5.Évaluation de la demande d'usage récréatif de marmotte
5.1. Évaluation de la demande touristique
Les résultats présentés sont ceux de l'ensemble des enquêtes d'avril et de juillet. Mais ils ne sont pas toujours assimilables et nécessitent d'être énoncés et discutés séparément (principaux tableaux de résultats en annexe 8). D'autre part, les chiffres issus du traitement des enquêtes seront, lorsque cela sera possible, comparés à des résultats bibliographiques.
5.1.1. Portrait des enquêtés
Les touristes sont caractérisés par des variables socio-économiques classiques telles que le sexe, l'âge, la région, le revenu et la catégorie socioprofessionnelle (CSP).
L'échantillon d'enquêtés est constitué d'une courte majorité de femmes (53,2 %).
L'âge le plus fréquemment représenté se situe entre 40-50 ans (31,6 %) et 30-40 ans (29 %). Cependant toutes les catégories d'âge sont présentes.
Les touristes viennent de toutes les régions de France ; surtout de la région
parisienne (19 % en juillet et 36 % en avril), de la région Rhône-Alpes (11 %), de la Bourgogne (12 %). Notons que ces chiffres coïncident avec les taux de départ en vacances selon la région de résidence des ménages durant l'année puisque les deux régions qui partent le plus sont l'Ile de France (47,5 % en hiver, 75,9 % en été) et la région Rhône-Alpes (30,6 % en hiver, 55,5 % en été) (Ministère de l'Industrie, des P et T, et du Tourisme, 1987).
En ce qui concerne les CSP, on aperçoit une prédominance de 3 catégories :
- Cadres et professions intellectuelles supérieures 22,3%
- Employés 21,5 %
- Professions intermédiaires 19,4 %
A Pâques, les professions intermédiaires (16,4 %) sont légèrement sous-représentées par rapport aux deux autres catégories (24,5 %). Le taux de départ en vacances des cadres est de 85,4 %, devant celui des professions intermédiaires (79,6 %) et celui des employés (64,9 %)(Ministère de l'Industrie, des Pet T, et du Tourisme, 1987).
Par conséquent, les résultats de notre enquête montrent une sur-représentation des employés ; celle ci pouvant être due au faible coût des vacances d'été à la montagne (raison souvent évoquée par les touristes). Les autres CSP sont également représentées.
Les revenus déclarés correspondent aux CSP annoncées. On remarque que 20,5 % des personnes ont refusé d'indiquer leurs revenus, principalement des femmes et des retraités.
A titre de comparaison, il faut savoir que (Observatoire du Tourisme de Savoie) :
- en 91 : 26,3 % des Français sont partis en vacances d'hiver dont 8,4 % aux sports d'hiver.
- en 91 : 55,6 % des Français sont partis en vacances d'été dont 15,9 % à la montagne.
5.1.2. Caractéristiques des séjours à la montagne
Le lieu d'hébergement des touristes correspond en général au lieu de l'interview (en avril, 55,6 % des enquêtés de Bonneval y logent). En juillet, les localités d'hébergement sont plus diversifiées car les mauvaises conditions atmosphériques, fréquentes à cette période, amènent les touristes à se déplacer en voiture pour visiter la région. A Pâques, les activités de ski sont plus localisées.
Ces touristes sont le plus souvent en location (54 %), 10 % sont en gîte rural, 8 % en résidence secondaire et 7 % à l'hôtel. En été deux modes d'hébergement sont apparus ; les refuges (6 %) et le camping (14 %).
D'après l'Observatoire du Tourisme, la majorité des vacanciers en montagne sont en location. Notons que dans notre enquête, la location est le mode d'hébergement préféré de toutes les CSP et de toutes les classes d'âge.
Les touristes enquêtés ont en moyenne réalisé un séjour par an à la montagne depuis dix ans ; 46 % en font moins de un par an, 22 % un par an et 32 % plusieurs par an.
D'après un sondage BVA2 de 1992, 1/4 des français déclarent se rendre à la montagne plusieurs fois par an, 1/4 une fois par an, 20 % moins souvent et 27 % jamais.
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les références des sondages cités sont présentés dans l'annexe 9. 26 % des personnes interrogées disent être venues là pour la beauté des paysages, 18 % par habitude, 19 % pour le pittoresque des villages. Les autres réponses sont la quête de calme, d'altitude, de randonnées. Les touristes d'été apprécient les paysages (32 %), ceux d'avril préfèrent les villages traditionnels (27 %). Une enquête CEE (1986) montre que 37 % des européens sont attirés par des paysages intacts quelque soit le lieu où ils se rendent.
La durée moyenne du séjour de l'échantillon d'enquêtés est de 7-8 jours (41 %), moins de 7 jours (19 %), 15 jours (28,7 %). En avril, les séjours sont plus courts qu'en juillet. Ces données coïncident avec celles du Ministère de l'Industrie, des P et T, et du Tourisme, (1987) qui estime à 8,5 jours la durée des séjours d'hiver à la montagne et 18,5 jours en été.
5.1.3. Activités de plein air des touristes sur leurs lieux de vacances
L'activité principale en avril est le ski, cité en premier dans l'ordre des loisirs pratiqués par 49 % des enquêtés. Cependant, le loisir indiqué en second est la randonnée (ou la promenade) par 80 % des personnes.
En été, le loisir le plus souvent cité en premier est "la randonnée" par 57 % des touristes, devant la "promenade" 37 % ; cette distinction reprend les termes des enquêtés et il est difficile de différencier randonnée de la marche utilitaire ou de la promenade.
67 % des enquêtés disent pratiquer ces loisirs chaque jour. On suppose ici une tendance à la sur déclaration liée à la bonne image de marque de ces activités.
5.1.4. Goûts fauniques des touristes-Place de la marmotte dans ces goûts
* Intérêts pour la faune
* Consentement à faire des efforts pour voir des animaux
Parmi les touristes, 75 % disent accepter de faire un détour, 68 % une randonnée et 26 % un séjour spécialement pour voir des animaux sauvages, mais seulement 44 % disent avoir déjà fait ce type de détour, 39 % la randonnée et 6 % le séjour. Le consentement décroît proportionnellement à l'investissement temporel et financier demandé par le type d'activité.Peu de personnes précisent pour quel animal elles consentiraient à faire cet effort ; cependant, 28 % déclarent vouloir le faire pour tout type d'animal, 26 % pour le chamois et 13 % pour la marmotte.
Remarque :
On suppose qu'à ce moment de l'enquête, les touristes sont influencés par la série de questions précédentes sur la faune et qu'ils ont tendance à surestimer leur consentement. Afin d'évaluer ce biais, il faut comparer les réponses de consentement à faire un détour aux réponses de consentement à se déplacer pour voir des marmottes. D'autre part le terme de détour conserve un caractère ambigu car il peut s'effectuer aussi bien à pied qu'en voiture.
* Evaluation des connaissances sur la marmotte
60 % des enquêtés ont donné une réponse proche des données bibliographiques sur le régime alimentaire, la famille et l'état des populations de marmottes. Les touristes ont une bonne connaissance de la biologie de la marmotte, alors qu'à titre de comparaison, 76 % des français ne savent identifier trois feuilles d'arbres communs (BVA, 1985).
Par ailleurs, 72 % des enquêtés souhaitent améliorer leur connaissance de l'animal en assistant à des conférences, 30 % sont d'accord pour se rendre à ces conférences sur leurs lieux de vacances et 25 % consentiraient à un déplacement de 10-20 km pour s'y rendre.
79 % des enquêtés pensent que la marmotte présente une utilité, surtout comme maillon de la chàne alimentaire, et ils tirent aussi de la satisfaction à la regarder. Aucune réponse d'utilité marchande n'a été citée, d'ailleurs, plus de 90 % des enquêtés ne souhaitent pas posséder de peau ou de marmotte empaillée et seulement 12 % accepteraient d'en manger la viande. Ces refus sont principalement liés à l'aspect sympathique de l'animal.
48 % des touristes pensent que la marmotte n'a pas d'inconvénient et seulement 24% pensent qu'elle en a, surtout si les densités deviennent trop élevées pour les agriculteurs.
5.1.5 Consentement à faire des efforts pour voir des marmottes
D'après les déclarations des touristes, la marmotte est l'animal le plus facile à observer, d'ailleurs 80 % en ont déjà vu. Les promeneurs apprécient la découvrir au hasard de leur chemin et seulement 24 % vont exprès sur les itinéraires de randonnées pour en observer. Les touristes sont très demandeurs de marmottes en liberté, mais il s'agit de voir s'ils sont prêts à donner temps et argent pour d'autres usages de la marmotte.
5.1.5.1 Consentement à voir des marmottes en captivité
D'un point de vue méthodologique, la question relative à la captivité a été posée différemment en avril et en juillet afin de savoir si l'ordre de présentation de la grandeur d'enclos pouvait influencer le consentement, en soulignant la claustration.
En avril, 8 % des enquêtés acceptent de voir des marmottes en cage et en enclos, 18 % en parc de vision, alors que l'ordre était : cage, enclos, parc de vision.
En juillet, 15 % des enquêtés acceptent d'en voir en cage et en enclos et 25 % en parc de vision, alors que l'ordre était : parc de vision, enclos, cage.
De manière générale, les touristes sont peu attirés par les marmottes en captivité. La forme de captivité la mieux accueillie est le parc de vision dont la définition reste ambiguë et qui n'est en fait qu'une semi-captivité.
L'énoncé en premier des formes de captivité les plus étroites induit un rejet plus fort du principe de captivité qui joue en défaveur du mode moins strict de captivité exposé en second.
On remarque que le taux de consentement à voir des marmottes en parc de vision (25 %) est proche du chiffre de fréquentation des zoos (29 %) mais il est difficile d'aller plus loin dans la comparaison car le nombre de zoos privés possédant des marmottes n'est pas connu (l'ANPJZP ne le connaît pas pour ses adhérents).
Donc 1/4 des touristes souhaiteraient voir des marmottes en captivité. Notons, que les femmes consentiraient plus à cet effort et que 37 fb de ceux qui n'en ont pas encore vu apprécieraient de voir des marmottes en captivité.
Parmi les enquêtés acceptant de voir des marmottes en captivité, 47 % ne précisent pas la somme qu'ils paieraient, mais 21 % paieraient 30 francs et plus.
5.1.5.2 Consentement à faire des efforts pour voir des marmottes à l'état libre
25 % des enquêtés accepteraient de payer un accompagnateur qui leur ferait voir des marmottes en liberté. Ceux qui refusent disent pouvoir et vouloir les trouver seuls. Parmi ceux qui accepteraient d'être accompagnés, 33 % paieraient 50 francs et 46 fb entre 50 et 100 francs par demi-joumée.
Par contre, 54 % des touristes consentiraient à garer leurs voitures sur un parking payant donnant accès à un itinéraire où ils seraient sûrs de voir des marmottes en liberté. 43 % de ces personnes n'indiquent pas le prix du stationnement consenti, mais 23 % précisent qu'elles paieraient entre 20 et 30 francs. Le consentement à payer est plus important que le précédent car cet usage n'enlève rien au plaisir de découvrir les marmottes par soi même. Pour les deux consentements précédents, les personnes n'ayant pas encore vu de marmottes répondent davantage par l'affirmative.
57 % des touristes accepteraient d'effectuer un trajet en voiture pour voir des marmottes en liberté ; la distance consentie la plus fréquemment citée (14 %) est de 10- 20 km. On remarque que les touristes seraient plus disposés à faire un détour (à pied ou en voiture ?) pour voir la faune en général (75 %) que pour la marmotte en particulier. Rappelons que 25 % des enquêtés consentiraient à faire plus de 10 km pour assister à une conférence sur la marmotte.
21 % des personnes sont d'accord pour payer un supplément de location pour un hébergement proposant une vue sur une colonie de marmottes. Le faible taux de consentement est dû d'une part, à l'improbabilité de la situation et d'autre part, au fait que ce principe transforme la marmotte en un animal quasi domestique. Parmi les personnes acceptant cet hébergement, 50 fb paieraient entre 100 et 200 francs par semaine.
Les touristes sur leur lieu de vacances préfèrent découvrir les marmottes eux- même plutôt que de les voir en captivité, en étant accompagné ou depuis leur fenêtre.
5.1.6 Déclarations des touristes sur les relations marmottes-agriculteurs. Consentement à compenser le coût que supportent les agriculteurs;
5.1.6.1 Relations marmottes-agriculteurs
33 % des touristes pensent que les agriculteurs ont des problèmes avec les marmottes et 19 fb seulement croient à une bonne cohabitation. On suppose que les réponses des touristes à la question sur les relations agriculteur-marmotte ont été biaisées par la présence de la question sur les inconvénients juste avant.
D'après 56 % des enquêtés, la solution à adopter pour résoudre ces problèmes est la capture des animaux dans les endroits où ils font des dégâts ; 20 % disent qu'il faut indemniser les agriculteurs et 10 % disent qu'il ne faut tien faire. Notons que c'est en capturant des animaux que les gestionnaires du parc essaient d'apporter des réponses ponctuelles aux plaintes des agriculteurs.
