ETHIQUE ET EXPERIMENTATION ANIMALE


Citation : Ramousse R. 1996. Ethique et expérimentation animale. [En ligne] Dernière mise à jour sept. 2002. http://www.cons-dev.org/elearning/ethic/index.html

Glossaire et compléments

Darwin Erasmus
Médecin et poète, grand-père de Charles Darwin, (Elton, Nottinghamshire, 1731 - Derby, 1802).
Il écrivit un ouvrage sur les Lois de la vie organique, où il émit des idées préfigurant la théorie de l'évolution. Il fut l'ami de Benjamin Franklin. Il examina de nombreux comportements généralement décrits comme instincts et montra comment ils pouvaient être expliqués commme étant le résultat de l'expérience et de l'apprentissage. Zoonomia, 1794; Le temple de la nature, 1803.
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Darwin Charles
Naturaliste (Shrewsbury, 1809 - Down, Kent, 1882). Il mis par écrit les méandres de sa pensée dans quatre carnets, désignés sous les lettres B, C, D et E (Notebooks on Transmutation). En 1872, il publie un traité intitulé L'expression des émotions chez l'homme et les animaux. Il donne une description précise des différentes mimiques du visage, des modifications des attitudes corporelles et des changements physiologiques associées par exemple, à la peur, à la colère, à la joie ou à la honte. Il fut le premier à démontrer l'universalité des expressions et leur continuité entre l'homme et les animaux. Il constate également, que l'émission de sons, l'érection d'appendices cutanés (poils, plumes, écailles), le gonflement d'une partie du corps, la sudation ou encore l'augmentation du rythme cardiaque s'observent chez de nombreux animaux. Pour lui, cette étude comparative confirme "la conception qui fait dériver l'homme de quelque animal inférieur". Il contribua ainsi à humaniser les animaux : "chez les animaux supérieurs, les facultés mentales, quoique si différentes par le degré sont néanmoins de même nature que celles de l'espèce humaine". Aujourd'hui, on reconnaît l'importance de la démarche tout en considérant les analyses de Darwin comme trop anthropomorphiques.

Il est considéré par certains comme un écologue, le darwinisme étant considéré comme une théorie écologique de l'évolution. Cette opinion semble indéfendable pour deux raisons : la problématique darwinienne est centrée sur le processus qui assure la transformation de certaines formes bien définies à l'intérieur d'un certain système de classification (formes systématiques), alors que les écologues considèrent des ensembles de formes non-systématiques; pour Darwin, le vivant est pensé à l'échelle des temps géologiques alors que les pré-écologues cherchent à comprendre les végétations actuelles sans établir de lien transformiste.
Il se proclamait un adepte de la "véritable méthode baconnienne" et a été de ce fait souvent classé comme inductiviste. Il s'est portant moqué de cette méthode, disant que s'il fallait lui être à tout prix fidèle, "on finirait par descendre dans une gravière, compter et décrire chaque caillou".... Il utilisa en fait la méthode hypothético-déductive. Il fut l'un des premiers à rejeter partiellement l'essentialisme, pour qui l'origine du changement véritable ne peut provenir que d'un saut, conduisant des essences anciennes à de nouvelles essences, car l'évolution, pour lui, était graduelle.
Il calcula que la terre devait être âgée de plus d'un milliard d'années pour avoir pu donner le temps aux évolution géologiques et biologiques de se dérouler. Lord Kelvin proclama avec assurance que cette estimation était fausse et que sur la base du calcul des pertes de chaleur et de la taille du globe terrestre, l'âge de la terre ne pouvait pas dépasser 24 millions d'années. Puisque la biologie était une science inférieure, on ne pouvait pas douter du côté où était l'erreur.
Bien que libéral bienveillant et abolitionniste passionné, il parla du temps à venir où l'écart séparant l'homme du singe s'accroîtra par l'extinction prévisibles des intermédiaires comme les chimpanzés et les Hottentots. Membre de l'Académie des sciences de Berlin en 1829.
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dérive génique

Changements d’une génération à l’autre dans la composition génétique (fréquence des gènes) d'une population explicables exclusivement par les effets du hasard et qui prévalent notamment dans les populations à petits effectifs. Elle est cependant, complètement prévisible sur la base de deux données démographiques : le nombre d’individus par population et les échanges migratoires entre les populations.
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Descartes René

