4ème Journée d'Étude sur la Marmotte Alpine, Ramousse R. & Le Berre M. eds. : 73-76.
ISBN : 2-9509900-3-7


Protocole du dépouillement des opérations de dénombrement de marmottes : Méthode des surfaces de regroupement d'individus

Jean-Mary Le Chanony
Parc National des Écrins

Résumé : Des opérations de dénombrement de population de marmottes ont été réalisés, plusieurs années sucessives, grâce à des comptages de 15 minutes répétés tout au long d'une journée. Un nouveau protocole d'estimation de l'effectif des populations est proposé, prenant en compte les groupes d'individus observés et la répartition des terriers principaux. Mots-clés : Marmota marmota , méthodologie, dénombrement.

Abstract: Data processing of marmot census: animal regrouping areas method. Population census of marmots were realized several years through short counting periods repeated during a whole day. New data processing rules to estimate the number of individuals of the population was proposed, taking into account the number of observed groups of marmots and the distribution of principal burrows. Key-words: Marmota marmota , methodology, census.




Préambule

Ce protocole de dépouillement s'applique à la suite d'une opération de dénombrement de population de marmottes réalisée selon la méthode mise au point en 1993 (Tron et al. 1993 ; Cortot et al. 1996). Les outils de base fournis par cette méthode sont les calques ("feuilles contacts") ; les connaissances acquises lors de la matinée de comptage et une cartographie des marmottières (à partir des terriers visibles depuis le poste d'observation).
L'objectif est de faire apparaître des surfaces de regroupement d'individus (S.R.I.). Une S.R.I. se définit comme la présence simultanée et rapprochée d'au moins deux individus.


1. Exploitation des calques

Au cours de la matinée de comptage, toutes les marmottes contactées sont reportées sur les calques successifs. Après avoir numérotés chronologiquement ces derniers (I, II, III, IV, V, VI, ...), il faut y adjoindre un calque vierge au même format qui sera le "calque d'interprétation".

Prendre le calque vierge, le superposer au calque I et par transparence, tracer les S.R.I.. Pour cela, si 2 contacts (ou plus) sont très proches l'un de l'autre, les entourer sous forme d'un patatoïde. Répéter cette opération pour tous les regroupements d'individus de cette première feuille. Ceci réalisé, les premières S.R.I. sont donc tracées. Des individus restent probablement isolés, cela est normal, ne pas en tenir compte.

Prendre le calque II et lui superposer le calque d'interprétation. En premier lieu, mettre en évidence les nouvelles S.R.I. selon la même technique (une patate pour au moins 2 contacts très proches). Ensuite, étendre les S.R.I. déjà tracées précédemment sur le calque d'interprétation si un individu (ou plus) en est très proche. Des S.R.I. vont alors s'étendre, d'autres apparaître ainsi que des individus isolés à ne pas prendre en compte.

Prendre le calque III et lui superposer le calque d'interprétation. Comme précédemment, faire apparaître les nouvelles S.R.I., étendre celles existantes, laisser de côté les individus isolés.

Renouveler cette opération successivement pour les calques suivants, IV, V, VI, .... jusqu'au dernier. Il est fort probable que pour les derniers calques, il n'y ait plus de nouvelles S.R.I. à faire apparaître, mais simplement une extension des précédentes.


Validation des S.R.I.

Le premier travail réalisé, des S.R.I. très contiguës peuvent apparaître, posant la question de leur indépendance. La cartographie des marmottières et les connaissances acquises pendant la matinée de comptage sont alors utilisées pour valider les S.R.I. incertaines, c'est-à-dire, joindre ou laisser indépendantes les patates contiguës. Superposer le calque d'interprétation à la cartographie des marmottières et par transparence, étudier les S.R.I. contiguës :
- Si une marmottière se trouve dans chacune des 2 S.R.I., celles-ci sont considérées indépendantes.
- Si une marmottière se trouve dans l'une des S.R.I. seulement, les deux S.R.I. sont jointes.
- Si aucune marmottière ne se retrouve dans aucune des 2 S.R.I., celles-ci sont jointes uniquement si des déplacements ont été observés de l'une vers l'autre. Dans le cas contraire, elles sont laissées indépendantes.
Quand la validation des S.R.I. est réalisée, surligner les contours définitifs de chacune et les nommer (les numéroter).


