Le caractère pilote de ce projet lui a donné une dimension
hautement expérimentale à tous les niveaux. Au cours des
premières années, il s'agissait surtout de la reconnaissance du
terrain et de l'édification des relations avec la population locale. Le
projet a dû d'abord surmonter la méfiance et
l'incompréhension des paysans vis-à vis de l'intervention des
vahiny ( étrangers) dans la région et vis-à-vis
d'une structure qui renforce la protection (rôle de gendarme) et s'occupe
de développement (appui et aide) en même temps. Le fait que les
paysans ne croient pas aux paroles si elles ne correspondent aux actes et aux
réalisations, a conduit à initier des opérations
concrètes dès que le projet a été mis en
place.
Progressivement, sur la base d'études scientifiques et
techniques consolidées par la pratique en milieu réel ce nouveau
concept de Conservation-Développement a été
élaboré et concrétisé. En huit années, une
large gamme d'activités s'est développée pour
répondre aux objectifs du projet. L'équipe a également
grandi et est devenu de plus en plus multi-disciplinaire et
structurée.
L'approche utilisée jusqu'ici est satisfaisante.Les
résultats obtenus montrent que le lien entre le Développement et
la Conservation des milieux naturels est une démarche réaliste
conduisant à des résultats encourageants. Cette démarche
doit cependant être encore affirmée. Celà demandera du
temps car il nous faudra aboutir à des changements profonds de
mentalité et de comportement des populations qui sont souvent
très isolées et repliées sur des systèmes
autarciques.
Aussi, une période de huit ans est trop courte pour, à la fois,
initier et pérenniser des pratiques d'exploitation des ressources
naturelles, socio-économiquement viables et et écologiquement
acceptables. Il est clair que la continuité des actions sur le terrain,
et la durée de ces activités sont des paramètres à
l'aune desquels seulement, l'évaluation des effets et impacts des
actions menées peuvent se faire.De plus, les difficultés
rencontrées dans le financement du projet ont été des
freins pour une programmation sereine des activités. Ce type de projet
qui n'a pas de retombées financières directes a de plus en plus
de mal à trouver des bailleurs de fonds dans le conjoncture
internationale actuelle.
Or, un pays comme Madagascar qui a de miltiples priorités n'a pas les
moyens financiers pour soutenir ce type de projet qui ne peut raisonnablement
espérer atteindre ses objectifs en moins de 15 ans. C'est le
délai de financement dévolu au P.A.E.qui devrait se terminer en
2005.
C'est pourquoi, de tels projets doivent songer dès le départ aux
structures de pérennisation qui poursuivront les actions dans la phase
ultime nationale.
Suite aux interventions concrètes sur le terrain et aux contacts
fréquents avec les autorités locales et autres décideurs,
le projet est devenu un plateforme de concertation et conceptualisation
vis-à-vis de la Conservation des ressources naturelles et le
développement de la région. Autrement dit, le projet a
progressivement remplacer le rôle moteur vers un rôle de
catalyseur. Ce rôle catalyseur doit gagner en importance durant la
prochaine phase du projet.
Aussi, notre stratégie d'intervention inclut de nombreux
éléments visant à pérénniser les actions
entreprises par le projet. Certains de ces éléments sont d'ordre
institutionnels, d'autres relèvent de la capacité à
générer des ressources de développement.La
pérennisation du projet impliquera non seulement les
bénéficiaires du projet mais aussi les partenaires du service
public et des privés par leur assistance et leurs activités.
Pour garantir la poursuite et l'extension future des activités
après le retrait du projet, deux types de problèmes doivent
être résolus, à savoir : d'un part l'institutionalisation
des mécanismes du projet qui créent les conditions du
transfert de services et/ou qui fournissent les services de transferts de
technologie et d'une part le caractère d'autofinancement des
activités par la génération de ressources.
En ce qui concerne l'institutionalisation des activités du projet, le
désengagement progressif de l' Etat est une donnée
déterminante. Dans cette perspective, un rôle
prépondérant doit être octroyé aux institutions
rurales participatives. Dans cette perspective les principes de la
non-gratuité des aides matérielles (cédées à
prix coûtant ou à crédit) et de la contractualisation des
actions aussi bien avec les services publics locaux qu'avec la population-cible
sont observés.
Les ONG locales sont aussi impliquées ainsi que le service public dans
la mesure où des pouvoirs accrus seront octroyés au niveaux
décentralisés des institutions gouvernementales. Ceux-ci
devraient alors jouer un rôle décisif dans la pérennisation
de la capacité de service générée dans un premier
temps par le projet.
Au cours des prochaines années, on pourra estimer les impacts du projet
et la pérennisation des acquis pour les bénéficiaires par
l' émergence d'institutions rurales participatives ou d' organismes
privés qui continueront à fonctionner et qui utiliseront les
technologies vulgarisées par le projet..
En ce qui concerne le financement de la poursuite des activités,
après le retrait du projet on ne peut raisonnablement pas attendre du
gouvernement central, dont les priorités sont multiples, qu'il
subventionne des opérations similaires à un niveau significatif.
Une solution au moins partielle à l'autofinancement national de la
poursuite des activités pourrait être trouvée si l'on
admettait que le projet proposé pour la gestion scientifique et
économique des parcs nationaux soit nettement orienté vers la
génération de ressources touristiques.
Une autre possibilité est d'améliorer l'information et
l'accès des ONG nationales et des coopératives rurales aux divers
fonds gouvernementaux ou d'Agences internationales dévolus à des
actions spécifiques
Le défi lancé à la pauvreté et à la
destruction effrénée de la forêt tropicale humide par la
Réserve de Biosphère de Mananara-Nord mérite d'être
soutenu . La perspective qui s' ouvre dans le cadre du PROGRAMME SUD-SUD mis en
oeuvre par UNESCO/MAB, UNU et TWAS est une opportunité pour mettre en
commun tous les efforts, toutes les forces, les potentialités et les
expériences de chaque Réserve de Biosphère des Tropiques
Humides afin de réduire les risques d'échecs et d'atteindre par
le plus court chemin l'objectif d'un développement
socio-économique respectueux de l'Environnement.
Vous pourrez retrouver prochainement la Réserve de Biosphère de Mananara-Nord sur Internet à l'URL: