des situations où le producteur bénéficie simplement des retombées de la présence de marmottes.

 

Effet primaire : la présence de marmottes est utilisée (directement) par le producteur.

Effet secondaire ou retombée : la présence de marmotte sur le site n'est pas utilisée directement par le producteur

Usage direct du consommateur

Visite organisée du site

Augmentation de fréquentation ou des

ventes dues aux personnes venant sur la commune pour voir des marmottes.

   

Usage indirect du consommateur

 

Variation de fréquentation sans motivation de venue sur la commune pour voir des marmottes.

Nous étudierons l'ensemble des établissements enquêtés considérés comme producteurs sans distinction de leur statut (à but non lucratif ou pas).

Une première série d'indications seront utilisées pour estimer l'influence actuelle de la présence de marmottes sur la commune d'Autrans auprès des producteurs, celle de Nancy-sur-Cluses n'a pas été étudiée et peut être considérée comme négligeable (un seul hôtel de moins de 20 lits). Cette influence pourra être comparée à l'investissement consenti pour la réintroduction en considérant qu'étant financée par le Parc du Vercors ce sont en partie ces mêmes producteurs au travers de leurs impôts qui en ont supporté les frais.

Une deuxième série de données se servant des consentements à participer à une réintroduction (ici un renforcement de population) permettra de donner une indication de la valeur que les producteurs accordent à la présence de marmottes. Cette deuxième estimation devra être confrontée avec prudence à la première car les CAP sont souvent conditionnels (si des aménagements sont prévus pour observer les marmottes, si la technique de réintroduction utilisée correspond à l'éthique de notre établissement).

Influence de la présence de marmottes sur l'activité économique de la commune d'Autrans

a) Valeur liée à un usage direct du producteur et du consommateur (de la présence de marmottes)

Les 2 accompagnateurs enquêtés l'un sur Autrans et l'autre sur le Reposoir (commune voisine de Nancy-sur-Cluses) disent ne jamais venir sur les sites étudiés faire des randonnées pour montrer des marmottes. Concernant la première commune la population de marmottes du site de la Molière est intéressante pour des promenades mais elle est très discrète et très dérangée. Le site de Vormy est trop distant pour prévoir des randonnées marmottes. D'autres sites existent à quelques minutes de marche où les marmottes sont beaucoup moins farouches et qui font l'objet de visites de marmottes.

Concernant les centre et villages de vacances d'Autrans des randonnées visites des marmottes sont envisagées sur la Molière si leur population devient plus visible.

La valeur actuelle d'usage du site est nulle mais pourrait se développer.

b) Valeur liée à un usage indirect du producteur et direct du consommateur

1) Influence sur la fréquentation touristique.

La valeur qui est à mesurer ici est celle liée au pourcentage de la fréquentation qui est dû à la présence de marmottes (personnes qui viennent pour voir la marmotte).

L'analyse des motivations de venue sur le site de l'échantillon des usagers du site (enquête "randonneurs") a déjà conclu au fait qu'aucune personne ne vient pour voir des marmottes. Aussi cette valeur serait nulle.

Cette donnée est à rapprocher de celle provenant de l'étude de la demande de marmotte effectuée sur la commune de Bonneval où les marmottes sont bien plus facilement visibles que sur les sites de réintroduction depuis de nombreuses années. Sur cette commune en 1993 d'après enquête 0,7 % des touristes viendraient dans le but de faire de la randonnée pour voir des marmottes.

2) Influence sur les produits et services proposés.

La présence de marmottes pourrait permettre à un certain nombre de producteurs de diversifier les produits qu'ils vendent. Une des difficultés sera de déterminer si l'intégralité de ces produits nouveaux peuvent être considérés comme s'ajoutant à l'ensemble des autres produits ou s'y substituant.

Ces produits ou services vont de la carte postale avec marmotte à des animations autour de l'animal. Il a été rencontré entre autres des utilisations pédagogiques auprès des enfants de l'animal (sans visites du site), l'utilisation de l'image de l'animal dans les divers prospectus édités pour faire la publicité de certains établissements et même un hôtel qui se prénomme "La tapia" (terrier de la marmotte en patois bas alpin).