Si la solution de l'indemnisation est adoptée, c'est l'état qui doit payer pour 34 % des enquêtés, mais 35 % choisissent un financement multiple (à la fois public et privé). 10 % des touristes sont contre le principe des indemnisations.
5.1.6.2 Consentement à payer pour le maintien de l'agriculture en montagne
L'opinion des touristes sur l'agriculture n'est pas défavorable puisque 76 % accepteraient de loger pendant leurs séjours en gîte rural ou en location chez des agriculteurs et cette proportion de la population est davantage disposée à donner de l'argent pour le maintien de l'agriculture de montagne ou pour l'indemnisation des dégâts de marmottes (deux questions posées à deux échantillons d'enquêtés).
68 % des enquêtés sont d'accord pour payer plus cher leur taxe de séjour pour participer au maintien de l'agriculture. 29 % d'entre eux donneraient moins de 1 franc par jour et par personne et 41 fb, 2,50 francs. Ce supplément de 2,50 francs revient à accepter un doublement de la valeur de la taxe dont le montant a été indiqué aux enquêtés.
Parmi les consentants, 91 % pensent qu'une partie de cette somme doit être reversée pour indemniser les agriculteurs des dégâts de marmottes.
5.1.6.3 Consentement à payer pour l'indemnisation des dégâts de marmottes
69 % des vacanciers acceptent de payer plus cher leur taxe de séjour pour participer à l'indemnisation (consentement similaire à celui du maintien de l'agriculture).
44 % acceptent que l'état prenne sur leurs impôts et 45 % acceptent d'adhérer à une association de protection de la marmotte dont la cotisation serait comprise entre 20 et 100 francs par an pour participer à l'indemnisation.
65 % des enquêtés achèteraient de préférence des produits agricoles portant un label du genre "produit dans le respect de la marmotte" et 10 fb paieraient plus chers les
produits agricoles locaux pour participer à l'indemnisation (ces deux questions ont été posées à deux échantillons différents). Notons ici une grande différence de consentement entre deux actions qui finalement se rejoignent puisque le port d'un label induit souvent un prix supérieur. Il semble que la faible acceptation de surpaiement pour des produits locaux s'explique par les prix élevés rencontrés en montagne pour l'ensemble des denrées.
Par ailleurs dans un sondage paru dans "Entreprise Agricole" (1986), 51 % des français sont prêts à payer plus cher les produits alimentaires agricoles pour éviter la disparition d'un trop grand nombre d'agriculteurs.
5.2. Évaluation de la demande cynégétique de marmotte
Jusqu'à la seconde guerre mondiale, la marmotte était massivement chassée pour sa viande, sa fourrure et sa peau à des fins de subsistance. De nos jours, cette demande est essentiellement réduite à une demande récréative ; la consommation prédatrice des chasseurs présente rarement une finalité utilitaire (viande, peau).
Cette demande de prélèvement, bien que succinctement abordée dans cette étude, est davantage concrète et identifiable que la demande d'usage récréatif des touristes.
5.2.1. Réglementations de la chasse à la marmotte
La marmotte appartient à la catégorie des gibiers de montagne selon l'arrêté ministériel du 26 Juin 1987.
La chasse à la marmotte n'est autorisée que dans six départements alpins.
En Savoie, le tir de la marmotte est autorisé dés l'ouverture générale de la chasse (le 13/09 en 1992) jusqu'au 11 novembre et ceci 4 jours par semaine.
La chasse est interdite dans les parcs nationaux, les réserves naturelles ainsi que sur les communes ou massifs où la marmotte a été réintroduite depuis moins de 5 ans, selon la DDAF de Savoie et depuis moins de 3 ans selon la Fédération des Chasseurs.
La commercialisation, le piégeage et le déterrage de ces animaux sont interdits.
5.2.2. Tableaux de chasse de la marmotte en Savoie
Au niveau national, l'Office National de la Chasse ne dispose pas de telles données.
En Savoie, la fédération de chasse estime, après comptage, que 800 marmottes ont été tuées en 1988 par 5 000 chasseurs de montagne, c'est-à-dire une marmotte pour 6 chasseurs. Il semble que le nombre de marmottes tuées par an soit supérieur à celui annoncé par la fédération de chasse, si l'on se réfère à nos propres estimations (voir paragraphe 5.2.3).
