Les feux de brousse pour le rajeunissement des pâturages brûlent
1.200.000 ha de savane par an et constituent un autre fléau.
Aussi, le pays, presque totalement boisé auparavant, est envahi par une
savane aux sols ferralitiques stériles et soumis à une forte
érosion. Actuellement, le patrimoine forestier national ne couvre qu'une
superficie estimée à 12 millions d'hectares soit près de
21% de la superficie totale du pays, dont 8 à 10 millions d'hectares de
forêt primaire.
Avec ses 5000 kms de côtes, Madagascar a un énorme potentiel en
ressources halieutiques qui devrait être une source de revenu pour le
pays mais il est pour l'instant mal géré. L'exploitation
artisanale, qui s'est pourtant accrue ces dernières années,
souffre de techniques non performantes et parfois destructrices car non
sélectives, tandis que le prélèvement dû aux grandes
pêcheries sont difficilement quantifiables.
Madagascar a une longue tradition en matière de politique
forestière et de protection des ressources naturelles en
général.
Depuis l'émergence de la notion d' Etat à Madagascar, la
protection du couvert forestier a été un souci constant des pouvoirs qui se sont succédés. Le roi Andrianampoinimerina (1787-1810), dans seskabary, déclare que la forêt est un bien
inaliénable. Le Code des 305 Articles publié en 1881 par
la reine Ranavalona II interdisait toute exploitation abusive des produits
miniers et forestiers. Au début du siècle, sous la période
coloniale, après la mise en place d'un service forestier, un
décret a permis la création des premières Aires Protégées. Après l'indépendance, Madagascar a
adhéré à diverses organisations internationales pour la protection de la nature et des ressources naturelles et des mesures ont été prises pour gérer et conserver le domaine forestier
national. A ce jour, il existe 39 Aires Protégées
réparties en 11 Réserves Naturelles Intégrales, 5 Parcs Nationaux (dont Mananara-Nord) et 23 Réserves Spéciales. Le
réseau de ces Aires Protégées représente un
échantillon des écosystèmes terrestres
représentatifs du pays mais leur superficie totale est faible (2,09 % du
territoire national). Des lacunes existent en ce sens que certaines
espèces végétales et animales endémiques et
menacées n'ont pas leur habitat protégé par ce
réseau. De plus, aucun écosystème marin n'est actuellement
protégé si ce n'est le Parc National Marin de la "Réserve de
Biosphère de Mananara-Nord" qui ne couvre que 1000 ha.
Dans tous les cas, même si l'accès est libre dans certaines de ces A.P. (Réserves Spéciales) toute forme d'exploitation est
interdite sans autorisation préalable du Service des Eaux et
Forêts et les contrevenants s'exposent à des peines
sévères. Mais la forêt continue de brûler, les
animaux continuent d'être chassés, ... et il a fallu se rendre à l'évidence que les mesures de protection répressives et
excluant l'Homme étaient inefficaces, et ce d'autant plus que l'Etat
malgache manque de moyens pour faire cesser le braconnage, les coupes illicites
ou les défrichements à l'intérieur de ces zones
protégées. L'élaboration d'une politique claire et
précise de la gestion de ces écosystèmes
protégés était nécessaire afin de sauvegarder le
patrimoine restant.
A partir de 1980, les premiers projets intégrant la population dans une
stratégie intégrée sont mis en place pour revaloriser les
zones dégradées (projet SAVOKA, projet Aménagement des
Vallées Forestières etc...).
En 1984, la Stratégie Nationale de Conservation, basée sur
la Conservation et le Développement durable a été
adoptée. Après la conférence internationale de 1985 qui
s'est tenue à Antananarivo sur le thème "Le développement
durable et la Conservation à Madagascar", le pays a pleinement pris
conscience de ses problèmes environnementaux et de la
nécessité de redéfinir sa politique en matière de
protection de l'environnement. Aidé par la communauté
internationale, le gouvernement malgache a pu se doter des structures
institutionnelles et des moyens adéquats lui permettant de
jeter les bases favorables à la mise en place d'un vaste Plan d'Action
Environnemental (P.A.E.). Le P.A.E a débuté en 1990 et est
prévu pour 15 ans. C'est le plan directeur de la politique
environnementale nationale. Dans le P.A.E. l'Homme, acteur principal, à
la fois responsable et victime de la dégradation de son environnement,
est au centre de la problématique. En effet, seul un
développement harmonieux des communautés rurales basé sur
une gestion durable des ressources naturelles renouvelables pourra garantir la
protection efficace de ces écosystèmes.
En Septembre 1994, un Ministère de l'Environnement a été
créé pour la première fois dans l'histoire du pays.