La moitié des personnes interrogées disent utiliser l'image de la marmotte ou proposer des services ou des produits qui ont un lien avec l'animal. Cependant moins de 30 % des ces personnes disent proposer ces produits depuis que l'on parle de marmottes sur la commune. Et seulement 8 % disent que la disparition de la marmotte sur la commune aurait une influence sur leur activité. La plupart des utilisations de l'animal n'ont pas de lien avec la présence de la marmotte sur la commune mais plutôt avec le fait que la commune est située en montagne.

Quant à une influence sur le volume d'activité la disparition de la marmotte entraînerait une baisse du chiffre d'affaires de l'échantillon de 0,6 % ce qui occasionnerait un baisse de chiffre d'affaire de 500 000 francs sur l'ensemble de la commune et d'environ 5 000 francs par producteur).

Cette estimation est cependant à prendre avec certaines précautions.

c) Valeur liée à un usage indirect du consommateur et du producteur.

Aucune estimation de cette valeur n'a été faite. Il aurait fallu estimer le degré d'influence de la présence de marmottes sur le site de la Molière sur la renommée puis sur la fréquentation de la commune... Néanmoins, il faut rappeler que pour les producteurs lorsque la présence de marmottes agit sur l'économie d'une commune ce serait plutôt en augmentant la fréquentation touristique.

Estimation de la valeur accordée à la présence de marmottes à partir de consentements à payer pour une réintroduction

Les estimations à partir des CAP pour une réintroduction de l'animal sur la commune donnent un CAP moyen de 141 F pour la majorité des enquêtés (95 %) alors qu'un seul donne un CAP de 10 000 F. Le calcul d'une valeur annuelle accordée à la présence de marmottes ne peut considérer que les CAP se renouvellent tous les ans. Nous avons considéré comme pour les autres estimations que la valeur moyenne révélée est du dixième de chaque CAP. En considérant que notre échantillon est représentatif de l'ensemble des producteurs de la commune nous obtenons une valeur annuelle accordée à la présence de marmotte de 5 000 F.

Cette valeur constitue une estimation de l'effort que consentiraient les producteurs annuellement pour que la population de marmottes se développe sur la commune. La valeur de la présence de marmottes pour les producteurs serait certainement supérieure d'autant que chaque producteur attends que le voisin fasse un effort plus important que lui-même.

Ces différentes indications semblent montrer que la valeur de la présence de marmotte pour une commune est très faible pour l'instant. Il est probable que cette valeur se développe dans l'avenir. Bien qu'il soit peu probable que la population de marmottes de la Molière se développe autant que les colonies de Bonneval, il est possible d'avoir une idée de ce que pourrait représenter le fait d'avoir des marmottes sur son territoire pour une commune. Sur la commune de Bonneval les dépenses liées à la présence de marmottes des touristes seraient en 1993 de 270 000 F. "On se risque à dire que 2,4 % des dépenses des touristes servent à la quête de marmottes. Cette somme dont profite la commune est proche de 270 000 Francs par an" (C DUBOS 1993).

3.2.3. Valeurs de la présence de marmottes pour les chasseurs

La méthode d'évaluation retenue a consisté à procéder à une enquête réalisée auprès d'un échantillon de 8 chasseurs d'une ACCA qui en compte 35 et qui a effectué un transfert de marmottes. L'analyse de la demande de marmottes est estimée à partir des consentements à payer des chasseurs pour différents scénario de paiement (Chasse à la marmotte, déplacement pour voir des marmottes, réintroduction de la marmotte si cela n'avait pas déjà été fait). L'évaluation est faite sur un pas de temps annuel considérant que les consentements à se déplacer et à payer se renouvellent chaque année, par exemple au moment du vote du budget de l'ACCA.

Cependant, il n'est pas toujours évident que les consentements à payer se renouvellent. En effet pour le cas de gibier dont les prélèvements sont réguliers et dont la chasse intéresse beaucoup les chasseurs (chevreuil, lièvre) des investissements annuels de renforcement de population sont consentis par les ACCA. Par contre, il n'est pas évident qu'il en soit de même en ce qui concerne la marmotte. Rare sont les chasseurs qui consentiraient à renouveler chaque année leur effort de paiement pour des transferts de marmottes. Ainsi les CAP relatifs aux transferts de marmottes sont certainement sur-estimés. Afin d'éviter ce biais, il sera considéré que les chasseurs souhaitent refaire une opération (réintroduction ou renforcement) tous les dix ans. Cette estimation n'est pas loin de la réalité étant donné le renouvellement constaté des opérations, et la nécessité de surveiller le site et informer régulièrement les chasseurs des ACCA voisines. Les CAP de désir de réintroduction de marmottes seront considérés comme se renouvelant tous les dix ans et la valeur de présence de marmottes sera calculée à partir du dixième des consentements à payer pour une réintroduction.

3.2.3.1. Préférences des chasseurs de l'échantillon d'enquête

Les 8 chasseurs enquêtés sont tous résidents de la commune de Nancy-sur-Cluses, ils ont été choisis par les recommandations de l'ancien président de l'ACCA, M. F.CAUX et de l'actuel M. P. GUY. Leur moyenne d'age est de 52 ans, et le salaire brut moyen déclaré serait de 11 400 F (soit inférieur à celui de l'échantillon des 80 "randonneurs" qui est de 17 000 F)

Leur nombre moyen d'années de chasse est de 24 années. Ils connaissent donc très bien leur territoire de chasse et sont en majorité originaires de la commune. Ce sont tous des hommes, une seule femme cotise à l'ACCA en tant que chasseur. La plupart (6 sur 8) disent chasser régulièrement et les autres avoir réduit leur activité de chasse en raison de leur âge.

Leurs préférences en matière de gibier vont dans un ordre décroissant au chamois et au sanglier (ex aequo) puis au lièvre variable, au chevreuil et enfin au coq de bruyère. Aucun n'a cité la marmotte parmi les trois gibiers les plus appréciés. En matière de pièces abattues l'animal le plus tué serait le chevreuil, puis le lièvre variable et le sanglier et enfin le chamois.

La majorité des chasseurs (7 sur 8) disent aller régulièrement ou assez souvent sur le site de Vormy où les marmottes ont été réintroduites. Ils disent s'y rendre le plus fréquemment pendant l'automne au cours de leurs chasses (un peu moins d'une fois par semaine) mais aussi très régulièrement en été, beaucoup moins au printemps et presque jamais en hiver en raison de l'abondance de neige. La fréquentation du site ne se résume pas à la période de chasse ni les motivations de déplacement sur le site à l'activité de chasse. Parmi les autres motivations figure en premier lieu l'observation des animaux. L'animal dont la présence est la plus appréciée sur le site de Vormy est le chamois puis le lièvre variable. La marmotte est classée en troisième position à égalité avec le chevreuil et le cerf bien que ces animaux soient moins régulièrement présents que la marmotte sur le site.

Tous les chasseurs connaissent l'origine de la présence de marmottes sur le site pour avoir entendu parlé ou pour avoir été à l'origine de la réintroduction. Sans être indifférents à sa présence une partie (3 sur 8) ne manifestent que peu d'intérêt à leur présence alors que les autres sont plutôt intéressés.

La plupart des chasseurs (7/8) déclarent ne jamais chasser de marmottes sur le site de Vormy et un seul des chasseurs dit en chasser rarement. Aucun d'entre eux n'aurait chassé de marmotte dans les cinq dernières saisons de chasse et personne n'aurait chassé la marmotte sur une autre commune bien que quelques uns (3/8) disent aller chasser régulièrement sur les terrains d'autres ACCA suite à des invitations.

La chasse à la marmotte ne paraît donc pas être une tradition des chasseurs enquêtés et les quelques animaux abattus l'ont été pour obtenir un animal empaillé ou quelquefois par dépit de rentrer bredouille. Il est probable que quelques animaux soient chassés car malgré le nombre assez important d'animaux sur le site (une cinquantaine environ d'après un des enquêtes), elles conservent une distance de fuite élevée (observations personnelles).

3.2.3.2. Valeurs estimées par des consentements à se déplacer pour aller voir ou chasser la marmotte

- Valeur de prélèvement direct ou de chasse.

Elle est estimée en premier lieu à partir de la différence entre le consentement maximum à se déplacer et à consacrer du temps pour aller chasser la marmotte sur un autre site et le coût du déplacement et du temps consacré à chasser la marmotte sur le site où la marmotte a été transférée (coût de chasse à la marmotte sur le site de transfert) (questions 24 à 33).

Cette première estimation de la valeur de prélèvement direct est nulle car aucun des chasseurs ne se déplacerait pour aller tirer des marmottes sur une autre commune.