A titre de comparaison, le plan de chasse au chamois prévoit 1 400 animaux tués pour l'année 1993. Ce nombre correspond à 10 fb de l'effectif total des chamois estimé à 15 000 têtes environ.
En Savoie la marmotte est peu chassée et elle est d'ailleurs la seule espèce de petit gibier de montagne dont les populations sont en expansion géographique (CNERA, 1991).
Remarque : selon Walter Huber (1978), le nombre de marmottes tuées en Suisse serait passé de 16 000 à 7 000 depuis la seconde guerre mondiale.
5.2.3. Importance de la chasse à la marmotte dans les communes enquêtées
Tableau des données cynégétiques communales :
Nombre d'habitants en 1998 | Nombre de chasseurs en 1992 | Proportion de chasseurs dans la population | Nombre d'enquêtés | Proportion de chasseurs parmi les enquêtés | |
Bonneval | 211 | 21 | 10 % | 14 | 64 % |
Termignon | 344 | 30 | 8,7 % | 14 | 14 % |
Chamapgny | 444 | 50 | 11 % | 6 | 33 % |
Tignes | 1486 | 50 | 3,3 % | 6 | 0 % |
Approximation du tableau de chasse dans les communes :
- Bonneval-sur-Arc : une centaine de bêtes tuées pour 9 chasseurs enquêtés (en 1992).
En général,les agriculteurs des communes enquêtées sont peu chasseurs :
A Bonneval par contre, 64 % des agriculteurs sont chasseurs. Ils chassent la marmotte pour limiter les dégâts occasionnés aux exploitations. Dans cette commune, seulement trois personnes disent la chasser pour le plaisir ou pour la viande.
A Termignon, seulement deux agriculteurs sont chasseurs. Les chasseurs de la commune disent tirer peu de marmottes et lorsqu'il le font c'est prioritairement pour répondre aux sollicitations des agriculteurs qui se plaignent d'un trop grand nombre de rongeurs.
A Champagny, les agriculteurs ne s'en plaignent pas et de plus les chasseurs ont imposé des dispositions particulières pour la chasse à la marmotte :
- Elle doit être tirée au plomb.
- L'utilisation de la carabine est interdite.
- Le nombre d'animaux à tuer est restreint à une marmotte par chasseur et par jour.
Ces mesures de protection sont également appliquées à d'autres petits gibiers.
A Tignes, la chasse à la marmotte est également réglementée : il est interdit de la chasser sur les pentes et aux abords des chemins de randonnée de la station car (d'après le président de la société de chasse), les touristes tiennent à voir des marmottes pendant leur passage à Tignes et par ailleurs elles ne gênent personne.
5.2.4. Demandes d'introductions de marmottes par les fédérations de chasseurs
Il est fréquent de voir des fédérations de chasseurs demander à la DDAF des permis de capture et de transport de marmotte afin de constituer des populations dans les communes qui demandent des animaux et qui sont susceptibles de garantir un biotope d'accueil. Ce nombre d'opérations avoisine les deux par an pour le département de la Savoie et peut concemer des dizaines d'animaux, mais il n'existe pas de réel suivi de ces opérations, bien qu'elles soient réglementées.
Le but des chasseurs n'est pas toujours de reconstituer des populations de gibiers à des fins cynégétiques, mais parfois de répondre aux demandes d'agriculteurs mécontents, ou encore de participer à la protection des marmottes en les enlevant d'un lieu où elles sont menacées (par les engins de damage sur les pistes de ski de Tignes par exemple).
5.2.5. Valeur de la marmotte comme gibier
Aux vues des déclarations des chasseurs ou des organismes de chasse, la marmotte est peu appréciée comme gibier, d'ailleurs aucun chasseur n'échangerait une joumée de chasse au chamois ou au sanglier contre une ni même plusieurs joumées de chasse à la marmotte. Nos tentatives de comparaison n'ont pas été fructueuses.
La chasse au chamois est une chasse sportive qui rapproche l'homme de la nature, alors que la marmotte est "juste un tir de cible" "pour régler son fusil" (mots employés par les chasseurs eux mêmes).
Le sanglier est un gibier récent dans ces zones de montagnes et les chasseurs le tirent par plaisir et aussi pour répondre aux plaintes des agriculteurs.
La chasse à la marmotte était autrefois importante pour la survie des populations locales, mais actuellement cette demande cynégétique est essentiellement récréative et de surcroît, peu intense à cause du faible intérêt " sportif" de l'animal.