Philosophe français (La Haye, Touraine, 1596 - Stockholm, 1650).
Il utilisa la méthode déductive. Il affirma que les lois mathématiques avaient été promulguées par Dieu, de la même manière qu'un roi promulgue des lois dans son royaume. Il développa une théorie logique dans laquelle les méthodes mathématiques étaient utilisées, selon un mode de déduction stricte, pour atteindre à la connaissance rationnelle. Il adopta un système d'explication qui était strictement déterministe et adhéra à la pensée essentialiste.
Il développa les idées d'un dualisme entre le corps et l'esprit et d'une différence entre l'homme et les animaux, qui ont influencé y compris nos conceptions modernes. Les animaux ne possèdent ni le pouvoir de raisonner abstraitement ni conscience d'eux-mêmes. Alors que le corps humain ne relève que des seules lois mécaniques (Traité de l'homme), l'homme dispose d'une âme immatérielle raisonnable. Il s'était prononcé en faveur de l'épigenèse : processus de différenciation des organes au sein d'une semence homogène en fonctions des seules lois du mouvement (De la formation du foetus, publié à titre posthume en 1664). Il avait imaginé une sorte de tourbillon vital animant la semence et produisant les différents organes par centrifugation sur le modèle des tourbillons de sa cosmogonie. Cette explication a été abandonnée par la plupart des cartésiens.
En mathématique, il créa la géométrie analytique (application de l'algèbre à la géométrie des anciens et établit la loi de la réfraction en optique.
Les règles pour la direction de l'esprit, 1628. après la condamnation de Galilée (1633), il renonça à publier son Traité du monde.
Discours de la méthode : Dioptrique, Météores, Géométrie, 1637. Méditations métaphysiques, 1641. Principes de philosophie, 1644. Passions de l'âme, 1649. De la formation du foetus, 1664.
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difficultés liées à l'utilisation de l'éthologie

Les tests comportementaux évaluent, souvent, les fonctions cognitives de l'animal en cours de développement et de l'adulte.
L'utilisation de ces tests soulève de nombreuses questions que je tenterais de poser au travers de deux exemples : importance de la prise en compte de la variabilité comportementale lors de la réalisation et de l'interprétation d'un protocole expérimental (Misslin et al. 1978) et un réexamen des comportements de l'animal en situation de conditionnement skinnérien et lors du phénomène du free-feeding. II peut paraître paradoxal d'utiliser de tels exemples, en effet, le comportement opérant s'inscrit dans une perspective béhavioriste de type stimulus-réponse (S-R) à laquelle l'éthologie objectiviste puis l'éthologie épigénétiste se sont opposés. Mais, ce type de conditionnement est largement utilisé pour tester l'action d'une substance sur les fonctions cognitives de l'animal et il a fait l'objet d'une réévaluation récente chez l'animal (Cuq 1986 ; Gallo & Beauchâtaud 1989).

  1. Importance de la prise en compte de la variabilité comportementale lors de la réalisation et de l'interprétation d'un protocole expérimental
    G. Ungar et al,. à Houston, avaient fractionné et identifié un peptide purifié qu'ils impliquaient dans le codage de la peur acquise de l'obscurité chez les rongeurs (1972).
Les rongeurs tendent en général à se réfugier dans un endroit obscur. Cette tendance est mise à profit pour un apprentissage d'évitement de l'obscurité. Le dispositif expérimental comprend trois compartiments, dont une "boîte noire". Cette dernière peut être soumise à des décharges électriques permettant de faire acquérir à des rats une aversion de la "boîte noire". Si l'on prépare, à partir du cerveau de ces rats donneurs entraînés, un extrait que l'on administre à des receveurs (en général des souris), les receveurs passent moins de temps dans la boîte noire. G. Ungar en avait conclu au transfert d'un facteur cérébral codant la peur du noir acquise par les donneurs. La purification de ce facteur avait conduit à la découverte a'un peptide de quinze acides aminés que G. Ungar avait nommé "scotophobine" (c'est-à-dire qui provoque la peur de l'obscurité). Mais si l'existence de la molécule et son action sur le comportement ne font guère de doute, certains auteurs avaient soulignés que la scotophobine n'avait peut être pas le rôle spécifique que lui attribuait G. Ungar. D. De Wied et aI. (1973) avaient montré que des molécules de composition voisine de la scotophobine agissaient surtout sur des tâches aversives (indépendamment de toute notion d'obscurité). Miller et al. (1975) avaient trouvé que l'effet de transfert ne semblait se produire que si les récepteurs se trouvaient dans un état de "stress"; dans les autres cas, la scotophobine était sans action. Ces résultats suggéraient que le peptide agissait sur le comportement par une voie tout autre que son action supposée sur la mémoire, par le biais, par exemple, d'une action sur l'émotivité des receveurs.
Cette idée a été confirmée par travail de R. Misslin et al à Strasbourg (1978). Ces auteurs ont pu tester l'effet d'échantillons de scotophobine envoyés par G. Ungar. IIs constatent d'abord la faible reproductibilité des effets : l'expérience n'a réussi clairement qu'une fois sur trois. Mais surtout ils trouvent, à l'aide d'un test d'open-field, des différences dans le niveau d'émotivité des sujets receveurs soumis à l'injection de scotophobine. Ainsi, comme le font remarquer ces auteurs, puisque "des animaux plus émotifs passent plus de temps dans le compartiment sombre, l'effet de la scotophobine qui réduit la réactivité émotionnelle peut expliquer le raccourcissement du temps passé dans la boîte sombre". Cette remarque est d'autant plus importante que G. Ungar, pour se mettre dans de meilleures conditions pour son fractionnement, sélectionnait des souris receveuses qui passaient beaucoup de temps dans l'obscurité; il travaillait donc sur des souris plus émotives que la moyenne. Le travail de R. Misslin montre donc clairement comment l'effet de la scotophobine peut être interprété de façon non spécifique.

    2. Réexamen du free feeding (fig. 27, 33)
    Dans le cas du free-feeding, un rat est conditionné dans la boîte de Skinner où chaque appui est renforcé (renforcement) par une boulette de nourriture tombant dans une coupelle.
    Par la suite, malgrè la mise à disposition d'une nouvelle coupelle remplie de boulettes disponibles dans la cage, le rat conditionné, continue à "appuyer" sur le levier et à consommer la moitié environ des boulettes "en travaillant", au lieu de rester près de la nouvelle coupelle et de s'y nourrir.


Type de boulettes consommées
Rats
Type de nourriture
1
2
3
4
5
Total
CD79727486154465
CAL130687311457442
CD/CAL37%51%50%43%72%51%

Lieu de consommation des boulettes
Rats
Lieu d'alimentation
1
2
3
4
5
Total
CD129140143200197809
CAL800401498
CL/CAL61%100%97%93%89%
Les boulettes prise dans la coupelle en libre accès sont transportées dans la coupelle du distributeur avant d'être consommées.

Dans cette situation paradoxale, l'auteur se pose la question "que fait l'animal que nous observons ?" au lieu "de pourquoi l'animal agit-il ainsi?' Il s'interroge sur l'originalité de la relation de l'animal à son environnement, sur le type de lien que construit le rat entre les événements. Considérant que la description comportementale n'est pas acquise et partant du postulat selon lequel l'animal prend en compte la localisation des éléments importants de son environnement, il émet l'hypothèse que, dans une boîte de Skinner, le rat apprend à manger à l'endroit où se trouve la coupelle et qu'il y retourne, même si ailleurs, se trouve une autre coupelle remplie de boulettes de nourriture. Il réalise des opérations de choix, en notant non seulement le débit des appuis sur le levier, mais aussi le lieu de consommation de la nourriture.
Puis, il inverse, lors du choix, la position des coupelles (la coupelle libre est mise à l'emplacement de la coupelle recevant la boulette après "appui" sur le levier).


Type de boulettes consommées
Lieu de consommation des boulettes
Rats
Type de nourriture
1

2

3

4

5

TotalRats
Lieu de consommation
1

2

3

4

5

Total
CD161453038CD130004
CAL2011992162132291058CAL2162102212162291092
CD/CD + CAL92,6%93,5%97,8%98,7%100%96,2%CD/CD + CAL0,004%0,01%0000,003%

Enfin il donne une position différente aux deux coupelles chaque jour de choix, après un conditionnement pendant lequel on fait varier de façon aléatoire quotidiennement la position de la coupelle du distributeur parmi cinq positions équidistantes du levier.


Répartition des boulettes suivant la coupelle
Rats
Type de nourriture
1
2
3
4
5
Total
CD34471634
CAL2192182052572251124
CD/CD + CAL98,6%98,1%98%97,3%93,3%97%

Dans ces deux situations, l'animal préfère la nourriture libre. On ne peut plus chercher la solution dans les énoncés suivants " le rat préfère travailler" et "l'appui sur le levier procure un avantage à l'animal" ou "manger à la coupelle libre entraîne un désagrément pour l'animal (néophobie)".
De la même façon, une série d'expérimentations est réalisée sur des animaux conditionnés en modifiant après coup la situation initiale de conditionnement et en reprenant l'analyse éthologique des comportements (32 à 38 unités observables et non pas simplement le nombre de boulette obtenues). Les modifications sont les suivantes : rapprochement du levier par rapport à la coupelle, suppression du levier, suppression de la boulette de nourriture, permutation des emplacements du levier et de la coupelle. Dans tous les cas, on observe une perturbation significative des performances des animaux et l'analyse des comportements dans chacune des situations confirme que les emplacements du levier et de la coupelle jouent un rôle considérable. Le système explicatif change et l'on peut considérer que le rat ne prend jamais en compte la relation causale "appui sur le levier-boulette", mais qu'il relie un comportement alimentaire dans la zone du levier (exploration olfactive alimentaire) à la même activité dans celle de la coupelle.
Le rat n'émet pas seulement la réponse auquel s'attend l'expértimentateur, c'est-à-dire, l'appui sur le levier.Perturbations marquées
Augmentation des comportements d'exploration, en paticulier, ` l'emplacement antétieur du levier.

Perturbations moins nettes qu'en B. Nombreux comportements à l'emplacement antérieur du levier.Les comportements s'exprimant au niveau du levier le sont à son emplacement antérieur, de même pour ceux de la coupelle.

Ce type d'analyse alternative de la situation de Skinner permet de reconsidérer les relations qu'établit l'animal avec son milieu, relations à partir desquelles l'animal met en place ses représentations internes.
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DL 50

DL : dose léthale à 50%. Test de toxicité, mis au point dans les annnées 1920, qui donne une estimation statistique de la quantité de produit qui tue la moitié d'une population animale. Il semblerait n'y avoir aucune raison statistique valable pour justifier ce chiffre (voir G. Thérien). On utilise maintenant des cultures de celules (surtout du foie) pour remplacer ce test.
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DE 50

DE : dose efficace. Test de toxicité qui recherche la quantité de produit provoquant des effets nuisibles, mais non mortels, chez 50% des individus d'une population.
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droits de l'animal

André Géraud 1924
La Déclaration des droits de l'animal, première partie, chapitre 1.

La Déclaration des Droits de l'Homme, en date du 26 août 1789, proclamait, dans son article premier : Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. S'inspirant de la même pensée et reproduisant la même formule, la Déclaration des Droits de l'Animal, du XXe siècle, doit proclamer, à son tour: Égales devant la joie et devant la souffrance, toutes les créatures animées naissent libres et égales en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune ou pour leur bien personnel. L'esprit de ce projet de règle sociale est assurément identique à celui qui animait nos aieux de 1789 : la Morale est une : il n'y a pas deux morales, l'une, à l'encontre des faibles, l'autre, à l'avantage des forts. Le degré d'intelligence des animaux est inférieur au nôtre, c'est entendu ! Mais nous ne réclamons pas, en leur faveur, tous les droits sans exception que l'on accorde aux hommes, l'accès dans les assemblées délibérantes, par exemple. Nous demandons seulement que, sur tous les points de ressemblance entre l'homme et l'animal, l'un et l'autre soient traités sur le pied d'égalité.

En d'autres termes, tout comme Rousseau, dans son Contrat Social, nous n'entendons pas, par le mot d'égalité, que les degrés de puissance et de richesse soient absolument les mêmes, mais nous estimons que le futur pacte social doit substituer, - comme on l'a fait pour l'homme -, une égalité morale et légitime à ce que la nature avait pu mettre d'inégalite physique entre les créatures animées et que, malgré leur inégalité en force ou en génie, elles doivent devenir toutes égales par convention, et de droit .
Le sens de cette égalité ainsi établi, il n'est pas difficile d'expliquer les fondements sur lesquels elle s'appuie. Ici encore, nous nous rencontrons avec les penseurs des XVIIe et XVIIIe siècles, chez qui il faut rechercher les origines de la Déclaration des Droits de l'Homme de 1789. Pour eux, comme pour nous, les qualités du corps et de l'esprit ne confèrent aucun avantage : les personnes les plus disgraciées de la nature peuvent prétendre aussi légitimement que celles qui en sont les plus favorisées à une jouissance paisible et entière des droits communs à tous les hommes. Supposons qu'un fâcheux accident ait privé votre voisin de maison de la faculté de parler : s'ensuit-il que cette infériorité regrettable, indépendante de sa volonté, doive le diminuer à vos yeux ? Si donc telle ou telle faculté de l'animal se trouve totalement abolie, par rapport à la vôtre, considérez-le, sur ce point, comme nul et non avenu, mais si votre raisonvous crie, ô homme, que, devant le coup de bâton de son maître, l'épiderme de la bête y est aussi sensible que le vôtre, je crois de votre impérieux devoir de ne point le maltraiter,tout comme vous feriez pour votre domestique ou pour votre enfant.




