In Biodiversité chez les marmottes /Biodiversity in marmots, 1996,
Le Berre M., Ramousse R. & Le Guelte L. eds., International Marmot Network, 157-168.
ISBN 2-9509900-0-2


Démographie de la marmotte de l'île de Vancouver dans les habitats naturels et les clairières


Demography of Vancouver Island Marmots
(Marmota vancouverensis) in natural and clearcut habitats

BRYANT A.A.
Scientific Advisor, Vancouver Island Marmot Recovery Team, 108 Fifth Street, Nanaimo, B. C., CANADA V9R 1N2

Marmota vancouverensis, Swarth, occupaient surtout les prairies subalpines (1000 et 1400 mètres d'altitude) de l'île de Vancouver. Ces dernières années, elles ont colonisé les clairières de déforestation (<700 mètres d'altitude), et ont disparu de certains habitats naturels. La population actuelle est à la fois faible (100-200 individus) et très concentrée. Ses taux de reproduction sont peu élevés : portées de petite taille ( = 3.36, SD = 0.83, n = 36), maturité sexuelle tardive (1ère reproduction = 4,00 ans, ET = 0,82, n = 13) et longs intervalles entre portées sans reproduction (= 1.83 ans, ET = 0.76, n = 6). Prédation et échec d'hibernation sont les principales causes de mortalité. Les marmottes de clairières ont moins de marmottons et présentent des taux de survie plus faibles que les marmottes des habitats naturels. Les clairières, "puits" à population, consomment plus de marmottes qu'elles n'en produisent. La sylviculture peut, ainsi, ralentir ou prévenir la reconquête de certains habitats historiques.
Mots-clés : Marmotte de l'île de Vancouver, Marmota vancouverensis, démographie, sylviculture, métapopulation, protection.

Vancouver Island Marmots (Marmota vancouverensis: Swarth) normally inhabit sub-alpine meadows at 1000-1400 metres elevation. In recent years marmots colonized habitats created by clearcut logging of forests above 700 m in elevation, but disappeared from some natural habitats. The current population is small (100-200 individuals) and highly concentrated. This marmot exhibits low reproductive rates, with small litters ( = 3.36, SD = 0.83, n = 36), late sexual maturity ( age at first reproduction = 4.00, SD = 0.82, n = 13) and a lengthy non-reproductive interval between litters (= 1.83 years, SD = 0.76, n = 6). Predation and unsuccessful hibernation are the most important causes of mortality. Marmots inhabiting recently logged habitats produce fewer young and show significantly lower survival rates. Clearcut habitats may act as population "sink" by consuming more marmots than they produce. Forestry may ultimately slow or prevent recolonization of some historic habitats.
Key-words: Vancouver Island Marmot, Marmota vancouverensis, demography, forestry, metapopulations, conservation.



INTRODUCTION

Marmota vancouverensis, Swarth 1991, endémique de l'île de Vancouver (200-330 individus), Colombie Britannique (Nagorsen 1987), est l'espèce la plus rare du genre Marmota (Bryant & Janz, sous presse). Elle a été inscrite "en danger" par le Committee on the Status of Endangered Wildlife du Canada (COSEWIC) en 1979, et par la province de Colombie Britannique en 1980, du fait de sa rareté et de l'ignorance de notre impact sur cette espèce. Une équipe (1988) et un plan de restauration (1993) ont été mis en place (VIMRT, sous presse).

Dès 1980, les marmottes ont colonisé les habi-tats déboisés entre 800-1100 mètres (33% de la population en 1984 et >50% en 1994). Cependant, cela n'a entraîné ni son augmentation numérique ni celle de son aire de distribution, qui, en fait, a diminué ces dernières décades. Les marmottes occupent maintenant moins de 50 sites sur 15 montagnes. Toutes les colonies, sauf une, sont situées entre 5 lignes de partage des eaux voisines dans le centre-sud de l'île de Vancouver (Figure 1).

La relation entre Marmota vancouverensis et la sylviculture est méconnue. D'une part, cette dernière a créé de grandes surfaces d'habitats potentiels dont cer-tains ont été colonisés par les marmottes. D'autre part, les marmottes ont disparu de nombreux sites historiques naturels malgré leur maintien en état. Ce travail porte sur le statut global de la population et compare l'évolu-tion démographique des marmottes dans les prairies subalpines naturelles et les clairières.

MÉTHODES


Dénombrements de la population

En raison des inquiétudes des chasseurs locaux et des naturalistes, la population a été régulièrement dénombrée depuis 1972, malgré un effort d'observation annuel variable. Les méthodes de comptage de base ont été utilisées avec un personnel ayant une expérience diverse des marmottes, sur des sites individuels (voir remerciements). Les observateurs examinent les prairies et les falaises à l'aide de jumelles ou de téles-copes, écoutent les sifflements des marmottes et recherchent les terriers, les fèces fraîches ou les marques de boue sur les rochers ou les souches. Les marmottes sont classées comme adultes ou marmottons (jeunes de l'année), suivant leur taille et leur pelage. Les marmottons sont aisément identifiables par leur petite taille et leur pelage sombre, presque noir (Nagorsen 1987, Heard 1977). Bryant & Janz (sous presse) ont identifiés plusieurs problèmes résultant des données de comptage, mais l'analyse des performances de comptage, utilisant le repérage des animaux marqués a fourni un mode d'estimation des tailles de la population.

Colonies intensivement étudiées

Les marmottes ont été capturées, marquées et suivies de 1987 à 1995 dans 2 colonies naturelles et 3 colonies de clairières : la Réserve Écologique d'Haley Lake, la clairière de Vaughan Road, et au sommet de Green Mountain). Deux colonies de clairière ont été incluses en 1988 (Pat Lake) et en 1992 (Sherk Lake). Toutes ces colonies ont été décrites en détail (Bryant 1990, sous presse).

Les sites Haley Lake (1100 mètres d'altitude) et Green Mountain (1400 m) sont des prairies pentues (30 à 45deg.), exposées au sud ou sud-ouest, libres d'arbres du fait des glissements de neige et avalanches. Ils sont occupés depuis longtemps (relevés de 1915 à Haley Lake et de 1954 à Green Mountain). Le site Vaughan Road, situé à 1 kilomètre à l'ouest de la colonie Haley Lake, a été déboisé entre 1974 et 1978 (940 m). Il est escarpé, avec de nombreux talus, rochers et zones érodées ; libre de végétation au début de l'étude, il est occupé depuis par A. sitchensis et des conifères de régénération. Les marmottes y ont été observées pour la première fois en 1985. Le site Pat Lake (920 m) est une cuvette escarpée, exposée au nord, entourant un lac peu profond de 16 km au sud de la colonie Haley Lake et à 2 km au nord-est de Mount Whymper. Déboisé entre 1978 et 1979, les marmottes y ont été découvertes en 1985 et sont présentes dans plusieurs parcelles d'habi-tats naturels. La végétation est comparable à celle de Vaughan Road, avec des communautés dominantes de Lupinus et Anaphalis. Le site SL, à 0,9 km et 260 m en dessous d'un site naturel ou existe une petite colonie, exposé au sud (980 m) sur le flanc de Mount Landalt, a été déboisé en 1977, et les premières marmottes y ont été observées en 1991.