En deuxième lieu elle est aussi estimée à partir des CAP de réintroduction sur la commune (voir page suivante)

- Valeur d'agrément direct

Elle est estimée tout d'abord à partir de la notion de surplus du consommateur : consentement maximum à se déplacer (et à prendre du temps pour le déplacement) pour voir la marmotte sur le site (de Vormy), qui est nul car tous les chasseurs sont résidents, moins le consentement à se déplacer et à prendre du temps pour voir la marmotte sur un autre site (questions 35 à 37). Dans l'échantillon d'enquête un seul chasseur se déclare suffisamment intéressé par la marmotte pour envisager un déplacement pour aller voir des marmottes. Il ferait au maximum 30 km pour un tel déplacement ce qui lui prendrait environ 1/2 heure de son temps valorisé au 1/4 du salaire moyen net de l'échantillon, et lui coûterait environ 0,5 F/km en carburant. L'équivalent monétaire serait de 3 F par chasseur en moyenne et de 110 F pour l'ensemble de l'ACCA. Cette valeur obtenue à partir d'un CAD est considérée comme annuelle (se renouvelant annuellement).

La deuxième estimation à partir du consentement à payer un accompagnateur pour aller voir des marmottes (question 38) conclut à une valeur d'agrément direct nulle (borne supérieure nulle)

3.2.3.3. Valeurs estimées par les consentements à payer pour aider une réintroduction (ou un renforcement de population) de marmottes

Les modalités de paiement précédentes amenaient toutes à des valeurs de "présence de marmottes sur un site nulles ou très faibles. Dans le cas présent où le financement d'opérations a déjà eu lieu, il a été demandé aux enquêtés de révéler la contribution personnelle qu'ils seraient prêts à faire pour une réintroduction de marmotte sur leur commune (renforcement de population dans le cas de Vormy).

La forme de révélation de valeur n'était pas fixée de façon à ne pas omettre les participations qui ne seraient pas faites en espèce. Trois formes de révélations de valeurs ont été rencontrées et prises en compte :

- Des consentements à donner de l'argent (3 chasseurs sur 8)

- Des consentements à donner de son temps pour l'opération (5 cas sur 8).

Le temps a été valorisé à la totalité du salaire révélé par l'intéressé considérant que l'opération nécessite de se libérer au milieu d'une semaine (les captures n'étant pas réalisées le samedi ou le dimanche et les animaux ne pouvant rester longtemps en captivité).

- Des consentements à ce que l'ACCA participe d'un certain montant à l'opération.

Dans ce cas le CAP personnel est considéré comme égal au montant du CAP hypothétique de l'ACCA divisé par le nombre de chasseurs de l'ACCA (35 en l'occurrence).

Tableau N° 32 : valeurs de présence de marmottes pour les chasseurs d'après le CAP pour une réintroduction

 

Pourcentage valeur totale échantillon

Valeur estimée (35 chasseurs)

Chasse

5 %

1 619 F

Aménité

14%

5 045 F

Valeur de prélèvement indirect

0%

0 F

Valeur d'usage personnel

19 %

6 664 F

Chasse par autre chasseurs

5 %

1 619 F

Agrément chasseurs

0 %

0 F

Usage par opérateurs touristiques

18 %

6 398 F

Agrément amis

0 %

0 F

Agrément non catégoriel

11 %

4 031 F

Legs

20 %

7 264 F

Valeur d'usage par d'autres que soi

54 %

19 311 F

     

Existence de la marmotte sur le site

0 %

0 F

Rôle de la marmotte dans l'écosystème

27 %

9 498 F

Valeur d'existence

27 %

9 498 F

Valeur totale

100 %

35 473 F

Seules les valeurs déterminées ce tableau seront considérées dans les analyses ultérieures.

Les CAP révélés par les chasseurs ne sont pas équivalents à ceux que révèlent les randonneurs (enquête "randonneur"). En effet leur CAP sont révélés à la condition que l'ACCA se charge de l'opération. Alors que dans le cas des "randonneurs" la révélation des CAP n'est pas conditionnée par le fait qu'une association de randonneurs se charge de l'opération. Il semblerait qu'un certain nombre de chasseurs ne soient pas insensibles à une fonction de marquage territorial des réintroductions de marmottes dans un contexte d'incertitude de leur rôle futur de gestionnaires de la faune sauvage, ce qui n'apparaît pas de façon évidente dans l'enquête.

A la question complémentaire qui demande "qui doit financer les opérations de réintroduction de marmottes" une majorité (6 sur 8) des chasseurs précisent que l'ACCA doit financer et la totalité pensent qu'elle doit être le maître d'oeuvre de l'opération.