DÉCLARATION UNIVERSELLE DES DROITS DE L'ANIMAL
UNESCO, 1978



PRÉAMBULE

Considérant que tout animal possède des droits,
Considérant que la méconnaissance et le mépris de ces droits ont conduit et continuent de conduire l'homme à commettre des crimes envers la nature et envers les animaux,
Considérant que la reconnaissance par l'espèce humaine du droit à l'existence des autres espèces animales constitue le fondement de la coexistence des espèces dans le monde,
Considérant que des génocides sont perpétrés par l'homme et menacent d'être perpétrés,
Considérant; que le respect des animaux par l'homme est lié au respect des hommes entre eux,
Considérant que l'éducation doit apprendre dès l'enfance à observer, comprendre, respecter et aimer les animaux

IL EST PROCLAMÉ CE QUI SUIT:


Article premier

Tous les animaux naissent égaux devant la vie et ont les mêmes droits à l'existence.

Article 2

1. Tout animal a droit au respect.
2. L'homme, en tant qu'espèce animale, ne peut exterminer les autres animaux ou les exploiter en violant ce droit ; il a le devoir de mettre ses connaissances au service des animaux.
3. Tout animal a droit à l'attention, aux soins et à la protection de l'homme.

Article 3

1. Nul animal ne sera soumis ni à des mauvais traitements ni à des actes cruels.
2. Si la mise à mort d'un animal est nécessaire, elle doit être instantanée, indolore et non génératrice d'angoisse.

Article 4

l. Tout animal appartenant à une espèce sauvage a le droit de vivre libre dans son propre environnement naturel, terrestre aérien ou aquatique et a le droit de se reproduire.
2. Toute privation de liberté, même si elle a des fins éducatives, est contraire à ce droit.

Article 5

1. Tout animal appartenant à une espèce vivant traditionnellement dans l'environnement de l'homme a le droit de vivre et de croître au rythme et dans les conditions de vie et de liberté qui sont propres à son espèce.
2. Toute modification de ce rythme ou de ces conditions qui serait imposée par l'homme à des fins mercantiles est contraire à ce droit.

Article 6

1. Tout animal que l'homme a choisi pour compagnon a droit à une durée de vie conforme à sa longévite naturelle.
2. L'abandon d'un animal est un acte cruel et dégradant.

Article 7

Tout animal ouvrier a droit à une limitation raisonnable de la durée et de l'intensité du travail, à une alimentation réparatrice et au repos.

Article 8

1. L'experimentation animale impliquant une souffrance physique ou psychologique est incompatible avec les droits de l'animal, qu'il s'agisse d'une expérimentation médicale, scientifique, commerciale ou de toute autre forme d'expérimentation.
2. Les techniques de remplacement doivent être utilisées et développées.

Article 9

Quand l'animal est élevé pour l'alimentation, il doit être nourri, logé, transporté et mis à mort sans qu'il en résulte pour lui ni anxiété ni douleur.

Article 10

1. Nul animal ne doit être exploité pour le divertissement de l'homme.
2. Les exhibitions d'animaux et les spectacles utilisant les animaux sont incompatibles avec la dignité de l'animal.

Article 11

Tout acte impliquant la mise à mort d'un animal sans nécessité est un biocide, c'est-à-dire un crime contre la vie.

Article 12

1. Tout acte impliquant la mise à mort d'un grand nombre d'animaux sauvages est un génocide, c'est-à-dire un crime contre l'espèce.
2. La pollution et la destruction de l'environnement naturel conduisent au génocide.

Article 13

1. L'animal mort doit être traité avec respect.
2. Les scènes de violence dont les animaux sont victimes doivent être interdites au cinéma et à la télévision, sauf si elles ont pour but de démontrer une atteinte aux droits de l'animal.
Article 14

1. Les organismes de protection et de sauvegarde des animaux doivent être défendus par la loi comme les droits de l'homme.