Capture, manipulations et recapture

Les marmottes on été capturées à l'aide de pièges Havahart à une porte, modèle 1079 (Woodstream Corporation, Littitz, PA), et appâtées au beurre de cacahuète. Cette espèce étant menacée, les recaptures ont été évitées sauf pour remplacer une marque d'oreille ou vérifier le statut reproducteur. Les piégeages ont été réalisés avec du personnel de terrain en visite et les méthodes de manipulations décrites (Bryant 1990).

Recueil et analyse des données

Pour estimer l'abondance de la population, j'ai mesuré le nombre maximum d'adultes et de juvéniles. L'abondance moyenne des adultes et des juvéniles a été calculée pour chaque colonie au cours des années, et si un site a été surveillé effectivement une année, ces données sont incluses dans la somme des nombres "prévisibles". Les résultats des comptages annuels de chaque colonie sont alors totalisés et les rapports observés/prévus calculés. Enfin, j'ai estimé les nombres de marmottes "probables" en appliquant un facteur de correction basé sur le nombre moyen de comptages par site, et la régression entre le nombre de comptages et d'animaux observés (Bryant & Janz sous presse). En pratique, ce facteur de correction varie de 1,31 à 1,85 (moyenne = 1,47), et pour les juvéniles, le facteur de correction constant de 1,25 a été utilisé. Il est impossible de corriger les données de dénombrement pour les colonies individuelles, en effet un observateur unique, au cours d'un seul jour de beau temps, peut voir tous les animaux présents ou n'en voir aucun.

Les tailles des populations des sites intensi-vement suivies ont été basées sur plus de 5 dénombre-ments annuels, incluant une forte proportion d'animaux marqués. L'effort d'échantillonnage de ces colonies a été enregistré en journées d'étude (visite d'une personne ou plus à une colonie par jour), en jours par personne (une personne sur un site durant une session matinale ou vespérale, par beau temps) et en jours-pièges (un piège utilisé sur un site durant un jour, compte non tenu du nombre de déplacements du piège parmi les sites).

La survie suivant l'âge et le sexe a été estimée par les méthodes des tables standard de survie (survie standardisée, Caughley 1977). Mes données, incluant la dispersion, sous-estiment les taux réels de survie. Les échantillons de marmottons marqués étant réduits, j'ai estimé leurs taux de survie en comparant leur nombre et celui des un-ans observés l'année suivante. Les animaux marqués revus ont été utilisés pour estimer les taux de survie des autres classe d'âge (Bryant sous presse).


RÉSULTATS

Fiabilité des données sur la population

Les dénombrements sous-estiment l'abondance réelle de marmottes. Basée sur les comptages des colonies connues avec une certaine certitude, l'efficacité moyenne d'un seul comptage est de 54%. Deux ou trois dénombrements sont nécessaires pour prendre en compte la plupart des adultes. Pour la plupart des combinaisons site-année, nous avons probablement compté 67-78% des adultes, et 75-89% des juvéniles. En dépit de la sous-estimation, les données des sites faiblement étudiés sont logiques, et reflètent la tendance de l'abondance.

Tendances de la population

Cent cinq marmottes, dont 19 juvéniles, ont été dénombrées en 1995, comparées aux 235 (68 juvéniles) comptées en 1984, année caractérisée par un effort comparable de comptage (152 décomptes sur 40 sites en 1995 pour 101 décomptes sur 37 sites en 1984). L'abondance des marmottes et le nombre d'habitats occupés ont décliné depuis le milieu des années 1980. Malgré une sous-estimation significative, la population actuelle (1995) comprend apparemment 100-200 animaux, dont 50-100 d'entre-eux dans les nouveaux habitats (fig. 2). Ce résultat n'est pas dû à l'effort d'échantillonnage. Les dénombrements de 1994 et 1995, comprenant la plupart des sites surveillés et le plus grand nombre de visites, ont été les plus soigneux grâce aux équipes les plus expérimentées. Les deux seules colonies nouvelles trouvées depuis 1980, l'ont été dans des clairières, en dépit d'efforts extensifs de recherche à la fois dans le coeur de l'aire de distribution et dans les zones nord de l'îlot Albertini.

Les populations des colonies intensivement étu-diées fluctuent ; la plupart montre un déclin depuis le début de l'étude (Table 1). L'essentiel de la variation de la taille globale de la population est le résultat des variations des nombres de juvéniles et de un-ans survi-vants. En moyenne, 62% des marmottes observées dans les colonies étudiées de 1987 à 1995 ont été finalement marquées à l'oreille, soit plus de 13% de la population probable de M. vancouverensis de ces années.

Reproduction

Les caractéristiques reproductives des marmottes des deux types d'habitats sont similaires. J'ai compté 121 marmottons dans les colonies inten-sivement suivies et généralement des portées de 3 marmottons (moyenne = 3,36 ; ET = 0,83 ; n = 36 portées). Les marmottons les plus précoces ont été vus le 22 juin 1988. La plupart des portées (n = 29) a émer-gé entre le 1er et le 7 juillet. Les émergences ont été synchrones tout au long de l'étude, dans tous les sites. La sex-ratio des 69 jeunes marmottes ne diffère pas significativement de 1:1 ([[chi]]2 = 2.45, ddl = 1, p >0.10).

Les femelles peuvent se reproduire dès 3 ans (âge moyen de 1ère reproduction = 4 ans ; ET = 0,23 ; écart = 3-5). Cinq femelles ont engendré des portées multiples (une, 3 portées ; et 2 autres, des portées des années consécutives), représentant 59% (n = 37) de tous les marmottons des sites naturels. Aucune femelle de clairière n'a produit plus d'une portée. La fécondité à un âge donné a été relativement stable avec l'accrois-sement de l'âge, et similaire quelle que soit le type d'habitat des animaux de même âge (Fig. 3).