Obtention du résultat

Établir un tableau ayant autant de colonnes que de calques réalisés lors du comptage, plus une (pour les maxima) et autant de lignes que de S.R.I. mis en évidence, plus une (pour les individus isolés). Ces derniers sont pris en compte à ce stade.

- exemple -
IIIIIIIV...Maxima
S.R.I. 1----...-
S.R.I. 2----...-
S.R.I. 3----...-
S.R.I. 4----...-
S.R.I. 5----...-
S.R.I. 6----...-
S.R.I. 7----...-
S.R.I. 8----...-
.....................
S.R.I. n----...-
Total-

Prendre le calque I et lui superposer le calque d'interprétation. Reporter dans le tableau les effectifs de chaque S.R.I. et du nombre d'individus isolés observés au cours du premier comptage dans la première colonne.

Prendre le calque II et lui superposer le calque d'interprétation. Reporter dans le tableau les effectifs de chaque S.R.I. et le nombre d'individus isolés de ce second calque dans la seconde colonne.

Renouveler cette opération pour le troisième calque / troisième colonne ; quatrième calque / quatrième colonne ; etc.... jusqu'au dernier calque / dernière colonne.

A ce stade de remplissage du tableau, il ne reste plus qu'à compléter la colonne des maxima. Il s'agit d'y reporter pour chacune des lignes, le nombre maximal d'individus de S.R.I. et le nombre maximal d'individus isolés. Le résultat du dépouillement, est alors obtenu en réalisant la somme de tous les maxima (total au bas de la colonne des maxima).

L'étude Sassière a montré que la méthode S.R.I. entraînait une surestimation de 10%. On peut donc convenir que le chiffre obtenu est un plafond, c'est-à-dire, qu'il correspond à la limite supérieure de l'intervalle d'incertitude caractérisant l'effectif recherché.

Ainsi, soit N le résultat issu du dépouillement,
et E l'effectif cherché.

Le bilan final s'écrira : (9/11) N < E < N ou E = (10/11) N 10%

Explication :

Notre effectif se situe dans une fourchette de 10% c'est-à-dire entre E - 10% et E + 10%.
E-10% < E < E + 10% ' (9/10)E < E < (11/10) E
Comme N le chiffre issu du dépouillement est la limite supérieure ;
alors N = (11/10) E, donc E = (10/11) N
De même, la limite inférieure (E-10%) peut s'écrire ;
(9/10) E = (9/10) (10/11) N = (9/11) N
Notre intervalle s'écrit donc : (9/11) N < E < N

Exemple : Dans le cas du comptage Prapic 96 ; nous avons obtenu N = 243
L'expression de notre effectif est donc : 199 < E < 243 ou E = 221 10%
Bien sûr, à la vue de ce type d'intervalle, il est plus raisonnable de donner comme résultat final :
200 < E < 240
E = 220 10%


Bibliographie

Cortot H., Francou M., Juan D., Tron L., Le Berre M. & Ramousse R. 1996.
Mise au point d'une méthode de dénombrement des marmottes alpines dans le Parc National des Écrins. Development of a counting method of Alpine marmot in the Ecrins National Park. In Biodiversité chez les marmottes /Biodiversity in marmots, Le Berre M., Ramousse R. & Le Guelte L. eds., International Marmot Network, 23-28.
Tron L., Cortot H. & D. Juan 1993 .
Suivi des marmotte sur le plateau de Charnière. Essai de dénombrement. In 2ème Journée d'étude sur la marmotte alpine , Ramousse R. & Le Berre M. eds., 55-60.


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