Texte de commentaire de 18 Déclaration des Droit de l'Animal de 1989, diffusé par la Ligue française des Droits de l'Animal (61, rue du Cherche-Midi, 75006 Paris)
L'ESPRIT DE LA DÉCLARATION UNIVERSELLE DES DROITS DE L'ANIMAL

La Déclaration universelle des Droits de l'Animal a été proclamée solennellement le 15 octobre 1978 à la Maison de l'Unesco à Paris. Elle constitue une prise de position philosophique sur les rapports qui doivent désormais s'instaurer entre l'espèce humaine et les autres espèces. Cette philosophie, qui s'appuie sur les connaissances scientifiques les plus récentes, exprime l'égalité des espèces face à la vie. A l'aube du xxème siècle, elle propose à l'humanité les règles d'une éthique biologique. L'idée d'un égalitarisme universel n'est pas nouvelle : on la reconnaît dans des civilisations bien plus anciennes que la civilisation occidentale, et dans des religions bien différentes des religions judéo-chrétiennes. Mais cette éthique devait être exprimée avec clarté et fermeté dans le monde actuel, déjà trop perturbé, menacé de destruction et où violence et cruauté explosent à chaque instant. Si l'homme a pu établir peu à peu un code de droits pour sa propre espèce, il ne dispose cependant d'aucun droit particulier en regard de l'univers. Il n'est en effet que l'une des espèces animales de la planète, et l'une des plus récemment apparues. La vie n'appartient pas à l'espèce humaine, l'homme n'en est ni le créateur, ni le détenteur exclusif, elle appartient tout autant au poisson, à l'insecte, au mammifère, à l'oiseau, comme aux végétaux. L'homme a créé dans le monde vivant une hiérarchie arbitraire qui n'existe pas naturellement, en ne prenant en compte que son usage propre. Cette hiérarchie anthropocentrique a conduit au spécisme, lequel consiste à adopter une attitude différente selon les espèces, à detruire les unes en protégeant les autres, à déclarer certaines utiles et d'autres nuisibles ou féroces, à réserver l'intelligence à l'homme pour n'accorder à l'animal que l'instinct. C'est le spécisme qui a conduit l'homme à penser que l'animal ne souffrait pas comme lui-même, alors que tout ce que l'on sait actuellement démontre au contraire qu'il souffre physiquement comme nous, et que sa pensée, liée à la présence d'un système nerveux centralisé, est bien plus élaborée que les neurosciences ne le laissent encore entrevoir, ce qui l'amène aussi à souffrir psychiquement. Ces aptitudes confèrent aux animaux des droits particuliers, par rapport aux végétaux. La Déclaration universelle doit aider l'humanité à se retrouver en harmonie avec l'univers. Elle n'a pas pour but de lui faire retrouver le mode de vie des tribus primitives. Elle constitue une étape visant à amener l'homme au respect de la vie sous toutes ses formes, pour le bien de toute la communauté biologique à laquelle il appartient et dont il dépend. Elle n'a nullement pour objet, et ne doit pas avoir pour conséquence de faire oublier la lutte contre la misère humaine, contre la souffrance morale ou physique, contre l'égoisme forcené, les internements politiques, la torture. Au contraire, il s'avère que veiller au respect des Droits de l'Animal, c'est nécessairement veiller aussi au respect des Droits de l'Homme, car les uns sont inséparables des autres. C'est donc bien une philosophie, une éthique biologique, une conduite morale que la Déclaration universelle propose à l'humanité, en conduisant celle-ci, par une réflexion et une profonde prise de conscience, à retrouver sa place parmi les espèces vivantes, et à s'intégrer à nouveau dans l'équilibre naturel, condition fondamentale de sa propre survie. Ceci signifie que l'espèce humaine doit modifier son mode actuel de penser, et renoncer à l'anthropocentrisme, comme à tout comportement zoolâtrique, pour adopter enfin une conduite et une morale centrées sur la défense de la vie, et donner la priorité au biocentrisme. C'est en cela que la Déclaration universelle des Droits de l'Animal constitue une étape importante dans l'histoire de l'intelligence humaine et de la morale.

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Table des matières1. Introduction
2. Ethique 3. Animal / Animaux
4. Expérimentation animale et Vivisection5. Animal de laboratoire
6. Animal : être sensible7. Le modèle comportemental
8. Statut juridique de l'animal9. Conclusion


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Ramousse