Malgré l'impossibilité d'identifier les pères, le comportement et le faible nombre d'animaux permet-tent d'émettre quelques conclusions sur la structure so-ciale. Malgré un biais en faveur des femelles du nombre d'adultes, dans la plupart des colonies, la plupart des années, le nombre de mâles est suffisant pour suspecter l'existence d'unités monogames. Cependant, à 3 occa-sions, des portées multiples ont été engendrées dans des colonies ne comprenant qu'un seul mâle adulte, suggé-rant l'existence de la polygamie chez cette espèce. Ces mâles ont engendré 2 portées à Green Mountain(1988) et à Haley Lake (1994), ou 3 portées dans la nouvelle colonie Sherk Lake.

Survie

En utilisant les comptages des marmottons et des un-ans survivants, la survie au cours de la première année de vie a été de 48% pendant l'étude (51 un-ans survivants à 121 marmottons). Sur la base des animaux marqués, le taux de survie des un-ans (24 sur 37 ; 65%) et celui des adultes (89 sur 152 ; 59%) ont été légèrement supérieurs. Les mâles de plus d'un an restent rarement sur un site plus d'une saison d'activité, et l'âge maximum observé a été de 6 ans. Les femelles montrent une meilleure persistance sur un site et peu-vent ainsi l'occuper plusieurs années ; l'âge maximum noté a été de 9 ans, plusieurs animaux vivant 7 à 8 ans.

Les taux de survie, après groupement des classes d'âge, sont significativement inférieurs dans les clai-rières (50 sur 104 ; 48%) à ceux des prairies (84 sur 129; 65%; [[chi]]2 = 6.84, 1 ddl, p <0.01). Bien que la faiblesse des échantillons en fonction de l'âge gêne l'analyse, la tendance générale a été une réduction de la survie de 15-20% de toutes les classes d'âge et de sexe (Fig. 4). Des femelles d'habitats naturels sont représentées dans les quatre classes d'âge supérieures alors qu'il n'y a aucune femelle de clairière (Fig. 3). Le fait essentiel est que les taux de reproduction nette des colonies (Ro) sont très inférieurs dans les clairières (Ro = 0.25) à ceux des habitats naturels (Ro =0.72).


Causes de mortalité

Au cours de 611 jours de terrain, 3 cas de prédation par l'aigle royal (Aquila chrysaetos) ont été observés, tous impliquant des marmottons ou des un-ans. La radio-télémétrie a permis de mettre en évidence la prédation de trois adultes par des animaux terrestres. Malgré l'impossibilité de préciser l'espèce du prédateur, il est probable que ce soit un couguar (Felis concolor) ou un loup (Canis lupus). Deux fois, des couguars ont été aperçus poursuivant des marmottes, et leurs traces observées près des tunnels de sortie dès le 21 avril. Un chasseur rapporte avoir vu un loup creuser un terrier d'hibernation en novembre. Il est probable que la prédation soit sous-estimée.

Huit groupes familiaux comprenant des marmottons ont disparu entre fin août et début mai. Dans tous les cas, les terriers principaux sont soit inoccupés au printemps, soit occupés exclusivement par de nou-veaux adultes, non marqués (7 cas dans les clairières et 1 cas dans les prairies naturelles). Dans d'autres cas, les adultes ont survécu mais les marmottons ont disparu. La survie de ces derniers a été très faible en 1989-90 (13 sur 31 individus), en 1990-91 (0 sur 8), en 1994-95 (8 sur 27) et élevée en 1991-92 (10 sur 16) et en 1993-94 (17 sur 23). Mes données n'excluent pas la possibilité que certains marmottons disparus se soient dispersés, bien que cela soit peu probable, compte-tenu de l'absence de données concernant de jeunes dispersants.

Une seule mort imputable à l'étude s'est pro-duite (1992) suite à l'hyperthermie d'un mâle adulte lors de son transport précédant l'implantation d'un radioémetteur. Un mâle d'un-an a été tué dans un piège armé par un visiteur. Enfin, 3 marmottes ont été abattues par des vandales (Janz et al. 1994).

Dispersion

Au moins 5 animaux marqués se sont dispersés pendant l'étude. Deux d'entre eux, non identifiés, ont été vu brièvement dans leur nouveau site. Leur devenir reste méconnu. Les 3 autres ont déménagés de Pat Lake à Mount Franklin, distants de 7,4 km. Au moins 2 de ces animaux, âgés de deux ans, se sont dispersés, et sont encore présents en 1995 en Mount Franklin. La présence de marmottes solitaires dans des lieux divers de faible altitude (par exemple, Coombs, Nanaimo, Franklin River, Union Bay) suggère que des déplacements encore plus importants sont communs (Bryant & Janz sous presse).

DISCUSSION

Les marmottes de l'île de Vancouver sont rares, surtout du fait de leurs habitats parcellisés et dis-persés. Le profond changement de climat et le développement de la forêt qui ont suivi la dernière période gla-ciaire n'ont laissé que de petites parcelles de prairies appropriées aux marmottes, typiquement dans des cu-vettes avalancheuses ou sur les versants voisins (Milko 1984). M. vancouverensis peut fournir un bon exemple de dynamique naturelle d'une métapopulation consti-tuée de petites colonies au milieu de forêts ou d'habitats alpins non appropriés (Bryant 1990). Certaines caracté-ristiques comportementales de M. vancouverensis, son niveau élevé de socialité (Heard 1977) et sa capacité à réaliser de longs déplacements (Bryant & Janz sous presse), sont le résultat de son histoire évolutive.

La déforestation au-dessous de 800 m des années 1960 à 1980 a créé des milliers d'hectares d'habitats potentiels, offrant aux marmottes des sols propices à l'activité fouisseuse, des plantes variées à consommer, et une abondance de points de surveillance. Ceci, combiné aux conditions climatiques régionales favori-sant des taux de survie élevés et une bonne reproduc-tion, a permis aux marmottes d'occuper de nouveaux sites et d'accroître leur nombre au début des années 1980 (Bryant & Janz sous presse). Cependant, ce processus n'a entraîné ni une expansion de l'aire de distribution ni, malgré de nouveaux sites potentiels, un fort accroissement numérique.

La principale différence entre les marmottes des habitats naturels ou des clairières est une réduction de la survie de ces dernières. Au cours de l'étude (9 ans), aucune femelle des 3 colonies de clairière n'a atteint l'âge de 5 ans. Ces femelles ne peuvent atteindre la même performance reproductive que celles des habitats naturels. Je suggère que ces colonies de clairières se maintiennent grâce à une immigration continue de nouvelles femelles, et que les clairières fonctionnent comme des "puits" démographiques (Pulliam 1988).

M. vancouverensis est actuellement confinée sur moins de 15 montagnes, surtout au centre-sud de l'île de Vancouver (Bryant & Janz sous presse). Une interpréta-tion de la distribution actuelle est basée sur l'idée que les habitats historiques de l'espèce ne sont plus appro-priés du fait de l'évolution climatique et des modifica-tions de la couverture végétale qui y sont associées (Nagorsen et al. sous presse). Cette hypothèse découle logiquement de celle de Milko (1984), qui suggérait que l'invasion des prairies subalpines par les arbres limite les habitats de marmottes ou entraîne une réduction de la nourriture disponible (Martell & Milko 1986). Dans ce cadre, les habitats anciennement occupés par les mar-mottes ont changé d'une façon qualitative, et l'espèce est naturellement confinée à une région géographique, aux conditions climatiques et végétales satisfaisantes, en déclin. La découverte récente de 5 sites préhistoriques de fossiles de marmottes, tous largement hors de la zone centrale de la distribution actuelle, soutien cette hypo-thèse (Nagorsen & Keddie 1994, Nagorsen et al. sous presse). L'hypothèse d'une régulation climatique s'ac-corde aux vues de Thomas (1994), qui soutien que de nombreuses espèces rares dépendantes des conditions du milieu, disparaissant localement là où les conditions ne sont plus convenables, et colonisent des sites où les conditions s'améliorent.

La seconde interprétation est basée sur les notions de métapopulation et de source d'effondrement (Bryant 1990). Dans ce cadre, les habitats historiques de marmottes sont vacants car les extinctions locales n'ont pas été équilibrées par des recolonisations du fait de l'altération des éléments essentiels de la structure méta-populationnelle (dispersion réussie ou "connectivité") par l'activité humaine. Les preuves d'une telle structure chez M. vancouverensis comprennent l'observations de fluctuations des populations locales, d'extinctions et de recolonisations (Bryant 1990, Bryant & Janz sous presse). La preuve d'une connectivité réduite est ambi-guë ; l'idée que des habitats récents mais de mauvaise qualité, voisins des prairies naturelles, entravent la dispersion, est en accord avec les données génétiques (Bryant 1990), et la concentration spatiale des événe-ments de colonisation (Bryant & Janz sous presse), mais des preuves d'une dispersion à longue distance dans un paysage modifié existent aussi (Bryant sous presse, Bryant & Janz sous presse).

Le choix entre ces hypothèses ne sera pas aisé. Le problème fondamental est celui de l'absence de témoin expérimental (il n'y a pas de ligne de partage des eaux, déboisée, où les marmottes soient présentes et où des niveaux "normaux" de connectivité du paysage puissent être mesurés). L'hypothèse climatique, aussi, n'est pas vérifiable directement. Bien que des méthodes permettent de mesurer la stabilité des habitats (dendro-chronologie, par exemple), il est impossible d'attribuer l'absence de marmottes de zones particulières à une relation de cause à effet basée sur la variation du climat.

La question de savoir pourquoi les marmottes n'occupent plus certaines zones est fondamentale pour leur protection. Si les modification climatiques ont altéré les habitats historiques, les efforts de restauration des colonies échoueront et il y a fort peu de choses que les gestionnaires puissent faire pour restaurer les popu-lations. Au contraire, si l'altération de la connectivité du paysage est due à l'activité humaine, alors les déplace-ments peuvent être un moyen simple et économique de rétablir les populations de marmottes (par exemple, Ramousse et al. 1992), et les perspectives d'un éventuel "rétablissement" de l'espèce sont alors excellentes.

REMERCIEMENTS

De nombreuses personnes ont participé aux dénom-brements systématiques de marmottes, dont C. Bryant, L. Campbell, R. Davies, M. deLaronde, D. Doyle, L. Dyck, K. Fry, V. Hiensalu, D. Janz, F. Lockwood, M. Loedel, B. Mason, D. Milne, J. Morgan, C. Ramsay, G.W. Smith, K. Sturmanis et J. Voller. Nous remercions aussi les nombreux chasseurs, bucherons et naturalistes qui ont réalisé des observations occasionnelles, dont T. Chatwin, B. McKinnon, B. Morris, D. Routledge et W. Whitehead.

Je suis redevable à L. DYCK, D. MILNE & J. ROBIN, qui m'ont assisté sur le terrain, et à l'équipe de réhabilitation des marmottes de l'île de Vancouver, qui m'a assuré de son aide inlassable pour la recherche et la gestion de M. vancouvernsis. Les financements ont été assurés par B.C. Habitat Conservation Fund, B.C. Ministry of Environment, Lands and Parks, World Wildlife Fund (Canada), Cowi-chan Valley Field Naturalists Society et Forest Alliance de B.C. et Canadian wildlife service. Mac Millan Bloedel Limited and Timber West m'ont autorisé l'accès aux propriétés privées. La permission de capture des marmottes dans la Réserve Ecologique de Haley Lake m'a été donnée par Ecological Reserves Unit of B.C.

*****

Figure 1. Sites de localisation de Marmota vancouverensis, 1864-1995.
Location records for Marmota vancouverensis, 1864-1995.

Les colonies actives sont celles confirmées par l'équipe inventoriale depuis 1980. Les colonies historiques sont antérieures à cette date. La population actuelle est concentrée dans les parties supérieures des fleuves Namaido, Cowichan, Chemainus, Cameron et Nitinat, et plus de 75% des animaux ont été découverts sur une surface de 20 km2. Active colonies include those confirmed by inventory crews since 1980. Historic colonies were reported prior to this date. The current population is concentrated within the headwaters of the Nanaimo, Cowichan, Chemainus, Cameron and Nitinat river systems, with >75% of known animals found within an area of approximately 20 km2. From Bryant & Janz (in press).

Figure 2 : Evolution de la population de M. vancouverensis, 1972-1995. M. vancouverensis population trends, 1972-1995.

Les rapports observés/attendus (A) sont basés sur la moyenne d'abondance de chaque site, seuls les sites observés chaque année sont pris en compte. Le nombre probable de marmottes (B) a été estimé après correction basée sur l'effort de comptage en excluant les habitats de clairière les années précédant la colonisation. La population actuelle (1995) est inférieure à 200 animaux.

Observed/expected ratios (A) were based on average abundance for each site, using only those sites counted in any year. Probable marmot numbers (B) were estimated by applying a correction factor based on count effort, and by excluding clearcut habitats for years prior to colonization. The current (1995) population contains fewer than 200 animals.

Figure 3. Fécondité en fonction de l'âge chez les femelles de M. vancouverensis dans les habitats naturels et les clairières.
Age-specific fecundity for female M. vancouverensis in natural and clearcut habitats.

Les données sont calculées à partir des comptages des jeunes nés de marmottes marquées, assumant une sex-ratio des marmottons équilibrée. La taille des échantillons est donnée. la fécondité est généralement stable avec l'âge. Les femelles des clairières présentent un succès reproducteur au cours de leur vie fortement réduit (2,27 marmottons/femelle, comparé à 4,4 marmottons/femelle dans les habitats naturels). D'après Bryant (sous presse).

Data were calculated from counts of infants born to ear-tagged marmots assuming 1:1 juvenile sex ratio. Sample sizes are shown. Fecundity is generally stable with increasing age. Females in clearcut habitats show considerably reduced lifetime reproductive success (2.27 juveniles/female, compared with 4.4 juveniles/female in natural habitats). From Bryant (in press).

Figure 4. Survie en fonction de l'âge chez M. vancouverensis dans les habitats naturels et les clairières.
Age-specific survival for M. vancouverensis in natural and clearcut habitats.

Les taux de survie des jeunes ont été estimés à partir des comptages de jeunes non marqués et des un-an survivants. Les autres taux ont été estimés à partir des animaux marqués. La tendance globale est une faible réduction (15-20%) de la survie des animaux occupant les clairières.

Infant survival rates were estimated from counts of untagged infants and surviving yearlings. Other age-specific rates were estimated from tagged animals. The overall trend is a subtle reduction (15-20%) in survival of animals living in logged habitats.

Tableau 1. Evolution de la population et échantillonnage dans les colonies naturelles et les clairières (1987-1994)
Table 1: Population trends and sampling effort at natural and clearcut colonies, 1987-1994.

1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 SD
Natural colonies
Green Mountain
N of adults 5 6 3 5 5 2 1 4 3 3.78 1.64
N of yearlings 0 0 4 0 0 1 2 2 0 1.00 1.41
N of juveniles 3 6 0 0 4 3 3 0 0 2.11 2.20
Haley Lake
N of adults 12 14 12 12 8 7 9 5 7 9.56 3.05
N of yearlings 4 1 5 0 3 6 0 10 3 3.56 3.21
N of juveniles 2 12 0 3 9 0 12 10 0 5.33 5.32
Cumulative statistics
Sampling (person-days) 54 43 19 13 12 22 28 28 40 28.78 14.30
Sampling (trap-days) 110 76 66 40 37 39 32 41 6 51.89 27.09
Tagging rate 0.42 0.51 0.71 0.75 0.59 0.58 0.63 0.74 0.92 0.67 0.16
Accumulated tagged animals 11 22 26 30 34 39 47 58 59
Clearcut colonies
Vaughan Road
N of adults 6 8 2 7 4 2 6 4 2 4.56 2.30
N of yearlings 3 0 3 0 0 0 0 2 0 0.89 1.36
N of juveniles 0 6 4 0 0 0 5 3 0 2.00 2.50
Pat Lake
N of adults 10 11 10 9 6 7 6 5 8.00 2.27
N of yearlings 5 3 0 0 2 3 3 2 2.25 1.67
N of juveniles 7 4 0 3 5 3 3 0 3.13 2.36
F19
N of adults 3 4 4 4 3.75 0.50
N of yearlings 0 0 0 3 0.75 1.50
N of juveniles 0 0 11 0 2.75 5.50
Cumulative statistics
Sampling (person-days) 18 36 11 14 8 55 81 53 76 39.11 28.30
Sampling (trap-days) 38 90 22 48 10 72 126 84 49 59.89 36.52
Tagging rate 0.11 0.36 0.48 0.53 0.38 0.67 0.61 0.89 1.00 0.55 0.29
Accumulated tagged animals 1 14 22 25 27 38 46 65 68

Tableau 2.Traits reproducteurs de M. vancouverensis dans les habitats naturels et les clairières
Table 2: M. vancouverensis reproductive traits in natural and clearcut habitats.

Natural colonies Clearcut colonies
Variable +/- SD range n +/- SD range n Test statistic1 p value
Litter size 1 3.35 +/- 0.93 2-5 20 3.38 +/- 0.72 2-5 16 U (20,16) = 173 0.636
Ratio of male:female
juveniles 2
13:20 33 15:21 36 c2 = 0.037 >0.75
Annual fecundity 3 1.27 +/- 1.77 0-5 49 1.28 +/- 1.73 0-5 29 U (49,29) = 702 0.919
Age of first
reproduction 4
4.33 +/- 0.33 3-5 6 3.71 +/- 0.76 3-5 7 U (6,7) = 30 0.173
N of years between
litters
1.83 +/- 0.76 1-3 6 - 0 - -

1 Données incluant les 8 portées des femelles non marquées ; Data include 8 litters produced by untagged females. 2 Données incluant les 25 animaux capturés comme un an.; Data include 25 animals originally captured as yearlings. 3 Incluant les marmottons des deux sexes des femelles reproductrices marquées ; Includes infants of both sexes produced by ear-tagged females of reproductive age. 4 Données provenant des femelles capturées comme marmotton, un an ou deux ans ; Data from females originally captured as infants, yearlings or 2 year-olds.

*****

INTRODUCTION

The Vancouver Island marmot (Marmota vancouverensis: Swarth 1911) is endemic to Vancouver Island, British Columbia (Nagorsen 1987). It is the rarest member of the genus Marmota, with a current (1995) population estimated at 100-200 individuals (Bryant & Janz in press). M. vancouverensis was listed as "endangered" by the Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada (COSEWIC) in 1979, and by the Province of British Columbia in 1980 (Munro et al. 1985). A Recovery Team was established in 1988, and implementation of a recovery program began in 1993 (Janz et al. 1994).

Beginning in 1981, Vancouver Island marmots colonized new habitats created by logging of forests between 800 and 1100 metres elevation. By 1984, 33% of the known population was found in clearcuts, and by 1994 this figure had risen to >50%. Curiously, this did not result in expanded geographic range or greatly in-creased numbers. Indeed, the geographic range of the species has shrunk in the past few decades, and mar-mots now occupy fewer than 50 sites on 15 mountains, with all but 1 colony situated within 5 adjacent water-sheds on south-central Vancouver Island (Figure 1).

The relationship between M. vancouverensis and forestry is therefore somewhat mysterious. Forestry has created large areas of potential habitat, some of which have been colonized by marmots. On the other hand, marmots have disappeared from many historic natural habitats, despite their remaining in pristine condition. In this paper I report on overall population status, and compare demographic trends of marmots occupying natural sub-alpine meadow environments and logging clearcuts.

METHODS

Population counts

In response to concerns raised by local hunters and naturalists, marmot population counts began in 1972. Counts have continued since, although annual observer effort was inconsistent. Count methods were basic, and personnel had variable experience with marmots and with individual sites (see Acknow-ledgments). Observers scanned meadows and cliffs with binoculars or spotting scopes, listened for marmot whistles and searched for burrows, and fresh scat or mud-stains on rocks, stumps or logs. Marmots were classified as adults or juveniles (young-of-the-year) based on size and pelage. Juvenile M. vancouverensis are readily identifiable by their small size and dark, almost black, pelage (Nagorsen 1987, Heard 1977). Bryant & Janz (in press) identified several problems with resulting count data, but their analysis of count performance using re-sightings of tagged animals provided a means of estimating probable population sizes.

Intensively studied colonies

Marmots were captured, tagged and monitored at 2 natural and 3 clearcut colonies from 1987 through 1995. Intensively-studied colonies included the Haley Lake Ecological Reserve, the nearby clearcut colony at Vaughan Road, and the colony located at the summit of Green Mountain. The project was expanded to include the Pat Lake clearcut colony in 1988 and the Sherk Lake clearcut colony in 1992. Detailed site descriptions were given in Bryant (in press, 1990).

The Haley Lake and Green Mountain sites are steep (30deg. to 45deg.) south or southwest-facing meadows kept free of trees by snow-creep and avalanches at 1100 and 1420 metres elevation respectively. Both sites have a long history of marmot occupancy, with records dating from 1915 (Haley) and 1954 (Green). The Vaughan Road site is located 1 kilometre west of the Haley Lake colony, in an area that was logged between 1974 and 1978 (940 metres ASL). Marmots were first observed there in 1985. The topography is steep, with numerous talus slopes, boulders and eroded areas that were essentially bare of vegetation when the study began, but which are now dominated by A. sitchensis and regenerating conifers. The Pat Lake site is a steep north-facing bowl surrounding a shallow lake 16 kilometres southeast of the Haley Lake colony and 2 kilometres northeast of Mount Whymper, where marmots occur in several patches of natural habitat. Elevation at Pat Lake is 920 metres. The site was clearcut between 1978 and 1979. Marmots were first discovered there in 1985. As with Vaughan Road, vegetation is a complex of regenerating conifers, Alnus thickets, shrubs, grasses and Lupinus and Anaphalis-dominated communities. The Sherk Lake site is a south facing slope at 980 metres elevation on the southern flank of Mount Landalt. The area was logged in 1977, and marmots were first reported there in 1991. The site is 0.9 km distant from, and 260 metres lower than, a site where a small colony exists in natural habitat.


Trapping, handling and mark-recapture

Marmots were trapped using Havahart model 1079 single-door traps (Woodstream Corporation, Littitz, PA) baited with peanut butter. Because M. vancouverensis is endangered, recaptures were avoided unless necessary to replace missing ear-tags or verify reproductive status. All trapping was done with field personnel in attendance. Handling methods have been described by Bryant (1990, in press).

Data compilation and analysis

To estimate annual population sizes, I began with the maximum annual count of adults and juveniles as measures of abundance. Average abundance of adults and juveniles was calculated for each colony across years, and if the site was actually surveyed in a given year, these data were included in the sum of "expected" numbers. Annual count results from individual colonies were then totalled and observed:expected ratios were calculated (Bryant & Janz in press). Finally, I estimated "probable" marmot numbers by applying a correction factor based on the average number of counts made per site, and the regression between number of counts and animals observed (Bryant & Janz in press). In practice, the correction multiplier for adults varied from 1.31 to 1.85 (average = 1.47), and for juveniles a constant 1.25 correction multiplier was used. It is impossible to correct count data for individual colonies, simply because a single observer, on a single day in good weather, might see all animals present, or see none at all.

Population sizes given for intensively-studied sites were based on >5 annual counts, and included a large proportion of ear-tagged animals. Sampling effort at intensively-studied colonies was recorded in terms of field-days (a visit to a colony by 1 or more persons on 1 day), person-days (1 person on site during a morning or evening session in good weather) and trap-days (1 trap used at one site during 1 day, regardless of how many times the trap was moved among placements).

Age and sex-specific survival was estimated using standard life-table methods and presented as standardized survivorship (Caughley 1977). My data include dispersal and thus underestimate actual survi-val rates. Because sample sizes of tagged infants were small, I estimated infant survival rates by comparing counts of infants observed with counts of yearlings observed 1 year later. Re-sightings of marked animals were used to estimate survival rates for other age-classes (Bryant in press).


RESULTS


Reliability of population data

Counts underestimate actual marmot abundance. Based on counts at colonies where true population sizes were known with some certainty, average single-count performance was 54%. Two or 3 repeated counts are needed to account for most adults actually present. For most site-year combinations, observers probably counted 66-78% of adults, and 75-89% of juveniles. Despite underestimation, data from non-intensively studied sites are internally consistent, and reflect trends in abundance.

Population trends

Observers counted a maximum of 105 marmots in 1995, including 19 juveniles. This figure can be directly compared with the 235 animals (68 juveniles) counted in 1984, a year which received similar count effort (152 counts at 40 sites in 1995 versus 101 counts at 37 sites in 1984). Marmots have declined in abundance and in the incidence of occupied habitats since the mid 1980s. Even allowing for significant underestimation, the current (1995) population apparently contains 100-200 animals, including 50-100 animals in recently logged habitats (Figure 2). I reiterate that this result is not due to sampling effort. Population counts in 1994 and 1995 were the most thorough ever conducted, and included the most sites inspected, the largest number of repeated visits, with the most experienced crews ever fielded. Only two new colonies have been found since the late 1980s (both in clearcuts), despite extensive search efforts made both within the core area of distribution and in areas north of Alberni Inlet.

Populations at intensively-studied colonies fluc-tuated, although most show a decline since the study began (Table 1). Most of the variation in total population size was produced by changing numbers of juveniles and surviving yearlings. On average, 62% of all mar-mots observed at the study colonies from 1987 to 1995 were eventually ear-tagged, representing >13% of the probable population of M. vancouverensis during these years.

Reproduction

Reproductive characteristics of marmots inhabiting natural and clearcut habitats were similar (Tab. 2). I counted 121 juveniles at intensively-studied colonies, with litters of 3 juveniles being most common (mean litter size = 3.36, SD = 0.83, n = 36 litters). The earliest date that infants were seen was June 22, 1988, but most litters (n=29) emerged between July 1 and July 7. Emergence dates were surprisingly synchronous among all study areas and years. Sex ratio of 69 young marmots did not significantly differ from 1:1 ([[chi]]2 = 2.45 with 1 df, p >0.10).

Females can reproduce as 3 year-olds, but mean age of first reproduction was 4.00 (SD = 0.23, range = 3-5). Five females produced multiple litters, including 1 animal which produced 3 litters during the study, and 2 females which produced litters in consecutive years. Cumulatively, these 5 females produced 59% (n = 37) of all infants observed at the natural sites. No female produced more than 1 litter in a clearcut site. Age-specific fecundity was relatively stable with increasing age, and values for natural and clearcut habitats were similar for animals of equal age (Figure 3).

It was impossible to identify male parents, but behavior and small numbers of animals permit some reasonable inferences about social structure. Although numbers of adults were apparently biased towards females, in most years, and for most colonies, numbers of males were sufficient for me to suspect single-male:single-female breeding groups. However, on three occasions, multiple litters were produced at colonies which contained only a single adult male, suggesting that polygamy does occur in this species. Single males produced 2 litters in 1988 at Green Mountain, 2 litters in 1994 at Haley Lake, and 3 litters in 1994 at the newly colonized Sherk Lake site.

Survival.

Using counts of juveniles and surviving yearlings, first-year survivorship was 48% during the study (51 surviving yearlings from 121 juveniles). Based on ear-tagged animals, yearling survival rate (24 of 37 animals survived; 65%) and adult survival rate (89 of 152; 59%) were somewhat higher. Males older than yearlings rarely persisted at the site for more than a single active season, and the maximum observed age was 6 years. Females showed higher persistence and were often resident for several years; maximum observed age was 9 years, with several animals living to be 7 or 8 years.

When age-sex classes were pooled, survival rates were significantly lower in clearcuts (50 of 104; 48%) than in natural meadows (84 of 129; 65%; [[chi]]2 = 6.84 with 1 df, p <0.01). Although small age-specific samples hinder analysis, the overall trend was a 15-20% reduction in survival across all age-sex classes (Figure 4). Females in natural habitats were confirmed alive in 4 oldest age-classes that contained no clearcut females (Figure 3). The essential arithmetic is that colony net reproductive rates (Ro) were much lower in clearcut habitats (Ro = 0.25) than natural habitats (Ro =0.72).

Causes of mortality

Predators eat marmots, at rates that are probably underestimated by researchers. In the course of 611 field days, 3 cases of predation by golden eagles (Aquila chrysaetos), were observed, all apparently involving infants or yearlings. Three cases of adults being killed by terrestrial predators were detected using radio-telemetry. Although it was impossible to confirm the predator species, it was most likely either cougar (Felis concolor) or wolf (Canis lupus). Observers twice reported seeing cougars "stalking" marmots, and cougar tracks were observed near emergence tunnels as early as April 21. A local hunter reported seeing a wolf digging at a hibernacula in November. It is likely that predation events are underestimated.

Unsuccessful hibernation was also important. At least 8 family groups including juveniles disappeared between late August and early May observations. In all cases, habitual "home" burrows showed no evidence of use by marmots in the spring, or were occupied by new, untagged adults exclusively (7 cases in clearcuts and 1 case in a natural meadow). In other cases, adults survived but juveniles disappeared. Juvenile survival was particularly low in 1989-90 (13 of 31 animals), 1990-91, (0 of 8), and 1994-95 (8 of 27). High juvenile survival was observed in 1991-92 (10 of 16) and 1993-94 (17 of 23). My data do not exclude the possibility that some disappearing juveniles dispersed, although I consider this to be unlikely based on the absence of data showing "young" immigrants.

A single research mortality occurred in 1992, after an adult male overheated while being moved prior to implantation of a radio transmitter. A yearling male was killed in 1994 after a trap was set and left open by unknown visitors to the site. At least 3 marmots have been shot by vandals (Janz et al. 1994).


Dispersal

At least 5 tagged marmots dispersed during the study. Two of these were seen at the new site only briefly, and ear-tag numbers were not recorded. Their origin and eventual fate remains unknown. The other 3 animals both moved from the Pat Lake clearcut colony to the Mount Franklin clearcut colony, representing a dispersal movement of 7.4 km. At least 2 animals dispersed as 2 year-olds, and both were still resident on Mount Franklin in 1995. Records of solitary marmots in a variety of low elevation locations (e.g., Coombs, Nanaimo, Franklin River, Union Bay) suggest that even longer movements may not be uncommon (Bryant & Janz in press).


DISCUSSION

Vancouver Island marmots are rare primarily because their natural habitats are small and scattered. Pronounced climatic change and forest succession following the most recent glacial period left only small patches of grass-forb meadow habitat suitable for mar-mots, typically in avalanche bowls or adjacent to talus slopes (Milko 1984). M. vancouverensis may provide a good example of natural "metapopulation dynamics", in which the entire population consists of small colonies located in a matrix of unsuitable forest or alpine habitat (Bryant 1990). I believe that some behavioral attributes of M. vancouverensis, including its high level of social-ity (Heard 1977) and ability to make long-distance dispersal movements (Bryant & Janz in press), are the inevitable result of this evolutionary history.

Logging of forests above 800 metres during the 1960s, 1970s and 1980s created thousands of hectares of potential habitat, much of which offered suitable soil conditions for burrowing, a variety of grasses and forbs to eat, and a abundance of logs, stumps and boulders to serve as lookout spots. This, possibly combined with regional weather conditions that promoted good reproduction and survival rates, allowed marmots to colonize new sites and expand in numbers during the early 1980s (Bryant and Janz in press). However, this did not result in expanded geographic range or, given the amount of newly-created potential habitat, in greatly increased numbers.

The major difference among marmots living in natural and clearcut habitats was reduced survival. In 9 years of field-work at 3 clearcut colonies, no female was observed to produce more than a single litter, and only a single female reached the age of 5 years. Clear-cut habitats do not allow female M. vancouverensis to attain the same lifelong reproductive performance which their counterparts in natural habitats exhibit. I suggest that colonies in clearcuts are maintained by continual immigration of new females, and effectively function as demographic "sinks" (see Pulliam 1988).

M. vancouverensis is now confined to fewer than 15 mountains, mostly on south-central Vancouver Island (Bryant & Janz in press). One interpretation of the current distribution is based on the idea that historically-occupied habitats are no longer suitable because of climatic trends and associated vegetation changes (Nagorsen et al. in press). This hypothesis is the logical extension of Milko's (1984) work, who suggested that invasion of sub-alpine meadows by trees limits marmot habitat, or that marmots could be limited by food availability (Martell & Milko 1986). Under this interpretation, sites formerly occupied by marmots have changed in some qualitative way, and the species is naturally confined to a shrinking geographic region in which suitable climatic and vegetation conditions are found. Evidence for this view includes recent finds of prehistoric bones in at least 5 locations, all well outside the core area of current distribution (Nagorsen & Keddie 1994, Nagorsen et al. in press). The "climatic regulation" hypothesis is consistent with the views of Thomas (1994), who argued that many rare species track environmental conditions, becoming locally extinct where conditions are no longer suitable, and colonizing sites where conditions improve.

The second interpretation of marmot distribution is based on a metapopulation and source-sink perspec-tive (Bryant 1990). Under the "source-sink" hypothesis, historic marmot habitats are vacant because local extinctions have not been balanced by recolonizations. This could occur if the essential ingredient of meta-population structure (successful dispersal or "connec-tivity") has been altered by human activity. Evidence for metapopulation structure in M. vancouverensis includes observations of local population fluctuations, extinctions and colonizations. Evidence for reduced connectivity is equivocal; the idea that newly created but low-quality habitats adjacent to natural meadows impede dispersal is supported by genetic data (Bryant 1990) and spatial concentration of colonization events (Bryant & Janz in press), but contrary evidence show-ing long-distance dispersal in a modified landscape is also available (Bryant in press, Bryant & Janz in press).

Resolution of these competing hypotheses will not be easy. A fundamental problem is the absence of an experimental "control" for work on M. vancouverensis (there is no unlogged watershed in which marmot colo-nies occur, and in which "normal" levels of landscape connectivity can be measured). The climatic hypothesis is also directly untestable. Although methods exist with which to measure habitat stability (e.g., dendro-chronology), it would be impossible to attribute absence of marmots from particular areas to cause-effect relationships based on changing climate.

The question of why marmots no longer inhabit some areas is of fundamental conservation significance. If climatic changes have altered historic habitats, efforts to re-establish colonies will fail and there may be little that managers can do to enhance marmot populations. If, on the other hand, the problem is human-caused alteration of landscape connectivity, then transplants may be a simple and economical means of population enhancement (e.g., Ramousse et al. 1992), and prospects for eventual "recovery" of the species are probably excellent.

ACKNOWLEDGMENTS

Many persons participated in systematic marmot counts, including C. Bryant, L. Campbell, R. Davies, M. deLaronde, D. Doyle, L. Dyck, K. Fry, V. Hiensalu, D. Janz, F. Lockwood, M. Loedel, B. Mason, D. Milne, J. Morgan, C. Ramsay, G.W. Smith, K. Sturmanis and J. Voller. We also thank the many sportsmen, loggers and naturalists who made occasional observations, including T. Chatwin, B. McKinnon, B. Morris, D. Routledge and W. Whitehead.

I am greatly indebted to L. Dyck, D. Milne, and J. Robin, who assisted in the field, and to the Vancouver Island Marmot Recovery Team, who provided unflagging support for research and management of M. vancouverensis. Funding for this study was provided by the B.C. Habitat Conservation Fund, B.C. Ministry of Environment, Lands and Parks, World Wildlife Fund (Canada), Cowichan Valley Field Naturalists Society, Forest Alliance of B.C., and Canadian Wildlife Service. MacMillan Bloedel Limited and Timber West allowed unrestricted access to private property. The Ecological Reserves Unit of B.C. Parks permitted me to trap marmots in the Haley Lake Ecological Reserve.


BIBLIOGRAPHIE / REFERENCES

BRYANT A.A. In press. Reproduction and persistence of Vancouver Island Marmots (Marmota vancouverensis) in natural and logged habitats. Canadian Journal of Zoology.
BRYANT A.A. 1990. Genetic variability and minimum viable populations in the Vancouver Island marmot (Marmota vancouverensis). M.E.Des. Thesis, University of Calgary (Calgary, Alta.). 101 pp.
BRYANT A.A. & JANZ D.W. In press. Distribution and abundance of Vancouver Island Marmots (Marmota vancouverensis). Canadian Journal of Zoology.
CAUGHLEY G. 1977. Analysis of Vertebrate Populations. 1977. John Wiley and Sons (New York, NY), 234 pp.
HEARD D.C. 1977. The Behavior of Vancouver Island Marmots (Marmota vancouverensis). M.Sc. Thesis, University of British Columbia (Vancouver, BC), 129 pp.
JANZ D. C., BLUMENSAAT N.K., DAWE B., HARPER S., LEIGH-SPENCER W. MUNRO & D. NAGORSEN 1994. National Recovery Plan for the Vancouver Island Marmot. Report No. 10, Recovery of Nationally Endangered Wildlife Committee, Ottawa.

MARTELL A.M. & R.J. MILKO 1986. Seasonal diets of Vancouver Island marmots. Canadian Field-Naturalist, 100:241-245.
MILKO R.J. 1984. Vegetation and foraging ecology of the Vancouver Island marmot (Marmota vancouverensis). M.Sc. Thesis, University of Victoria (Victoria, BC), 127 pp.
MUNRO W.T., D.W. JANZ, V. HEINSALU & G.W. SMITH 1985. The Vancouver Island Marmot: status and management plan. B.C. Ministry of Environment Wildlife Bulletin B-39, (Victoria, BC), 24 pp.
NAGORSEN D.W. 1987. Marmota vancouverensis. Mammalian Species, 270:1-5.
NAGORSEN D.W., & KEDDIE G. 1994. Paleo-archeological remains of the Vancouver Island marmot (Marmota vancouverensis); implications for an endangered species. Abstract, American Society of Mammalogists, 75th Anniversary Meeting, June 18-23, Washington, DC.
NAGORSEN D.W, G. KEDDIE & T. LUSZCZ. In press. Archaeological cave bones of the Vancouver Island marmot. Occasional Paper #?, B.C. Ministry of Environment, Lands and Parks (Victoria, BC).
PULLIAM H. R. 1988. Sources, sinks and population regulation. American Naturalist, 132 : 652-661.
RAMOUSSE R., J.P. MARTINOT, & M. LE BERRE 1992. Twenty years of re-introduction policy of alpine marmots from the national park of La Vanoise (French Alps). In: Proceedings of the 1st International Conference on Genus Marmota, Bassano, B., P. Durio, U. Gallo Orsi and E. Macchi (editors), (Torino, IT), 171-177.
SWARTH H.S. 1911. Two new species of marmots from Northwestern America. University of California Publications in Zoology, 7: 201-204.
THOMAS C.D. 1994. Extinction, colonization and metapopulations: environmental tracking by rare species. Conservation Biology, 8:373-378.

A suivre
Forward

Retour à Documents scientifiques du réseau Back to Scientific publications of the network
sommaire/contents